LM1, une machine surprenante

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La dernière nouveauté de Max Büsser et de ses amis ne correspond pas à ce que l'on aurait pu attendre de sa marque d'avant-garde. L'inspiration de la Legacy Machine tombe sous le sens: elle est ancrée dans «l'âge d'or de l'art horloger».


WORLDTEMPUS 4 octobre 2011

Elizabeth Doerr – trad. Louis Nardin

MB&F a dévoilé quatre Horological Machines depuis le début de sa courte existence il y a 6 ans, et chacune d'elles a été une démonstration de design par excellence. Reste qu'à chaque fois, l'innovation et la maîtrise de l'art horloger d'une Horological machine ont été uniquement éclipsés par ses lignes d'avant-garde, cela afin de séduire les collectionneurs de montres rares. Ces pièces futuristes partagent aussi toutes un point commun: personne n'était capable de deviner à quoi elles allaient ressembler avant qu'elles ne soient lancées. Plus significatif encore: dans l'histoire de l'horlogerie, aucune marque n'avait présenté quatre modèles si différents à la suite.

Comme avec les modèles passés, personne n'aurait pu deviner le genre de machine qui allait sortir de l'imagination de Max Büsser cette année, et encore moins une pièce, disons-le, si classique en apparence.MB&F_331161_0

Question de timing


«Je me sens schizophrénique maintenant», lâche Max Büsser commentant son nouveau «bébé» qui suit une route radicalement différente que les précédentes Horological Machines. «Les Legacy Machines forment une seconde famille de montres pour MB & F.»

Les langues les plus critiques diront certainement que le fondateur et CEO suit un mouvement mené par les principales manufactures à la suite de la récession mondiale qui court depuis deux ans ; mais le fait est que les premières esquisses de la Legacy Machine 1 ont été tracées en 2007. Même si désormais toute l'industrie s'est rabattue sur des formes classiques par rapport à ce qu'elle avait produit durant la dernière décennie, Max Büsser n'avait pu l'anticiper en ce temps-là, une époque durant laquelle on pensait encore que «plus c'est fou mieux c'est.» «Personne [dans la société] à part moi ne souhaitait s'engager dans ce projet», raconte-il timidement.MB&F_331161_1«Voici une autre façon de voir une machine tridimensionnelle», poursuit Max Büsser. «Même s'il est désormais certain que la base de clients s'est élargie [avec une telle pièce], ce n'est pas la raison qui m'a poussé à la lancer.» Pourtant, lorsqu'il la présente pour la première fois à ses détaillants lors de Baselworld 2011, le voilà inondé de commandes avec toute sa production de LM1 des quatre prochaines années déjà vendue avant même que la foire ne ferme ses portes. Avec ses dix employés à temps plein, Max Büsser compte produire 70 LM1 par année.

L'âge d'or

Pour créer ses pièces, Max Büsser s'est inspiré de ce qu'il appelle «l'âge d'or de l'horlogerie»: le 19ème siècle. «A cette époque d'essor industriel, la performance et la précision se sont imposées comme une forme d'art. S'en est suivie une période magnifique durant laquelle les artisans se sont efforcés de donner un sens et une valeur à cette nouvelle forme d'art. Si j'avais vécu à cette époque, quelles auraient été mes sources d'inspiration? Jules Verne, les expositions universelles, les grands ponts métalliques à la Eiffel… La LM1 est une machine tridimensionnelle d'il y a cent ans!»

Comme à l'accoutumée, Max Büsser livre le nom de quelques «friends» qui ont aidé à faire de son projet une mécanique faisant tic-tac. «Je me suis d'abord approché de Jean-François Mojon, qui venait de s'installer comme indépendant et travaillait à l'époque sur le projet de la Manufacture Contemporaine du Temps. Cependant, pour être en phase avec l'esprit de l'horlogerie au 19ème siècle, il me fallait Kari également.»MB&F_331161_2Kari Voutilainen est l'un des horlogers indépendants les plus courtisé du moment – et également l'un des plus occupé. C'est ainsi qu'il déclina la proposition de rejoindre le projet, avant qu'il ne voie à quoi allait ressembler la LM1, et qu'il ne change d'avis. «J'ai plus appris de Kari avec ce projet que durant les 20 ans que j'ai passés dans l'horlogerie», lâche au passage Max Büsser.
Tandis que Jean-François Mojon s'attèle à la création du calibre à remontage manuel dans son intégralité, Kari Voutilainen prend en main les aspects esthétiques et les finitions pour conférer au mouvement son aspect si traditionnel. Un mouvement qui porte fièrement le nom de ses deux créateurs – le premier calibre à arborer «Voutilainen» en dehors de la production propre du Finlandais.

L'héritage

L'esthétique de cette Machine est dominée par le large balancier de 14mm de diamètre semblant flotter entre les deux microcadrans à 3 et 9h. Chacun d'entre eux affiche son propre temps en toute indépendance et leur mise à l'heure se fait par une couronne indépendante. Les 45 heures de la réserve de marche sont assurées par unique ressort de barillet.MB&F_331161_3
Le boîtier, disponible en or rouge ou blanc, compte 65 composants et mesure 44mm de diamètre pour 16mm d'épaisseur. Cette hauteur inclut la glace bombée en saphir dominant le balancier qui palpite à la vitesse, historique, de 18'000 alternances-heure. Il va sans dire que le calibre arbore toutes les finitions, exécutées à la main, dignes d'un calibre du 19ème siècle.

«Réaliser cette montre a été un pur moment de bonheur pour moi, une aventure incroyable», s'exclame Max Büsser. En posséder une fera se transformer un rêve en réalité pour tous ceux qui pourront dépenser les 85'000 francs taxes comprises que coûte l'incarnation de cette aventure horlogère.



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