Interview de René Weber

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Interview with René Weber - Vontobel research
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Le rédacteur-en-chef du magazine GMT interroge René Weber, Senior Analyst Luxury Goods chez Vontobel, sur la santé économique de l'industrie horlogère.

D’après vous, dans quelle situation se trouve l’industrie horlogère après une année de croissance négative ?
La croissance négative s’est accélérée et s’est même étendue à l’Europe. Le recul s’y explique notamment par la chute du tourisme chinois (par exemple en Suisse il s’est érodé de 17% au 1er semestre) sous l’effet des attentats et des tragédies liées aux migrants. En parallèle, Hong Kong a poursuivi son déclin (-27% d’exportations suisses à fin juillet) avec toujours beaucoup de stocks chez les détaillants. Cette situation de faiblesse de l’industrie horlogère ne présente pour l’instant aucun signe d’amélioration, et l’importance du plongeon devrait entraîner du travail partiel et des pertes d’emplois, notamment chez les fournisseurs indépendants. Les lancements de nouveaux produits devraient continuer à jouer un rôle majeur, en particulier les montres plus accessibles comme nous l’avons observé cette année, voire en privilégiant l’acier au détriment des métaux précieux, comme Piaget par exemple cet été. On ne devrait pas pour autant assister à des fusions et acquisitions de marques, sauf pour les producteurs de composants qui pourraient se rapprocher.

Comment certaines marques continuent-elles d’afficher de bonnes performances malgré les difficultés actuelles, selon vous ?
Je ne pense pas qu’elles soient nombreuses à progresser. Même si, bien sûr, il y a des marques qui souffrent moins que d’autres. D’après moi cela tient avant tout à leur éventuelle dépendance au marché chinois, dont Hong-Kong, qui peut en affecter certaines plus que d’autres. Par exemple, Hublot ne réalisait que 12% de ses ventes en Chine, alors que les exportations horlogères suisses s’y élevaient à 23% en 2015. Idem pour TAG Heuer, tandis que cette proportion s’élevait à 25% pour des marques telles que Cartier ou Omega.

Quand est-ce qu’une amélioration devrait avoir lieu, selon vous ?
Le troisième trimestre devrait à nouveau connaitre une baisse à deux chiffres mais nous tablons clairement sur de meilleures perspectives à la fin de l’année. Après le tassement de -14% en juillet, les prévisions pour l’ensemble de l’année évoquant un recul de -6% semblent optimistes, et il faut plutôt compter sur -8 ou -9%. Régler les problèmes de stocks à Hong Kong ne se fera pas avant six mois, mais on peut s’attendre à une reprise du tourisme en Europe. Quant aux USA, le premier semestre a surpris par sa faiblesse mais la demande semble se renforcer au second, d’autant que la base de comparaison l’an passé était basse. Un dernier paramètre concerne la volatilité des devises, comme par exemple le Royaume-Uni profitant du Brexit ou le Japon souffrant d’un Yen plus élevé et moins attrayant pour les touristes.