Comprendre le sertissage horloger

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Comprendre le sertissage horloger - Métiers d’art
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En joaillerie, le sertissage révèle des pierres qui sont, seules, l’attrait du bijou. En horlogerie, il ne sert qu’à valoriser la montre. Il a donc dû s’adapter à ses contraintes de volume et de forme.

On offre aujourd’hui un fond saphir aux montres pour pouvoir en admirer le mouvement. C’est probablement la dernière frontière esthétique entre horlogerie et joaillerie : en horlogerie on expose l’envers du décor ; en joaillerie, l’envers de la pierre devra toujours rester caché.

Un but, dix chemins


Pour valoriser ce sertissage sans en révéler la mécanique, il existe différentes méthodes. Pour faire simple, deux voies sont possibles. La première, le sertissage le plus discret possible, voire invisible. La seconde, celle d’une pièce qui, au contraire, voudra valoriser autant la pierre que le métal et offrira un ancrage apparent.


En horlogerie, la première voie domine. Faute d’un espace suffisant, on ne verra quasiment jamais de serti clos, qui consiste par exemple à rabattre une lamelle de métal sur la pierre. On trouvera également assez peu de serti griffe, pour lequel chaque pierre est littéralement tenue entre plusieurs griffes proéminentes qui viennent le coiffer. Très utilisé pour les solitaires, cette technique n’a que peu lieu d’être en horlogerie. Tout au plus, on y trouvera du serti grain, technique assez similaire mais où l’ensemble est miniaturisé : de nombreuses petites pierres sont maintenues par de fines griffes rapprochés les unes des autres, ce qui donne un effet plat et harmonieux, plus connu sous le nom de « pavé », une expression consacrée depuis que l’on parle de montre « pavée de diamants ».

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Il existe en parallèle un sertissage assez répandu en horlogerie : le serti rail. Dans ce cas de figure, les pierres sont simplement glissées entre deux rainures parallèles ayant l’aspect de petits rails. C’est une technique que l’on retrouve ainsi sur les flancs d’une carrure tonneau avec des pierres taillées en baguette.

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Enfin, on ne saurait parler de sertissage horloger sans parler de Van Cleef & Arpels et de Cartier : depuis 1933, ces maisons ont breveté le serti mystérieux, aussi dit serti invisible. Son principe : les pierres de forme baguette sont entaillées d'une gorge destinée à recevoir la monture métallique. Cette gorge est disposée de telle sorte que la monture est dissimulée à l'intérieur des pierres une fois qu’elles sont positionnées côte à côte.

Les contraintes horlogères


Contrairement à une parure, une montre se porte au quotidien, peut recevoir des chocs et est exposée à de multiples particules pouvant la salir. C’est d’ailleurs pour cette raison que le serti pavé, si apprécié, n’en est pas moins délicat, car les impuretés se déposent entre chaque pierre et sont particulièrement périlleuses à supprimer.


Ce cas ne se produira pas avec un autre type de sertissage typiquement horloger, le sertissage neige. Sa particularité : l’artisan-joaillier dépose les diamants directement à même la matière et relève le métal sur leurs bords pour les fixer. Il pose chaque diamant l’un après l’autre, côte à côte, pour recouvrir totalement le métal précieux. Les diamants sont donc juxtaposés en jouant sur leurs différents diamètres, compris entre 0.5 et 1.6mm. La sélection des diamants nécessite une grande expertise : les plus petits diamètres doivent pouvoir se fondre dans les boîtiers aux formes les plus audacieuses. La position des pierres est différente pour chaque montre, chacune est donc par définition unique.


Enfin, l’horlogerie offre parfois d’autres contraintes de taille, ou plutôt...de minceur ! C’est le cas des mouvements extra-plats, tels que ceux pratiqués par Piaget. Dans ce cas, le sertissage du mouvement est un problème car il alourdit considérablement des platines dont le but est, au contraire, d’être les plus fines et légères possibles. Malgré cette contrainte, les artisans de la manufacture parviennent à effectuer un véritable sertissage traditionnel."

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Défis d’aujourd’hui et de demain


Au XXIème siècle, le sertissage horloger pourrait bien connaître une mutation : alors qu’il s’était toujours appliqué sur des métaux précieux, voilà qu’on lui offre du carbone, du PVD et autres alliages parfois improbables.


Pour le moment, ce mariage pierres / alliages n’en est qu’aux noces. Hublot a toutefois réussi à sertir une Big Bang en carbone. Le sertissage est un métier d’art qui se conjugue sur plusieurs siècles. Pour une fois, l’horlogerie devra l’attendre.

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