Vincent Perriard avait prévenu : il y aura une version par an de la HYT Watch, pendant quatre années consécutives. Il l'a dit en 2012, il le prouve en 2013 avec l'arrivée de la H2.
Evénement du précédent BaselWorld, HYT a surpris, décontenancé, désabusé, pris de court ou fait hurler. Certains ont crié au scandale, d'autres, au génie. Loin des jugements péremptoires, l'on s'en tiendra aux faits : HYT est l'une des trois seules marques horlogères, avec Richard Mille notamment, à avoir pré-vendu la totalité de sa production annuelle alors qu'aucune pièce en dehors de la N°0 n'avait vu le jour.
Aujourd'hui, la H2 se réinvente. Destinée en première année à une série limitée de 50 exemplaires, elle sera proposée aux alentours de 80.000 euros et disponible début octobre 2013. Elle vivra sur quatre ans, avec les mêmes volumes annuels (50 pièces) suivant différentes versions, soit un total de 200 pièces. Le principe de lecture fluidique est conservé mais l'architecture mouvement est totalement repensée sur deux plans.
Le premier, le plan esthétique, est la disposition en V des deux pistons, suggérant les blocs-moteurs de bolides terrestres ou aériens. Le rendu esthétique de l'ensemble est d'ailleurs une allégorie à peine masquée à l'univers automobile, que deux nouvelles complications viennent renforcer : l'indicateur de position de couronne à 3 heures, figurant la boîte de vitesse ; celui de température, à 9 heures, figurant sa jauge de température, et son double piston à 45°, un bicylindre en V.
Cette nouvelle esthétique n'a pu se faire que grâce à une refonte complète de la pièce. « Lorsque nous sommes allés voir APRP (Audemars Piguet Renaud et Papi, ndlr) pour travailler sur la H2, nous voulions que le mouvement soit plus visible. Giulio Papi nous a soumis l'idée d'écarter les soufflets. C'était exactement ce que nous recherchions, cela nous a permis de faire ‘entrer' le mouvement. En revanche, il a fallu repartir d'une feuille blanche, tout déconstruire pour tout reconstruire », raconte Vincent Perriard, CEO.
Deux complications inédites
Le second, le plan technique, permet justement l'ajout de ces deux complications inédites.
Cet indicateur de position de couronne comporte trois positions : H pour ‘heure', pour régler l'heure ; ‘N' pour ‘neutre', position de fonctionnement par défaut de la montre ; ‘R' pour ‘remontage', permettant de réarmer le mouvement manuel doté de deux barillets offrant une conséquente réserve de marche de huit jours.
La seconde complication à 9 heures est une aiguille témoin de température de fonctionnement idéal de la montre. En effet, comme tout fluide, celui utilisé par la H2 est sensible à la température extérieure. Trop élevée, elle le dilate. Trop basse, elle le contracte. La H2 est donc potentiellement sujette aux variations de température. Les chercheurs de HYT ont œuvré dès la H1 à réduire cette variable, mais elle reste inhérente au fluide qui anime la pièce. « Ce qui pouvait être vu comme notre faiblesse, nous en avons donc fait notre force au travers de cette complication », indique Vincent Perriard, CEO.
Et HYT inventa la minute sautante
La présence des deux soufflets obliques oblige, comme pour la H1, à avoir un affichage rétrograde de l'heure : arrivé à 18h, le liquide fluorescent revient en position initiale dans un mouvement rétrograde.
En revanche, pour les minutes, la H2 dispose d'une unique aiguille centrale, sculptée pour épouser au mieux les volumes du mouvement. Sa particularité ? Pour passer le rehaut à 6 heures, l'aiguille va littéralement...sauter par-dessus ! « C'est à notre connaissance la première minute sautante à aiguille de l'horlogerie ! », s'amuse Vincent Perriard, CEO. « Nous ne voulions pas de rétrograde car le procédé était déjà utilisé pour les heures. Nous avons finalement eu cette idée tellement évidente que l'on ne la voyait pas : il suffisait de la faire sauter par-dessus ! ».
Au final, cette pièce sera un modèle d'exception dans la future collection HYT. Plus chère, limitée, elle démontre les capacités de la jeune marque. En attendant, l'année prochaine, HYT proposera une H3 que Vincent Perriard et ses équipes ont déjà en tête. Un indice ? « Elle sera plus apaisée ». L'on n'en saura pas plus pour le moment...
