Vers la fin des records ?

Image
Record-breakers: an end in sight? - Limits
3 minutes read
Après des années de records en série, les montres ultra fines et ultra légères ont atteint leurs limites physiques. L'enjeu s'est déplacé sur leur démocratisation.

Est-ce le dernier qui a parlé qui a raison ? En matières de records horlogers, cela a longtemps été le cas. Les cinq années écoulées ont été le théâtre de batailles épiques entre marques spécialisées dans les records, et ce dans deux domaines. La légèreté a mobilisé des outils et des matières jusque-là inédits. La finesse des boîtiers a poussé jusqu'à la rupture leur solidité. Le concept même de records a été étiré à l'extrême, les nouveautés revendiquent ce titre ayant eu tendance à l'obtenir grâce à une diminution de quelques centièmes de millimètre. Ces avancées micrométriques et insensées sont désormais apaisées. Comme toutes les avancées horlogères, poids et épaisseur minimes se généralisent. Et surtout, elles se démocratisent à grande vitesse.

Sous la pression d'un marché qui réclame moins d’exploits et plus de raison, cette tendance marque le pas et brille de ses derniers feux. Ce sont parfois les plus brillants, comme dans le cas de l'Octo Finissimo Minute Repeater de Bulgari. Nouveauté 2016, elle illustre l'étendue des savoir faire de la marque dans le domaine des montres à sonnerie. Son mouvement mesure 3,12 mm d'épaisseur et la boite qui le contient n'en fait que 6,85, soit 1,25 de moins que la précédente détentrice du record, produite par Vacheron Constantin. Bulgari était déjà détentrice du record de la montre à tourbillon la plus fine avec seulement 5 mm de hauteur, toujours dans une boite Octo.

Bulgari-Octo-Finissimo-Minute-Repeater

Le record de la montre mécanique la plus fine avait un temps été détenu par l'Altiplano 900P de Piaget, qui avait mis en œuvre des techniques de construction inhabituelles, mais pas nouvelles. Avec ses 3,65 mm d'épaisseur, sa platine était logée dans son fond de boite, éliminant une des couches qui font la montre. A cela, Jaeger-LeCoultre, l'autre grand spécialiste historique de la montre ultra fine, a répondu de manière traditionnelle et en enlevant une fraction d'un cheveu à la hauteur de sa candidate. Sa Master Ultra Thin Squelette ne mesure que 3,6 mm d’épaisseur sans recourir à un quelconque dispositif inventif visant à l'affiner.

Saura-t-on aller plus loin ? Car au-delà de l'exploit, souvent réel, la quête de la finesse plafonne vite au poignet. En effet, l'effet produit par une boite bassinée (plus fine au bord qu'au centre, où elle s'enfonce entre les os du poignet) de 6 mm est parfaitement saisissant. Et rappelons que Montblanc passe en dessous de cette barre avec son Heritage Chronométrie Ultra Slim lancée en 2015: 5,8 mm d’épaisseur facturés au prix tout à fait sage de 1 965 €. Pour aller plus loin, tout dixième de millimètre de gagné se paie au prix fort, parfois très fort.

Montblanc-Heritage-Chronométrie-Ultra-Slim

Côté légèreté, Richard Mille avait très tôt donné le la avec sa RM27-01. Grâce à un boîtier en composite (un plastique haut de gamme) et un mouvement squelette suspendu par des câbles remplaçant sa platine, elle pesait moins de 30 grammes. Difficile à battre, ce record tient toujours. Les avancées sur ce terrain sont nombreuses grâce à la généralisation des composites à base de carbone. Ainsi, Richard Mille a prolongé l'expérience avec la RM35-01. Poids total inconnu, mais on sait que son mouvement pèse 4 grammes.

richard-mille-rm-35-01-rafael-nadal

D'autres passent désormais sous la barre des 50 grammes facilement, autant dire presque rien, et ils le font à des prix de plus en plus accessibles. Ainsi, Rado offre une Hyperchrome Ultralight en nitrure de silicium, une céramique, qui pèse 56 grammes tout compris et facturée 3 000 €. Le nouveau record à venir sera à celui qui proposera une montre tout carbone avec un mouvement en titane pour moins de 2000 €...Doucement, on en prend le chemin.