La Richard Mille RM 028

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La Richard Mille RM 028 - Et pourquoi pas ?
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Le monde deviendrait-il raisonnable ?




Depuis quelque temps, de nombreux indicateurs montrent que – sous la pression de la crise – la tendance est au retour du modeste. Il ne s’agit plus uniquement d’une crise financière économique, mais bien d’un réel changement d’attitude.

L’ostentatoire se veut plus discret, le médicament plus générique, le patrimoine du ministre plus modeste. L’horlogerie n’est pas en reste. Les boîtiers surdimensionnés se font bousculer de plus en plus par de frêles montres de 40 mm ! L’épaisseur fait place à la finesse, voire à la maigreur.

 

Le moins devient une prouesse technique. La nostalgie du « vintage » permet désormais de se rassurer sur ses valeurs. Et d’acheter une forme de légitimité liée à l’histoire et non plus à l’apparence.

Mais ce mouvement n’est pas le seul. En parallèle, les créateurs continuent d’exister. En marge de la tendance lourde au retour du modeste, subsistent donc des poches de résistances, ou le bien pensant n’a pas voix au chapitre. La règle est ici de casser les codes, oser, et repousser les limites du design et de la technologie. Et cela a un prix.

Ou plutôt - si je devais reprendre les propos des conseillers clientèle formés aux techniques de vente de produit de luxe – une « valeur » …


Le monde de l’horlogerie est donc face à une injonction paradoxale : lier le plus et le moins, oser mais rassurer, se montrer en se cachant.

Mais en ce début de printemps, avec les beaux jours arrive aussi un autre sentiment.

Le besoin d’évasion, la recherche de la couleur, mais aussi l’envie de laisser de côté un peu de la grisaille de l’hiver. L’époque actuelle n’est plus propice à la folie, aux excès qui rendent parfois la vie si agréable.


Alors aujourd’hui, j’ai décidé de vous présenter une montre excessive. Une pièce qui fait le pied de nez au gris ambiant. A une époque de restriction, de contrôle ou de méfiance, cette montre fait office à elle toute seule de provocation. C’est là que réside une partie de son charme.


Les bien-pensants ont cloué au pilori des dirigeants qui portaient à leurs poignets une Rolex, symbole absolu d’un luxe autant superflu que courtisé économiquement. Que diraient-ils s’ils entendaient parler de cette Richard Mille.

Plus qu’un garde-temps, cette pièce est un concept politique à elle toute seule. Elle affirme un parti pris, combat des idées reçues, ouvre le débat, suscite l’opposition ou attise les conflits !


Certes, elle n’est pas la seule dans cette catégorie, mais comme il s’agit d’une montre de plongée, elle colle bien à l’air du temps qui voit les jupes raccourcir, les maillots de bains sortir, et la température du lac se réchauffer.

Alors, osons le rêve et le non politiquement correct. Parlons de la Richard Mille RM028…

 



Pourquoi Richard Mille ?


C’est en 2001 que cet horloger de génie, ancien d’Audemars Piguet crée sa marque. Son parti pris est clair : il veut combiner prouesse technique et esprit artistique. Les pièces qu’il va créer seront reconnaissables entre toutes.

L’horloger rencontre l’architecte, et les créations qui vont sortir des ateliers des Breuleux vont sublimer autant la mécanique que le design. L’ADN de la marque se retrouve dans les fameux boîtiers tonneau incurvés, les calibres aux complications plus proches de la High Tech que de l’horlogerie classique, qui sont dévoilés sous tous les angles. La transparence – valeur clé de ces derniers mois – était déjà très présente dès les origines de la marque.


Mais Richard Mille veut aussi repenser les références du luxe. A une époque ou or et platine rimaient avec produits de luxe, Richard Mille change la donne et introduit de nouveaux alliages et de nouveaux matériaux. Comme un apprenti sorcier, il arrivera même à transformer le saphir cristal en boîtier de montre, tout en lui donnant une valeur bien supérieure à l’or !


Les montres Richard Mille sont inaccessibles pour la quasi-totalité de l’humanité. Mais l’originalité qui sous-tend ces créations, et l’esprit artistique qui transpire de chacun de ces garde-temps ne laissent pas indifférent. A ce titre, ces pièces font rêver.

En ces temps de restriction, il est toujours possible de rêver. C’est gratuit et cela fait du bien.

Alors faisons-le …

 

 


La Richard Mille RM 028 : est-ce bien raisonnable de plonger avec ça …


« Le cœur a ses raisons que la raison ignore ! »

La plupart des créations de Richard Mille reprennent le fameux boîtier tonneau à la construction très complexe. La plongeuse de la marque déroge à cette règle et se dote d’un boîtier rond. Mais, outre ce choix guidé par les normes d’étanchéité, la 028 est une « vraie » Richard Mille.


