Aluminium : un métal pas si tendre

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Aluminium: not always the ‘softie’ some may think - Material
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Léger mais mou, l’aluminium a su se faire une large place en horlogerie, grâce à une série de modifications chimiques intelligentes. Portrait d’un métal à la surface modelable.

L’aluminium a tout pour lui, ou presque. Il est 75% plus léger que l’acier et 40% plus que le titane. Il possède un éclat blanc froid unique et est insensible à la magnétisation. En prime, il est facile à usiner et inoxydable, ou plus exactement, il est recouvert d’une couche d’oxyde naturel qui le protège. Le seul problème de ce métal est la raison pour laquelle il est utilisé pour réaliser les feuilles de papier cuisson que nous connaissons tous: il est mou. En le modelant sous forme de tubes ou de poutres, comme le font les constructeurs automobiles qui en font un large usage, on peut le rendre rigide. Mais il reste fragile car il se raye et surtout marque au moindre choc. Une montre ne saurait se retrouver cabossée au bout de quelques semaines. Les propriétaires des premières Bulgari Bulgari Aluminium ou des premières Porsche design des années 70 s’en souviennent…

Pour exploiter pleinement les nombreux avantages de ce métal (dont le prix modique n’est pas le moindre), le petit monde de l’horlogerie a trouvé des parades intelligentes. La première consiste à l’utiliser là où il est protégé. Souvent, c’est pour réaliser des inserts de lunette de montres de plongée, qui sont abritées par un cerclage d’acier. Ou encore à l’intérieur des mouvements de Richard Mille ou d’Audemars Piguet, où il sert pour fabriquer des ponts. En prime, chez le second, l’aluminium peut être éloxé, c'est-à-dire mis en couleur par un processus d’anodisation. Ce processus est justement utilisé par Hamilton pour mettre en couleur (bleu, vert, sable, gris ou noir) les boîtiers de ses Khaki Pilot Pioneer Aluminium, qui ont été préalablement durcies. La seconde solution consiste à renforcer l’alu en créant des alliages mixtes avec le titane, par exemple. Le premier apporte sa légèreté extrême, le second sa dureté extrême. HYT s’en sert pour réaliser le boîtier de sa série spéciale Blue Alumen, qui est composé d’ALUN316B, un mélange d’aluminium, titane, magnésium et zirconium.

 

Hamilton Khaki Pilot Pioneer Aluminum,

 

HYT Alumen Blue

 

Mais la solution la plus surprenante provient d’une des propriétés méconnues de l’aluminium. Il est un composant fondamental de plusieurs céramiques high tech que l’horlogerie affectionne tout particulièrement pour ses nombreuses propriétés, en particulier la résistance à l’abrasion. Dès 2010, Panerai avait trouvé un moyen d’exploiter cette nature de précurseur chimique avec la matière qu’elle a nommée Composite. Corum s’est engouffrée dans la brèche : un boîtier tout usiné en aluminium est plongé dans un bain de plasma où il subit une oxydation contrôlée dans un environnement chargé en particules. Sa surface réagit et se transforme en céramique alors que le reste de la boîte reste en aluminium. Le cœur reste léger, la peau devient inrayable, la solution réunit le meilleur des deux mondes. Dernier avantage, non négligeable, de ce processus, la céramique est 100% dermo-compatible et anallergique, des propriétés que l’aluminium seul ne possède pas.

 

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