Interview de Julien Tornare, CEO de Zenith

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Interview with Julien Tornare, CEO of Zenith Watches - Zenith
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Monter sur le podium et répondre aux questions des journalistes alors que votre patron vient juste d’y répondre n’est pas tâche facile. Julien Tornare l’a fait avec assurance.

Avant que le nouveau CEO de Zenith ait eu l’occasion de prononcer un mot lors de sa présentation officielle, l’incontrôlable Jean-Claude Biver avait déjà devancé la plupart des questions et révélé en prime la présentation par Zenith d’une nouvelle montre révolutionnaire dans le courant de l’été. Je voulais néanmoins recueillir les impressions de Julien Tornare sur son nouveau poste, précisément 100 jours après la mort du fondateur de Zenith, Georges Favre Jacot. Julien Tornare se profile comme un « outsider » qui ne vient pas du cercle rapproché de M. Biver comme tous les autres cadres dirigeants qui travaillent avec le patron de la division horlogère de LVMH. Jean-Claude Biver a lui-même reconnu qu’il connaissait Julien Tornare de réputation avant même de savoir son nom. Mais il a aussi été impressionné par le fait que le nouveau CEO a pris un vol de jour pour rentrer de Hong Kong et discuter de son nouveau poste. C’était le début d’une relation prometteuse.

C’est votre expérience dans le domaine de la vente qui a attiré l’attention de M. Biver. Vous avez déclaré vouloir faire de Zenith une marque plus attractive. Comment allez-vous vous y prendre ?
Tout d’abord j’aimerais transformer la promotion des ventes en attraction des ventes, c’est-à-dire susciter un véritable désir de la part du client. Jean-Claude Biver m’a fixé des objectifs de ventes ambitieux mais je crois qu’ils sont réalisables. Cela me prendra un certain temps pour y parvenir, évidemment, et il faudra que je consacre les ressources nécessaires aux bons départements. Nous voulons avant tout construire sur le long terme.

Vous avez aussi dit que Zenith doit être une marque plus désirable. Mais en même temps vous avez déclaré que Zenith n’est pas une marque dirigée par le marketing. Comment allez-vous augmenter l’attractivité de la marque sans investir des sommes énormes dans le marketing ?
Nous ferons du marketing, évidemment. Nous effectuons un gros travail sur les produits actuellement, mais cela sera complété plus tard par un environnement produit spécifique. Par exemple, nous travaillons en ce moment sur le lancement du produit pour le Defy 21 et nous cherchons à organiser des événements différents de tout ce qui s’est fait jusqu’ici. Si nous réalisons d’importantes innovations avec nos produits, nous ne pouvons pas les présenter lors d’une soirée ennuyeuse. Nous devons insuffler de l’énergie à nos événements.

Interview de Julien Tornare, CEO de Zenith

Que pensez-vous de la collection actuelle de Zenith ?
Nous avons la collection classique Elite, qui est un des piliers de la marque et que les clients chinois adorent, par exemple. Puis il y a toute la collection Chronomaster El Primero, qui est la montre Zenith par excellence. Mais nous allons aussi présenter quelques nouveaux produits très intéressants et ils auront un impact direct sur la marque.

 

Interview de Julien Tornare, CEO de Zenith

Avez-vous fixé des priorités spécifiques en termes de marchés à travailler et de clients à cibler ?
Je n’ai commencé qu’il y a un mois mais j’ai discuté avec M. Biver régulièrement pendant six mois.  Nous avons déjà déterminé les lignes principales de notre stratégie. Mais je n’aime pas m’exprimer ou prendre des décisions à la légère dans les premiers mois. Je m’oblige à prendre le temps d’étudier les choses mais nous avons déjà défini la Chine, le Japon et les Etats-Unis comme des marchés clés. Cependant je ne crois pas que nous devrions cibler la Chine avec des produits destinés à la Chine mais plutôt viser le client chinois « international ». En plus de cela, à partir de cet automne nous pourrons voir l’impact des quelques nouvelles options que nous explorons actuellement pour augmenter la notoriété de la marque dans le monde.

Quels sont vos plans concernant la distribution ? Verrons-nous davantage de boutiques Zenith ?
Non, je crois qu’il est illusoire d’envisager de mettre sur pied d’énormes centres d’achats pour la marque et d’ouvrir des boutiques pour renforcer notre image. Nous devons respecter les détaillants car ce sont eux qui ont soutenu l’industrie ces vingt dernières années. De nombreuses marques ont négligé les revendeurs et je pense qu’ils vont commencer à retourner vers eux. Les magasins en propre sont une bonne chose lorsqu’ils fonctionnent bien, mais quand les affaires baissent ils commencent à coûter beaucoup d’argent. Dans tous les cas, Zenith n’a tout simplement pas les ressources financières pour ouvrir 20 boutiques dans le monde.

Que pensez-vous des prix de la collection ?
Lorsque l’on regarde les prix et les produits, j’estime très franchement qu’ils ne sont pas chers. Si l’on songe au niveau d’expertise, d’artisanat et de finitions qu’ils présentent, leur rapport qualité-prix est excellent.

 

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