Interview de Felix Baumgartner, co-fondateur

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Interview with Felix Baumgartner, co-founder - Urwerk
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Felix Baumgartner livre son parcours, sa rencontre avec ses associés, leurs inspirations et aspirations. Retour vers le futur.

David Chokron : Quel est votre parcours personnel avant de fonder Urwerk ?

Felix Baumgartner : Mon père est restaurateur de pendules anciennes. Il a travaillé chez IWC avant de créer un atelier-boutique à Schaffhouse. Mon frère Thomas a été apprenti mécanicien chez IWC car il était moins intéressé par la montre. Moi, j’aimais les puzzles et les montres de poignet. Les pendules, c’était trop dans les pas de mon père. J’ai fait l’école d’horlogerie de Soleure et en 1999, Sven Andersen a passé une annonce qui disait « N’avez-vous pas toujours rêvé d’être indépendant ? ». Il y avait des candidats plus expérimentés, mais il m’a recruté. Il nous laissait travailler à mi-temps sur des projets personnels : j’ai fait des choses pour Vacheron Constantin en même temps que le développement d’Urwerk, avec mon frère.

 

Comment cela a-t-il commencé ?

A travers un de nos cousins artiste, mon frère et moi avions déjà rencontré Martin Frei. Pendant une discussion sur la montre, il a pris un carnet et commencé à faire des croquis. Ce qu’il a dessiné est devenu Urwerk. J’ai investi ce que j’avais gagné, CHF 10’000 ou 15’000. Et une amie pharmacienne de ma mère a acheté une 101 en or rose, sur dessin, en 1996.

 

 

Comment vous situiez-vous dans le paysage horloger d’alors ?

A l’époque, l’horlogerie tournait en rond. Elle était ennuyeuse, bien assise. Il n’y avait pas d’innovation, on n’avait pas le droit de faire certaines choses. Nous voulions faire quelque chose d’aujourd’hui et d’artisanal. On voulait aller réveiller les grands. Inventer une horlogerie qui nous plait.

 

C’était le modèle 101 ?

La 101 et la 102 ont été créées ensemble. La 101 était en or. Au final, on en a fait 20 ou 25. La 102 était en acier et nous voulions la vendre au prix d’une Rolex, environ CHF 5’000. Mais nous avions oublié la marge des détaillants ! On en a fait 50 ou 55 exemplaires.

 

 

Quels détaillants ?

A l’époque, Boris Litsof avait lancé un espace horloger chez Bergdorf Goodman’s, à New York. Que des marques de l’AHCI (Académie Horlogère des Créateurs Indépendants). Mais ça n’a pas duré. Puis il y a eu Embassy (Suisse), Chronopassion (France)... Le point de basculement a été la 103, en 2003. Nous sommes passés à la troisième dimension, de la montre et des affaires. Le Control Board (NDLR : des indications de maintenance au dos de la montre) a légitimé le concept de manière horlogère.

 

 

D’où vient votre inspiration spatiale ? Je sais qu’il y a une grande maquette de l’USS Enterprise dans votre bureau…

On porte tous ça en nous, c’est notre génération (NDLR : les natifs des années 70). Mais le côté spatial ne vient pas des horlogers. C’est Martin Frei qui est fasciné par la science spatiale, surtout russe. La 102 est inspirée du Spoutnik : les quatre attaches du bracelet de la 102, ce sont les quatre antennes. Ca a toujours été là. Dès la première minute. Moi je cherche des limites techniques.

 

 

Vous êtes devenus des fers de lance d’une nouvelle horlogerie. Comment avez-vous géré le succès ?

Pour des raisons personnelles, mon frère Thomas a quitté Urwerk en 2004. Martin et moi, nous gardons les pieds sur terre. On sait ce qu’on veut. Nous avons fait le choix de rester exclusifs, de faire environ 150 montres par an. On n’aime pas être une roue dans une grosse structure. On n’est pas des businessmen. Nous gardons une famille à Genève et une autre à Zürich, avec Martin. Il fait des films, de l’architecture. Faire évoluer Urwerk, c’est plus intéressant que de gérer un staff. A la fin de la journée, on doit être heureux. Et aujourd’hui on est bien comme ça.

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