“Avec la nouvelle Lange 1, nous n’avons rien changé et tout changé”

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“With the new Lange 1, we changed nothing and we changed everything” - A. Lange & Söhne
Wilhelm Schmid, CEO de A. Lange & Söhne, évoque les trois concepts au coeur de la nouvelle collection 2015: la taille, le son et l’avenir.

Votre modèle iconique vient de fêter son 20e anniversaire. Et vous sortez une nouvelle Lange 1… inchangée par rapport au modèle précédent.
Oui, c’est ça.  Je dis toujours qu'il est tentant pour un CEO de modifier une icône, pour laisser une trace.  Mais nous avons résisté à la tentation parce qu’il n’y a aucune raison de changer pour changer. La Lange 1 est une montre recherchée et la seule chose que nous avons modifié est la police du logo, qui est désormais la même que sur les autres modèles.  Mais c’est à peine perceptible. Nous avons aussi ouvert la lunette d’une fraction de millimètre.  Tout aussi imperceptible.

Et pourtant le mouvement a été changé.
Oui, mais c’est une autre histoire. Cela faisait 20 ans que le mouvement était produit, et il avait 24 ans.  A cette époque, nous achetions certains composants auprès de fournisseurs. Depuis, nous avons acquis de l’expérience. Il y a quelques années, nous avons donc réfléchi à l’avenir de la Lange 1 avec le souci d’assurer ses 20 prochaines années et avons décidé qu’elle devait intégrer notre propre spiral. C’est par là que tout a commencé.

Mais vous auriez pu apporter les changements progressivement, non ?
C’est ce que nous avions commencé de faire, mais petit à petit, nous nous sommes rendus compte qu’il valait mieux faire table rase de l‘existant et avons fini par développer un nouveau mouvement.  Désormais, la date saute à minuit exactement.  La réserve de marche a toujours été plus importante (plus de 100 heures) que les 72 heures affichées sur le cadran. Mais au-delà de 80 heures, la montre perdait en précision, surtout sur les 10 dernières heures.  Le nouveau mouvement s’immobilise après 80 heures, avec l’aiguille des secondes arrêtée à 12h, ce qui est plus facile pour le réglage. C’est la même chose sur plusieurs de nos montres récentes.

 

A-Lange-Soehne-Lange1-trio

 

"Une Lange doit toujours ressembler à une Lange"

N’est-ce pas un peu tôt pour renouveler la collection Saxonia ?
Non, elle a environ 9 ans, le délai habituel chez nous pour les renouvellements. C’est notre collection d’entrée de marque. Son nouveau design lui confère une identité allemande plus forte et plus d’élégance. Une Lange doit toujours ressembler à une Lange. Nous avons joué avec le dessin et la taille du cadran.  Le double fuseau horaire a été modifié de façon significative : 1,5mm.

Plus surprenant, vous présentez une petite Saxonia à remontage manuel. Pourquoi ce choix de 35mm ?
Parce que le mouvement s’adapte parfaitement à cette taille et que la montre  se distingue ainsi plus clairement des modèles automatiques. Une montre de 35mm se démarque des autres. Notre collection propose une large gamme de grandes montres, de petites montres et de modèles entre-deux.

 

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Vous présentez aussi une complication très attendue : la répétition minutes, sous la forme de la Zeitwerk.  Combien de temps a nécessité son développement?
Nous avons sorti une répétition minutes l’année passée. C’était une des complications de notre Grande Complication, puisque la répétition minutes est intégrée à la Grande Sonnerie. Le projet a débuté il y a quatre ans.

Elle ne sonne pas les quarts et il s’agit d’une répétition minutes décimale. Pourquoi ?
Rien de plus logique si l’on regarde la montre.  Une montre classique affiche les chiffres 3, 6, 9, et 12 et donc, elle sonne les quarts d’heure. Par contre, avec une montre à affichage digital, comme la Zeitwerk, le cerveau veut entendre ce qu’il voit. Il faut donc qu’elle sonne les heures, mais aussi les minutes, divisées en dizaines et unités.

Elle est en platine, une matière notoirement difficile pour les montres à sonnerie. Comment avez-vous résolu le problème ?
J’ai de la peine avec les détails techniques mais notre directeur R&D disait que ça n’avait pas d’importance.  Le défi consiste à définir la qualité du son et nous avons réalisé que le platine ne posait aucun problème.  Nous l’avions expérimenté avec notre Zeitwerk Striking Time (ndlr, une Sonnerie au Passage,  qui sonne les heures et les quarts automatiquement,  mais pas sur demande),  et il n’y avait pas de grande différence avec l’or jaune ou blanc.  Il y a bien d’autres facteurs qui influencent le son.

 

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Quelles autres caractéristiques vouliez-vous pour cette montre ?
Nous voulions qu’elle sonne lentement afin que l’on puisse facilement compter l’heure. C’est sans doute ce qui a été le plus difficile à régler. Je trouve qu’elle sonne assez fort et je suis satisfait des prototypes que nous avons présentés. Cependant, nous travaillons encore sur quelques points avant de mettre le premier modèle en production.

 

"La Zeitwerk est incomparable"

A 440'000 euros, elle est bien plus chère que ses concurrentes.  Pourquoi ?
Cette montre a monopolisé nos meilleurs horlogers, une ressource rare. En outre, la Zeitwerk est incomparable.  La plupart des répétitions minutes se basent sur le même principe. La nôtre offre une série de complications inégalée.  C’est, d’une certaine manière, le prix de l’unicité.
 

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