La revanche de l'acier

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The revenge of steel - Material
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Un temps éclipsé par d'autres matières plus techniques, l'acier reprend son statut de métal roi de l'horlogerie. Parce qu'il est accessible, esthétique et après tout, parfaitement noble.

Le titane est plus léger. Le carbone aussi et plus technique encore. L'or a pour lui le prestige, la céramique est inrayable et le bronze a un petit goût de nouveauté... pour un temps. Une vraie foule de matériaux se dispute désormais le droit de devenir des boîtiers de montres. Toutes ces options ont fait de l'ombre à celui qui est, finalement, le plus polyvalent que horlogerie ait jamais connu : l'acier. Gris au naturel, noir si traité, il est inoxydable, incassable, abordable, polissable, satinable, durcissable, accessible, façonnable, résistant, omniprésent... la liste de ses qualités est longue. Et s’il ne peut être qualifié de précieux, il n'en est pas moins noble.
En effet, en horlogerie, ce n'est pas tant la nature d'une chose qui en fait la valeur, mais bien sa transformation par le travail. Il est donc parfaitement logique que l'acier retrouve une place centrale dans les propositions horlogères actuelles. Poussées par la recherche de premiers prix plus bas, nombre de marques qui le dédaignaient l’adoptent. Des modèles autrefois coûteux car uniquement disponibles dans des matériaux plus prestigieux ou techniques, y viennent aussi.

Chopard-LUC-Perpetual-Twin

Ce n'est donc pas un hasard si 2016 est l'année que Chopard a choisie pour lancer sa première montre L.U.C à complication en acier. La Perpetual Twin est ainsi le premier calendrier perpétuel de la marque dans un métal non précieux. La logique est exactement la même chez Girard-Perregaux, qui propose enfin son modèle chic et habillé, la 1966, en acier. Elle passe ainsi sous la barre symbolique des 10 000 €, que ce modèle dépassait depuis toujours. Ce seuil psychologique est également franchi par Ulysse Nardin. Sa Classico Manufacture arrive loin en-dessous et ce malgré son magnifique cadran en émail grand feu blanc et son mouvement de manufacture automatique.

Ulysse Nardin-Classico-Manufacture

Accessible est un concept tout relatif en horlogerie, mais l'acier est capable de faire sentir son économique présence sur des montres coûteuses, voire exorbitantes. Par exemple, Bovet l'utilise pour son modèle 1930. Elle reste exclusive, c'est une Bovet. Et elle embarque un calibre pensé et fabriqué par la marque. Mais le tarif pratiqué est bien en dessous des habitudes de celle-ci. Idem pour la nouvelle Quai de l'Ile de Vacheron Constantin. Avec son calibre automatique 5100, elle devient premier prix des montres dotées du Poinçon de Genève, un plancher que Vacheron Constantin n'avait pourtant pas vocation à atteindre.

Bovet-1930-Dimier Vacheron constantin quai-de-l'ile

C'est bien le lot de la quasi totalité des marques : elles diminuent le coût de ce qui compose leurs produits, au besoin en les simplifiant. C'est ainsi que Greubel Forsey présente Signature 1. Grande première, cette montre n'est pas dotée d'un tourbillon, ni d'un double échappement ou de toute autre solution techniquement sophistiquée visant à atteindre des sommets de chronomètrie. Elle n'en reste pas moins une Greubel Forsey et à ce titre, dépasse encore les 200 000 francs suisses, largement à cause de son mouvement intégralement nouveau, de son niveau de finition totalement exceptionnel, et aussi de la nature même de la marque, qui ne sait rien faire à moitié. Parmi les 66 exemplaires prévus de ce modèle, 33 sont en or gris ou rose et en platine tandis que 33 autres seront en acier. A la clé, une économie de l’ordre de près de 40 000 francs. Merci l'acier !

greubel-forsey-Signature-1