Villeret Mouvement Inversé

Pourquoi dissimuler au regard la beauté d'un mouvement décoré lorsque la montre est portée? Blancpain, enfin, rend cette interrogation obsolète.

Lettres du Brassus  - N° 11

Jeffrey S. Kingston
 
 
L'horlogerie a connu une évolution dont les avancées techniques ont manifestement conduit à effacer le passé de nos mémoires. Aussi un bref rappel historique n'est-il pas superflu. À une époque, moins éloignée qu'elle pourrait le paraître, les montres-bracelets possédaient un fond en métal massif. Telle était alors la norme et elle ne s'appliquait pas uniquement aux instruments de plongée – où la protection antimagnétique adoptait la forme d'une boîte interne en fer doux qui exigeait, ou plus exactement, rendait inutile un fond transparent – mais à tous les types de montres. Dès lors, les passionnés d'horlogerie n'avaient d'autre choix que d'imaginer l'apparence du mouvement, dissimulé derrière un fond plein, dont la contemplation demeurait un plaisir réservé aux professionnels.

Ainsi le voulut l'usage pendant des décennies, à de très rares exceptions près. Assurément, les marques étaient libres de décrire leurs mouvements avec des envolées lyriques dans leurs catalogues, mais le profane ne disposait pas de la moindre possibilité de vérifier ces assertions, ne fût-ce que de manière subreptice. À cet égard, Blancpain ne dérogeait pas à la règle. Même si les propriétaires d'une montre Blancpain savaient que les mouvements étaient minutieusement décorés à la main, les arêtes anglées et les surfaces perlées ou ornées de côtes de Genève, la vision d'une telle beauté était un privilège essentiellement réservé à deux maîtres en leur art : l'horloger qui assemblait la montre et celui qui menait ultérieurement à bien les opérations de service. En ces temps, la qualité de la finition du mouvement n'était pas un sujet de discussion, moins encore le thème de débats animés entre fervents amateurs, car nul n'était en mesure de l'observer.

 

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Aujourd'hui, l'idée même de celer au regard de précieux mouvements, qui incarnent l'essence de la haute horlogerie, semble aussi curieuse et absurde (les fonds de montre pleins ont-ils réellement existé ?) que la capacité de les admirer au cours de l'ère précédente. Peu après son apparition au début des années 1990, le fond de boîtier en verre a cessé d'être une singularité pour s'imposer comme une norme universelle. À de très rares exceptions près, motivées en règle générale par une particularité de conception à l'instar d'une protection spécifique pour un instrument de plongée, toutes les montres dignes de ce nom possèdent un fond transparent. Une fois le bandeau tombé, il n'est plus moyen de soustraire à l'œil les plaisirs offerts par la fine architecture des ponts, l'ornementation manuelle des composants, la décoration du rotor de remontage et, à l'évidence, les mouvements continuels du balancier et de l'échappement. À travers le verre saphir du présent, l'époque antérieure semble revêtir une dimension quasi préhistorique.

Aussi réjouissante que cette évolution du fond fermé au fond ouvert puisse paraître, elle s'accompagne néanmoins d'un hic, car le mouvement ne se présente dans toute sa splendeur que lorsque la montre n'est plus attachée autour du poignet ! Cette constatation ouvre la voie à la prochaine étape, incarnée par la Villeret Mouvement Inversé qui ne propose rien de moins, parmi d'autres caractéristiques exceptionnelles, qu'une vue complète sur le mouvement alors que la montre est portée.


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Villeret Mouvement Inversé © Blancpain

Le moteur de la Villeret Mouvement Inversé est le légendaire calibre 15 de Blancpain. Il possède une longue tradition qui s'étend sur plus de trois décennies. Conçu à l'origine comme un mouvement pour une montre extraplate, le calibre 15 a été réservé aux garde-temps les plus prestigieux des collections de Blancpain. Après quelques années de léthargie, il a célébré en 2008 son grand retour dans la Only Watch de Blancpain, créée pour la vente aux enchères destinée à lever des fonds pour lutter contre la myopathie de Duchenne. Cette pièce unique a été adjugée à un prix remarquablement élevé lors de la soirée caritative qui s'est tenue à Monaco. Plus récemment, le calibre 15 a servi de toile de fond à la graveuse de Blancpain pour exprimer toute l'étendue de son talent. En effet, Marie-Laure Tarbouriech, qui exerce son art dans l'atelier du Brassus, a remporté en 2011 une médaille d'or lors du concours du Meilleur Ouvrier de France avec ses gravures d'animaux et d'oiseaux de la Vallée de Joux sur les ponts du calibre 15. Comme l'architecture gracieuse de ses arches offre un décor idéal, Blancpain a résolu d'éditer une série extrêmement limitée de modèles gravés, inspirés par diverses régions du monde, dans la collection Villeret Grande Décoration.

La Villeret Mouvement Inversé dote ce calibre de légende d'une personnalité entièrement nouvelle. Afin de dévoiler au regard sur la face de la montre la partie qui constitue habituellement l'arrière du mouvement, Blancpain a inversé les axes pour les aiguilles des heures et des minutes, tant et si bien que celles-ci sont situées sur l'autre côté du mouvement que le veut la tradition. Naturellement, avec ce renversement de position, une modification était également requise dans le train de rouages afin que les aiguilles des heures et des minutes décrivent leur course dans le sens exigé par l'écoulement du temps.

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L'attention de Blancpain s'est alors portée sur la décoration des ponts du mouvement, désormais visibles sur la face de la montre. La technique ancestrale utilisée pour confectionner les cadrans émaillés, connue sous le nom de champlevé, a servi ici de source d'inspiration. Cet art ornemental, qui a vu le jour il y a plusieurs centaines d'années, consiste à pratiquer des creux sur la surface métallique du cadran tout en laissant intactes des corniches qui tiennent le rôle de bordures. Ensuite, l'émail est déposé dans les alvéoles définies par les bords conservés. Le même principe est mis en pratique pour réaliser la décoration de la Villeret Mouvement Inversé qui a débuté par les ponts du calibre 15. La partie centrale des ponts est évidée, à l'exception de leur bordure, du nom « Blancpain » et des index qui apparaissent en relief sur la surface résiduelle des ponts. Puis, les creux sont remplis d'une masse de céramique soumise ultérieurement à un minutieux processus de cuisson et de refroidissement afin de la libérer de toute bulle ou imperfection. Une fois durcies, les surfaces de céramique sont polies pour les mettre à niveau avec la bordure en métal et les index. Chaque étape de travail exigée par ce procédé est extraordinairement délicate en raison de la finesse de l'alvéole de céramique dont l'épaisseur ne dépasse pas 0,25 mm, soit à peine le tiers de la profondeur usuelle pour la dépose du matériau lors de la technique de l'émail champlevé.

La Villeret Mouvement Inversé est proposée avec un boîtier en or blanc au diamètre de 43 millimètres, avec des ornementations en céramique sur les ponts, de couleur noire ou blanche.

 

 

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