Interview de Shu Yoshino

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Interview with Shu Yoshino - Seiko
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A Baselworld, WorldTempus a parlé avec le directeur général de Seiko, Département 1 Promotion Marque, des montres de plongée, des composants en silicium et des montres connectées.

Lors de votre présentation des nouveaux modèles Prospex, vous avez dit que Seiko préférait le métal pour les composants des organes réglants, et plaisanté sur le fait que le silicium se trouvait mieux utilisé dans les bracelets. Pensez-vous que les composants d’échappement en silicium ne sont pas assez bons pour une montre de plongée ?
Notre philosophie remonte à l’époque où la montre était un instrument destiné à donner l’heure et ses exigences étaient d’être précise, durable et lisible. Ce sont les trois qualités les plus importantes pour une montre qui se veut pratique. Aujourd’hui,  la fonction de la montre a changé,  en partie parce que nous avons introduit la technologie du quartz que l’on trouve maintenant dans de nombreux objets (ordinateurs,  tableaux de bord de voitures, machines, etc). Si bien que donner l’heure est presque devenu un rôle accessoire de la montre. Cependant, nous croyons encore que les montres que nous fabriquons doivent être pratiques à un très haut niveau et Prospex exprime cette idée.

Seiko Marinemaster Limited Edition

Lorsque nous créons une montre mécanique, nous devons faire appel aux techniques de production de pointe et haut de gamme pour fabriquer les composants, car les méthodes traditionnelles d’usinage ne permettent pas de faire des pièces assez précises. Nous avons remarqué que le procédé UV-LIGA était un des moyens pour produire de très petites pièces aux mesures extrêmement précises et à la surface très plate. Le silicium peut être usiné très précisément, est très plat et a en outre l’avantage de la légèreté. En conséquence, plusieurs marques l’ont adopté pour leurs organes réglants. Mais les tests que nous avons effectués avec le silicium tel qu’il est aujourd’hui ne nous ont pas donné satisfaction. Il ne résiste pas bien aux chocs en raison d’un manque de viscosité, que les pièces en métal possèdent. Nous sommes ouverts à l’innovation et n’avons aucun préjugé contre le silicium, mais nous pensons que le métal reste la meilleure solution pour nos montres.

Pour les marques suisses, Baselworld 2015 a été l’année des montres connectées. Seiko serait légitimement bien placée pour lancer une telle montre. Qu’en pensez-vous ?
Je n’écarte pas cette éventualité. Nous avons lu et écouté toutes les informations données lors des lancements de ces nouveaux produits. Mais il faut reconnaître que jusqu’à l’annonce de l’Apple Watch, les montres connectées n’avaient pas vraiment décollé. Je pense que tout le monde s’accorde pour penser que l’Apple Watch va se vendre par millions. Apple réussit à créer une demande là où aucune demande n’existait avant. D’autres marques,  comme Samsung  par exemple, n’y sont pas parvenu.  Mais si l’on revient un peu en arrière et regardons de près le produit, on se rend compte qu’il n’est pas très différent de ce qui existe déjà. La grande question est :  qu’est-ce qu’Apple peut y ajouter ? La première génération d’Apple Watches se vendra bien parce que les gens sont curieux. Mais ensuite ? Il est difficile de trouver le bon positionnement, le bon usage, la bonne fonction et les bonnes applications pour les montres connectées.

Seiko Marinemaster Limited Edition

Pourrait-il y avoir une possibilité avec l’Astron, qui intègre déjà l’énergie solaire et le GPS ?
On observe que des marques comme TAG Heuer, Breitling et Frédérique Constant, par exemple,  ne suivent pas la même direction qu’Apple. Elles ajoutent des fonctions très mineures à des montres normales, et je m’interroge sur la réelle valeur ajoutée. Il faut bien réfléchir :  si nous lançons un nouveau produit, il faut qu’il ait une vraie fonction.  La façon dont nous gérons l’énergie avec l’Astron est très complexe : il s’agit de générer un maximum d’énergie et d’en consommer un minimum.  Si l’on y ajoute trop de fonctions,  cet équilibre risque de se rompre.  Il est très difficile de développer une pièce à la fois pratique et fonctionnelle,  et qui reste belle comme une montre.

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