Le point sur le poids

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Weighing up the options - Light-weight watches
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Comment faire léger, sans perdre en prestige et rester solide. Cette équation fait avancer toute l'horlogerie contemporaine. Etat des lieux de la masse des montres.

Dans toutes les catégories sportives, le poids est l'ennemi de la performance. A la recherche d'une fonctionnalité supérieure, d'un porter plus agréable et aussi d'une meilleure différenciation, de nombreuses marques horlogères se sont lancées dans la course à la légèreté. Elle dure depuis près de quinze ans et ne connaît pas de pause. Sur le front des métaux comme des matériaux composites, la chasse au gramme superflu est ouverte.

Le point sur le poids

Avant tout, il est important de préciser que cette course au poids plume va de pair avec une inflation des volumes et des fonctionnalités. Une petite montre en acier de 34 mm sur un bracelet en nylon pèse dans les 50 grammes, un poids que bien des marques présenteraient comme un record. Or ces marques sont plutôt actives sur le créneau de la montre ultra-sportive de 45 mm de diamètre avec mouvement automatique, et ce genre de spécimens dépasse facilement les 150 grammes. C'est donc pour adoucir la charge liée au design contemporain que de nouveaux alliages et matières sont recherchés. Par exemple, la Graham Chronofighter Oversize Superlight Carbon est un colosse. Elle pèse 96 grammes grâce à un boîtier en composite renforcé aux nanotubes de carbone. Exemple inverse, une Cartier Santos-Dumont, pourtant grande et en or rose, ne pèse que 70 grammes, parce qu'elle est extrêmement fine.

Le point sur le poids

Parlons de poids brut, celui des matières mêmes. L'acier le plus couramment utilisé en horlogerie, celui qui compose la majorité des boîtiers, est de type 316 L. Il pèse 8 g/cm3. Le titane, 4,5. Enfin, l'aluminium 2,7 g/cm3. Ce dernier est donc très recherché, mais le problème est qu'il est tendre. Même si on le protège contre les rayures, il se déforme avec les chocs. Alors il est souvent couplé à d'autres métaux, plus techniques, plus difficiles à mettre en œuvre, comme le magnésium ou le zirconium (oui, c'est un métal!). Mais lorsque l'on réussit à durcir sa surface, par des traitements thermiques ou chimiques, on atteint des résultats exceptionnels. La F-P. Journe Octa Sport fait 53 grammes tout compris, grâce à un alliage d’aluminium utilisé dans le mouvement et pour le boîtier.

Le point sur le poids

Or les alliages ne sont pas la seule voie d’accès à la légèreté. Les composites et les céramiques sont tout aussi efficaces, voire plus. Cependant, leur coût de mise en œuvre peut se révéler très élevé. Mais l'avantage est que ces matières s'attaquent au problème là où il est le plus pesant: sur les boîtiers. Car en matière de poids, le mouvement est plutôt léger, surtout si l'on prend la peine de l'alléger encore en le squelettant. Et encore un peu plus en renonçant à l'automatique, dont la masse oscillante reste, comme son nom l'indique, une masse.

La céramique technique utilisée en horlogerie est plutôt légère. La plus répandue, le dioxyde de zirconium pèse 5,89 g/cm3. L'oxyde d'aluminium 3,97 g/cm3. Et malgré cela, les montres en céramique ne sont pas vendues pour leur poids réduit, et pour cause : comme la céramique est dure, on l'utilise pour des montres sportives, massives, où atteindre des records est difficile. Toujours la même équation.

Quant aux composites, ils ont le vent en poupe, car ils sont d'une variété infinie et utilisés dans de nombreuses industries de pointe. Un composite est composé (d’où son nom) de plusieurs matières dont les propriétés et les avantages se cumulent. Typiquement, il s'agira de la rigidité de la fibre de carbone avec la solidité et la dureté d'un plastique. Dans les cas les plus extrêmes, ce dernier sera du PEEK (ou polyétheréthercétone) qu'utilisent Panerai et Hublot. Mais d'autres composites sont utilisés. Par exemple, le Ceratanium d'IWC est un CERMET, un composite où une matrice structurelle d'aluminium est remplie par de la céramique. Les exemples sont quasi infinis.

Le point sur le poids

Le plus efficace est de cumuler les forces. De chasser le poids partout et par tous les moyens. La Richard Mille RM27-01 utilise un calibre squelette en suspension, qui se passe quasiment de platine. Le boîtier est en composite chargé aux nanotubes de carbone, Le mouvement pèse 3,5 grammes avec son tourbillon et la montre entière se contente de 19 grammes. En utilisant du carbone chargé au graphène, le Graph TPT, la RM50-03 McLaren, un tourbillon chronographe rattrapante de 44 x 50 x 16 mm, n'affiche que 40 grammes sur la balance. Le poids est alors inversement proportionnel au tarif. Mais ce n'est pas une fatalité. Rappelons un exemple massivement produit : la Swatch Sistem51 est en plastique, automatique, Swiss Made, pèse 43 grammes et pour seulement 150 Frs.

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