Nato, Bund ou Mesh ?

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NATO, Bund or mesh? - Why not...?
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Le point de vue du collectioneur sur... des bracelets originaux

On l’oublie souvent mais la grande révolution horlogère du début du XXème siècle a été de pouvoir porter sa montre au poignet. Si le travail des horlogers a permis le mouvement de la poche vers le bras, il ne faut pas minimiser l’importance d’un accessoire vital pour que ce changement s’opère : le bracelet.

Sans lui, rien ne serait possible. Si sa conception semble évidente, il mérite pourtant toute notre attention. D’ailleurs, au fil des années, il a pris une dimension toute différente en passant de simple « faire valoir » à celui de véritable « guest star » de nos objets préférés !

En effet, sauf quelques exceptions notables dont nous parlerons un peu plus tard, les manufactures n’ont jamais vraiment accordé d'attention soutenue aux bracelets qui équipent leurs créations. Dans la plupart des cas, hormis noir ou marron, point de salut. Un peu de cuir brillant sur des modèles habillés (quelle horreur !), parfois des déclinaisons en gold ou en bleu, mais rarement quelque chose de bien excitant. Sans parler du manque d’originalité des bracelets métalliques, tristes comme un jour sans pain…

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Pourtant, s’il est un élément de la montre sur lequel la créativité peut jouer, c’est bien le bracelet. C’est surtout le seul sur lequel l’utilisateur peut vraiment « mettre sa patte » ! Car l’influence de cet accessoire sur l’ensemble de la pièce est surprenante. Un changement de couleur ou de matière et c’est toute la montre qui prend une autre dimension.

Il y a quelques années, Cartier l’avait déjà compris en dotant sa Roadster d’un innovant système de changement de bracelet, permettant de passer de l’acier au cuir ou à la toile de voile. Plus récemment, IWC a doté ses Ingenieur et Aquatimer d’un dispositif équivalent. Leur seul problème : ces systèmes d’attache sont spécifiques et empêchent toute possibilité de changement hors des produits proposés par la marque. Seuls quelques géniaux créateurs (par exemple : Atelier du Bracelet Parisien) peuvent fabriquer des bracelets intégrant ces systèmes d’attache.

Il faut rester chez IWC pour voir une tentative de mêler horlogerie et maroquinerie au travers du partenariat entre la marque de Schaffhouse et le bottier italien Santoni, réputé pour ses patines. Mais encore une fois, ces collaborations restent limitées.

Elles ouvrent cependant la porte à d’autres options, amenant les amateurs de bel ouvrage à prendre l’initiative du changement de bracelet.

Pour les aider, plusieurs options existent. Dans le domaine du cuir « classique », il y a d’abord les grands spécialistes du cuir sur mesure que sont ABP ou Camille Fournet. On trouve aussi des dizaines d’artisans qui proposent des créations intéressantes online. Chez eux, la création n’a pas de limite. Cuirs, couleurs, tailles, trous, tout est customisable. Un vrai bonheur.

Dans cette avalanche de possibilités, je souhaitais cependant vous présenter trois bracelets qui reflètent bien la volonté des possesseurs de montres de prendre le contrôle de cet accessoire. Tous sont anciens et ont été remis au goût du jour, avec plus ou moins de succès. Mais on ne peut les ignorer.

 

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Le NATO

Minimaliste, militaire, mince, telles sont les 3 caractéristiques de ce bracelet né d’un cahier des charges anglais datant des années 70. A l’époque, les attentes du MoD (Ministry of Defence) sont claires : équiper les montres en dotation d’un bracelet simple, solide et économique. Le NATO était né et répond aux exigences suivantes : fin (1.2mm), long (pour être porté sur toute sorte de tenues), construit d’une seule pièce, 20mm d’entre-corne, et boucle inamovible.

Il ne fallut pas attendre bien longtemps pour que cet accessoire militaire sorte de l’anonymat. En fait dès 1964, James Bond porte sa Rolex Submariner Big Crown sur un bracelet nylon noir, kaki et bordeaux.

Si vous suivez bien, vous allez vous demander : « Comment James Bond peut-il porter un bracelet NATO en 1964, alors que celui-ci a été inventé en 1973 ? ». La réponse est simple : l’espion ne portait pas un vrai NATO, mais un bracelet de plongée en nylon. La différence ? Le bracelet de plongée est une simple bande de tissu, alors que le NATO a une bande de tissu qui passe entre les cornes et est sécurisé par une seconde bande qui passe sous la montre.

