Interview d'Alejandro Agag

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Interview with Alejandro Agag - TAG Heuer
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Le CEO du championnat de Formule E pour voitures électriques a parlé des derniers développements de cette compétition à notre rédacteur en chef.

Pourquoi êtes-vous passé de la politique au sport automobile ?
Je ne suis pas passé de l’une à l’autre directement. J’ai été sans emploi pendant un certain temps et j’ai pris quelques vacances, car je me suis marié. Lorsque je me suis marié, il y a eu conflit d’intérêt parce que le père de ma femme était à l’époque le premier ministre du pays (l’Espagne) et aussi mon chef. Donc j’ai dû choisir entre ma carrière politique et épouser ma femme, et j’ai choisi ma femme. Cela a été une très bonne décision ! J’avais des amis dans le milieu du sport automobile, Bernie Ecclestone et Flavio Briatore, qui m’ont encouragé à travailler dans ce domaine, alors j’ai commencé à travailler avec eux.

Lorsque vous avez lancé la Formule E, ressentiez-vous déjà le basculement vers les véhicules électriques ?
Non. Je l’espérais, mais il y a six ans ce n’était pas du tout évident. C’est pourquoi j’ai pu le faire, autrement quelqu’un de plus important que moi l’aurait fait. J’ai réalisé quelque chose qui n’intéressait personne d’autre. J’ai vraiment eu de la chance parce qu’ensuite toute l’industrie automobile a commencé à se diriger vers l’électrique, ce qui a été très bon pour nous.

Comment le championnat a-t-il évolué ?
Dans mon premier business plan, j’avais prévu que la cinquième année nous aurions cinq constructeurs en compétition dans le championnat. Nous en sommes à la quatrième année et nous en avons neuf, donc nous sommes bien au-delà de nos prévisions. Et nous avons de magnifiques sponsors qui nous soutiennent depuis le début. Cela n’était pas facile parce qu’il y avait beaucoup de scepticisme : les gens pensaient que nous allions échouer et par conséquent ils ne voulaient pas être associés avec nous.

Le succès de la Formule E doit-il beaucoup au fait que les courses se déroulent dans les rues ?
Absolument. Nous devions faire quelque chose de très différent de tous les autres, sans quoi nous n’aurions eu aucune chance de succès. Nous avons positionné le championnat comme un événement propre et innovant, et organiser les courses dans les villes était une part essentielle de notre différentiation. D’ici à 2050, 80% de la population mondiale vivra dans les villes et l’avenir de la vie urbaine, ainsi que les villes intelligentes, sont des enjeux essentiels. Une course en ville est difficile à organiser, car il faut utiliser des routes existantes et mettre en place un circuit très rapidement.

Comment la technologie a-t-elle évolué depuis que le championnat a vu le jour ?
Enormément. Dans les premières années, chaque pilote avait deux voitures et changeait pendant la course, car la capacité de la batterie n’était pas suffisante pour tenir toute la course. Cette année, la voiture que nous avons présentée au Salon de l’Auto à Genève sera capable d’effectuer toute la course. Nous avons donc doublé l’autonomie de la voiture en six ans, ce qui est prodigieux.

Quelles sont les réactions que vous recueillez de la part des fans ?
Nous obtenons de très bons résultats lors de nos recherches sur les réseaux sociaux, particulièrement en ce qui concerne la plus jeune génération. Notre public augmente vraiment chez les 12-18 ans, une partie de la population qu’il est très intéressant de capter. Nous constatons aussi qu’ils ne consomment que sur leurs mobiles et très rarement en direct. Ils regardent les courses quand ils le veulent.

Comment envisagez-vous l’avenir du championnat ?
Je crois qu’il va continuer à grandir. Le moteur à combustion interne est au sommet de son développement depuis un certain nombre d’années déjà, mais nous avons progressé de 100% en quelques années, il y a donc encore un gros potentiel. A terme, ce sera le seul sport mécanique adéquat pour l’industrie automobile puisqu’elle se tourne de plus en plus vers la technologie électrique. Les autres événements de sport automobile seront de plus en plus comme des sports de style vintage, car ils ne seront plus associés aux voitures qui se vendent.

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