La réalité au quotidien

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The real-world view - Smart watches
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Expérience vécue pendant Noël par des geeks d'âges différents avec leurs objets connectés.

L’année passée à cette même époque, on assistait au volte-face de la plupart des experts de l’industrie horlogère. Après avoir purement et simplement rejeté la montre connectée, voilà qu’ils commençaient à l’adopter. Coïncidence, c’est à peu près au même moment que l’industrie horlogère suisse faisait de même.

A part un ami informaticien geek qui possède une Pebble et un journaliste arborant une Apple Watch « uniquement à but de recherche », le peu de personnes que j’ai vues porter une montre connectée ne me permet ni d’évaluer la taille du marché, ni de demander à nos contributeurs des comptes-rendus impartiaux.

Par contre, chez les O’Neil, Noël nous a fourni l’occasion d’expérimenter en réel la façon dont les montres intelligentes et les objets connectés en général sont utilisés et perçus. Objet de cette expérience non-scientifique, la famille O’Neil peut être considérée comme une famille standard, vivant dans une maison standard d’un quartier standard de la périphérie d’une ville anglaise moyenne (laissons de côté le fait que deux de ses membres vivent et travaillent le reste de l’année en Suisse).

Les résultats de nos observations se résument ainsi :

Frank O’Neil (le père) porte un podomètre assez simple d’utilisation même pour ma grand-mère de 85 ans : « Je suis allé au village pour acheter le journal et j’ai fait 3000 pas ».

smartwatches dad's pedometer

Paul O’Neil (le fils aîné) porte un bracelet connecté Jawbone UP3 à un poignet et une montre à l’autre: « J’ai dormi 7h et 38 minutes, dont 53 minutes de sommeil paradoxal (REM), 3h45 de sommeil profond et 3h de sommeil léger. Au réveil, mon rythme cardiaque était de 66 battements à la minute, alors que la moyenne sur les 7 derniers jours de mon cœur « au repos » était de 71 battements. Les deux séances de jogging sur terrain quasi-marécageux faites lors de courtes éclaircies pendant ces deux semaines de déluge, m’ont permis de brûler quelques milliers de calories ».

smartwatches paul's Jawbone up3

Mark O’Neil (le cadet) : « Je ne porte pas ma montre. Elle est en charge ». Je sais que mon frère va me maudire pour ça, mais c’est pourtant ce qu’il m’a dit à deux reprises quand je l’interrogeais, et la seule fois que je l’ai vu utiliser une des fonctions de sa montre (y compris l’heure), c’était pour lire un SMS de sa petite amie lui confirmant l’heure de son vol pour venir nous rejoindre autour de notre traditionnel repas de Noël. Pour jouer franc jeu, j’ai envoyé un brouillon de cet article à mon frère qui m’a répondu que ce n’était pas tout à fait juste. « J'ai beaucoup utilisé ma montre quand tu n’étais pas là », m’a-t-il expliqué, «principalement pour lire l’heure et compter mes pas et les distances de marche, mais aussi pour la météo et les messages ».

smartwatches mark's samsung

Quoique simpliste, cette observation touche le coeur du sujet. Comme le téléphone avec lequel elle doit obligatoirement être synchronisée, la montre connectée a une autonomie de quelques jours au mieux (exception faite de l’Horological Smartwatch de Frédérique Constant, qui n’a pas d’écran digital à alimenter). De fait, elle passe beaucoup de temps sur son chargeur. Mon bracelet connecté, quant à lui, fonctionne environ une semaine avant d’avoir besoin d’être rechargé. Il se synchronise automatiquement à mon téléphone tout au long de la journée sans me déranger et me rappelle à l’ordre par une douce vibration quand je reste trop longtemps inactif (comme je l’étais en rédigeant cet article). Mais, fondamentalement, je peux le porter en plus d’une montre, plutôt qu’à la place d’une montre.

Après que Fitbit, le fabriquant du plus populaire des « fitness trackers » a présenté sa montre connectée au CES de La Vegas de cette année, l’action de la société a dégringolé de 18% !  Les consommateurs peuvent bien réclamer à cor et à cri la nouvelle TAG Heuer Carrera Connected, il n’empêche que cette réaction des investisseurs suggère que le marché de la montre connectée pourrait bien avoir déjà atteint son point de saturation.