Donc, tout le monde parle encore aujourd’hui du NATO « Bond », alors qu’il n’a jamais existé. Amusant non ? Cependant, ce qui est certain, c’est que le mariage entre Rolex et le NATO dure encore. Aujourd’hui, selon certains chiffres, la Sub est la montre qui bénéficie le plus de bracelets NATO.

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Leurs avantages : ils ne sont pas chers et disponibles en des centaines de combinaisons, permettant de faire varier le look de la montre au gré des envies et des tenues. Désormais les NATO (et leurs déclinaisons Zulu ou US Army – un seul bandeau) sont partout. Au point de donner des idées aux marques horlogères.

Deux exemples mérite d’être cités : le premier, celui d’Omega, qui vient de proposer sa Speedmaster Edition Limitée 2014 sur un magnifique NATO, un des plus beaux du marché. Et la marque de Bienne ne s’arrête pas là puisqu’elle propose désormais toute une série de bracelets parfaitement en phase avec ses modèles historiques que sont la Speed mais aussi la nouvelle réédition de la Seamaster 300.

Le second : Maurice Lacroix, qui propose en ce mois de novembre une Edition Limitée de sa Pontos Diver pour soutenir le mouvement Movember. Ce modèle est équipé d’un NATO en cuir marron de toute beauté, affichant le logo de l’association qui lutte contre le cancer de la prostate.

Le NATO monte donc en gamme et est désormais disponible dans les cuirs les plus précieux, faisant entrer cet accessoire basique dans le petit monde du luxe !
A vous d’essayer !

Le BUND

Le NATO est la star des bracelets militaires. Le Bund reste lui plus « discret ». Et pourtant il ne l’est pas !

Il s’agit en fait d’un bracelet en cuir, qui permet de monter le boîtier sur un support en cuir (rond ou ovale) pour l’isoler du poignet. Il ressemble à un bracelet de force mais a une vraie utilité, aussi militaire. Les pilotes portaient ce genre de bracelet lors de la Seconde Guerre Mondiale lorsque les cockpits n’étaient pas pressurisés ou climatisés. A haute altitude, l’acier des boîtiers gelait et pouvait coller à la peau. En cas de forte chaleur, celui-ci pouvait chauffer et brûler.

Même si ce type de bracelet existait déjà dans les années 1915, son nom vient de la Bundeswehr et fait souvent référence à un modèle particulier : celui qui équipait le fameux chronographe Heuer Bund destiné à l’aviation allemande aux alentours de 1970.

Ce bracelet a aussi connu son heure de gloire grâce à un acteur : Paul Newman. Ce dernier avait pris l’habitude de monter sa Rolex Daytona « Newman » sur un bracelet équipé d’une plaque américaine, qui n’est autre qu’une variante du Bund.

De nos jours, ce type de modèle reste bien plus rare et plus « connoté » qu’un NATO. Il rend la montre plus massive, et occupe le poignet. Il ne va certes pas à tout le monde, mais se marie parfaitement bien avec des montres de petit diamètre. Récemment, Tudor a lancé sa Ranger Héritage et la propose d’ailleurs sur Bund en cuir gold. A vous de voir si vous oserez !

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Le mesh

Cette fois-ci, pas de cuir mais de l’acier.

Le mesh est aussi connu sous le nom de bracelet à mailles milanaises. Il est apparu dans les années 60, et était plutôt un bracelet « de luxe ». Son prix était assez élevé, dû à sa conception par petits maillons qui en faisait un des bracelets acier les plus souples jamais réalisés. Son style est fortement associé aux années 60 et 70. Et ceci a d’ailleurs contribué à sa perte !

Avec le changement d’époque et de mode, le mesh disparut des radars presque totalement ! Trop vieux, trop typé, trop … moche. En plus, de par sa construction, il ne pouvait être adapté à la boîte, créant ainsi un espace entre celle-ci et le bracelet. Pas très joli ! Mais comme souvent, les goûts évoluent.

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Aujourd’hui le mesh « is back », poussé par la mode du vintage. Certaines montres acceptent mieux le bracelet milanais que d’autres. Oubliez le mesh pour les Rolex ou les Panerai, pensez-y pour les Omega. D’ailleurs, c’est en partie Omega qui a relancé le mesh contemporain avec sa nouvelle Ploprof, il y a quelques années. IWC a aussi osé cette option sur sa nouvelle Portofino. De même que Breitling sur sa Superocean, ou Zenith sur sa Pilot El Primero.

Mais pour prouver que le mesh est vraiment de retour et sera une star de 2015, regardez vers Apple. La future Apple Watch sera proposée sur une version geek aimantée de cet ancêtre ! A vous de voir …