LUXE : avec Joseph Kanoui, disparaît un des hommes les plus influents de la planète luxe
Joseph « Joe » Kanoui s'est éteint hier : il avait été le refondateur de Cartier et l'artisan de la constitution du groupe Richemont. Cet homme discret, respecté de tous, aura considérablement marqué l'industrie du luxe international.
Né à Alger en 1937 et « rapatrié » lors en France lors de l'indépendance algérienne, Joseph Kanoui – on ne l'appelait plus que « Joe » - était passé par Sciences Po et Sup de Co avant de s'imposer comme conseil d'entreprise, son premier « gros coup » étant le rapprochement de Robert Hocq (premier producteur mondial de briquets) et de la maison Cartier, alors en pleine crise.C'est Joe Kanoui qui a embauché un certain Alain-Dominique Perrin en 1969 : il en fera le directeur général des « Must » de Cartier dès 1973. Installé à Genève, Joe Kanoui entreprendra ensuite de reconstruire la maison Cartier en rachetant Cartier Londres (1974), puis Cartier New York (1976) : sa vision de l'industrie du luxe passait par le retour sur le devant de la scène d'une maison de joaillerie centenaire aussi prestigieuse que Cartier. A l'époque, peu d'observateurs y croyaient...Admirablement secondé par sa femme, Micheline, qui prendra la direction de la haute joaillerie Cartier en 1980, Joe Kanoui n'a plus jamais cessé de pousser Cartier toujours plus haut, mais aussi de constituer autour de la marque un grand pôle de luxe, en y agrégeant des marques comme Piaget, Baume & Mercier, Vacheron Constantin, puis toutes les autres marques de ce qui allait devenir le groupe Vendôme, aujourd'hui Richemont (Van Cleef & Arpels, Montblanc, IWC, Jaeger-LeCoultre, A. Lange & Söhne, etc.).En un quart de siècle, il a ainsi bâti, avec les équipes d'Alain-Dominique Perrin et le soutien de son actionnaire, ce qui est devenu le premier groupe mondial de luxe dans l'horlogerie et la joaillerie…On connaissait moins les jardins secrets de Joe Kanoui, sa passion pour la philosophie confucéenne, sa fascination pour la subtilité chinoise (c'était un grand lecteur de Sun Tzu), sa grande culture littéraire et son attention porté aux hommes et aux femmes de son entourage. Un grand monsieur du luxe nous a quittés. Nos pensées vont à sa famille, à sa femme, Micheline, et à la maison Cartier, dont il avait été le président dès 1980, puis, au-delà, à toute la grande famille du luxe, qui se trouve aujourd'hui orpheline d'un puissant visionnaire, d'un irréprochable chevalier d'industrie et d'un discret bâtisseur d'empire. G.P.