Son boîtier en titane est à lui seul une œuvre d’art industriel. Construit en plusieurs pièces, il alterne les pleins et les creux, les angles et les courbes. A ce jour, seul Linde Wederlin propose des boîtiers aussi aboutis, et travaillés. Le choix du titane est parfaitement compréhensible compte tenu des dimensions de la pièce (47mm), et de sa vocation sportive. La RM 028 est donc agréable à porter, et pas uniquement sous l’eau. Les cornes du boîtier intègrent le bracelet en caoutchouc, ce qui permet d’adoucir légèrement le design très viril de cette montre.


Comme toute plongeuse digne de ce nom, la RM 028 est équipée d’une lunette unidirectionnelle. Sa particularité vient de son dispositif de blocage. En effet, pour l’actionner, il faut presser simultanément sur le chiffre 30 (à 6 heures en position normale) et l’indicateur triangulaire à 12 heures. Il s’agit en fait de deux poussoirs qui débloqueront la lunette. Il suffit alors d’aligner le triangle sur l’aiguille des minutes et la plongée peut commencer. En relâchant la pression, la lunette et bloquée et la sécurité assurée.


La Richard Mille RM 028 est une montre squelette qui dévoile le splendide calibre RMAS7 au travers d’un cadran en saphir. Il s’agit d’un mouvement automatique doté d’une des nombreuses innovations issues de la manufacture Richard Mille : un rotor à géométrie variable. Cet organe vital peut ainsi être réglé pour s’adapter à l’activité du porteur de la montre. L’inertie du rotor est ajustée grâce à des ailettes en or blanc, ce qui permet d’accélérer ou de ralentir le processus de remontage de la montre.


Le calibre RMAS7 n’offre pas de complications particulières, outre un quantième simple. Ceci correspond parfaitement à la vocation sportive de cette montre. La date se situe à 7 heures, une disposition originale qui vaut la peine d’être notée.

Les chiffres 3, 6, 9 et 12 reprennent le design ajouré propre à Richard Mille.

Les aiguilles sont massives, et se distinguent parfaitement bien, ce qui n’était a priori pas évident. La lisibilité est en effet un critère important pour toute montre de plongée. Or, la présence d’un mouvement squeletté et d’un cadran saphir ne vont pas dans le sens de la simplicité que l’on retrouve dans les plongeuses « classiques ». Mais la RM 028 ne tombe pas dans ce piège et s’avère lisible même sous l’eau. Ce qui n’est pas forcément le cas des chiffres présents sur la lunette.

 




Dernier élément notoire : la couronne. Elle est énorme et hors norme. Mais sa présence contribue à la force de cette montre. Et dans les versions en série limitée, celle-ci adopte des couleurs qui s’accordent avec le bracelet ou les chiffres, et devient un des éléments distinctifs de cette 028.


En résumé, la plongeuse de Richard Mille n’est pas une montre de compromis. Elle s’assume et transcende le style RM ! On aime ou pas. Mais on ne peut pas l’ignorer.

 

Qu’en pense l’avocat du Diable ?



Bien sûr il adore ! Comme nous l’avons vu plus tôt, cette montre est un véritable défi aux bien-pensants et aux défenseurs de la raison ! Mais comme un avocat ne change pas si facilement, il doit tout de même trouver un peu à redire.

L’attention se porte alors sur la lunette. A mon sens, il y a trop de vis. Je comprends l’intérêt technique et stylistique, mais je trouve que le trop est l’ennemi du bien. Il aurait fallu en enlever une douzaine (celles qui sont sur le bord intérieur de la lunette).

Hormis ce détail, les équipes de Richard Mille auraient pu mieux travailler sur la luminosité des chiffres de la lunette afin de la rendre encore plus lisible.

Mais sinon, cette pièce reprend tous les codes de la marque, et c’est tant mieux !


Quelle image véhiculera le porteur de cette Richard Mille ?


Ce qui est clair, c’est que vous ne rencontrerez pas beaucoup de pêcheurs du dimanche équipés d’une telle montre.

La RM 028 est exceptionnelle autant par sa conception et son look que par son prix. C’est une montre qui affirme sa technologie et sa « modernité ». Elle n’a que faire du vintage et se veut résolument tournée vers l’avenir.

On imagine son propriétaire aux commandes d’un Wally 55, en train d’admirer la fameuse compétition des Voiles de St Barth, sponsorisée par … Richard Mille ! Ou de flâner dans les Garden by The Bay de Singapour, au moment du  Singapore Yacht Show, avant de se rendre au sommet du Marina Bay Sands Hotel, pour plonger dans une des plus hautes piscines du monde et d’admirer les Philippines au loin.

Avec la RM028 au poignet.