Interview d'Alexandre Mille

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Interview of Alexandre Mille - Richard Mille
Alexandre Mille en quelques questions

C’est le 20e anniversaire de la marque Richard Mille, que lui souhaiteriez-vous dans cette année particulière ?
Nous venons tout juste de déménager nos bureaux parisiens. Nous commencions à être trop à l’étroit dans les locaux que nous occupions jusqu’à présent. Nous avons emménagé dans un très bel hôtel particulier qui a été entièrement rénové. Nous pouvons désormais travailler dans les meilleures conditions possibles. Avec les équipes, nous mesurons le chemin parcouru en seulement vingt ans ! Je souhaite donc à la marque de continuer sur ce chemin ! La vision de notre père s’est concrétisée pendant ces deux dernières décennies. La majeure partie de ce qu’il avait planifié s’est réalisé : une croissance très maîtrisée en termes de production et de ventes, la transformation de la distribution, la création de nos 42 boutiques, etc… Il n’y a pas de raison que cela change. Mon père est toujours là en tant que leader et les grandes lignes de l’histoire sont d’ores et déjà écrites pour les dix prochaines années.

La RM 72-01 est arrivée sur les marchés en octobre dernier, quels sont ses principaux attraits d’après vous ?
Il s’agissait de notre premier mouvement chronographe maison, qui plus est, au cœur d’une montre aux codes lifestyle. Nous nous ouvrons de plus en plus à de nouveaux univers tels que l’art et la culture de manière plus générale. Le lancement de cette nouveauté a été accompagné par deux de nos partenaires qui excellent tous deux dans leurs arts respectifs. Benjamin Millepied et Thomas Roussel ont collaboré pour la création d’un film artistique sublimant cette pièce aux lignes élégantes et sophistiquées s’adressant aussi bien à une clientèle masculine que féminine. Même si la fonction chronogaphe flyback est une complication qui était jusqu’ici réservée aux montres sportives de la collection, elle cohabite très bien avec ce modèle lifestyle. La preuve en est, nous avons pu observer l’attrait particulier de jeunes clients et de femmes ce qui nous a agréablement surpris.

Interview d'Alexandre Mille

Quel a été votre parcours jusqu’à présent au sein de l’entreprise familiale et vos fonctions aujourd’hui ?
Avant de rejoindre l’entreprise familiale, j’ai obtenu une licence de droit et sciences politiques, pour ensuite intégrer une école de cinéma en me spécialisant dans la réalisation. J’ai ensuite travaillé pour un sous-traitant de la marque qui s’occupait de la réalisation de nos films que nous diffusions dans le cadre du SIHH. Suite à cela mon père m’a demandé de développer le pôle vidéo au sein de la marque, nous étions alors en 2014. Cela m’a permis de me familiariser avec la complexité de nos mécanismes puisque mon rôle était de concevoir des tutoriels vidéos à destination des vendeurs. Le but était de former les équipes de vente, notamment aux pièces les plus complexes telles que la RM 039 Tourbillon Chronographe Aviation. J’ai également filmé les horlogers et les développements au sein des ateliers Richard Mille situés aux Breuleux. Je me suis beaucoup rapproché des équipes de production. J’ai complété cette bibliothèque de vidéos en filmant nos partenaires tels que Rafael Nadal, Bubba Watson ou encore l’écurie de F1 McLaren au fil de mes voyages pour couvrir l’univers Richard Mille, et cela jusqu’en 2017. C’est alors que notre distributeur pour les Amériques et associé de la marque, John Simonian, m’a proposé de venir travailler avec lui aux États-Unis, à Los Angeles.

Que retenez-vous de votre expérience américaine en particulier ?
J’ai énormément appris sur le terrain, dans les boutiques, à la rencontre des équipes de vente et de nos clients. J’ai été en charge de la formation des équipes commerciales des boutiques Richard Mille sur l’ensemble du territoire américain. Nous voyagions beaucoup avec John, et tous les soirs pendant trois ans, nous débriefions, cela se prolongeait souvent avec un diner. J’ai appris la gestion des stocks, la distribution et les ressources humaines, et comment accompagner aux mieux les vendeurs. Cette expérience m’a beaucoup servi pour occuper mon poste actuel qui est de piloter la gestion et les ventes au siège de la marque depuis 2019 à Paris.

Richard Mille était proche de la barre des 5000 montres, pensez-vous repasser ce cap en 2021 ?
2020 aurait dû être une année charnière pour nous, car en effet en 2019 nous frôlions le cap des 5000 montres produites. Mais la fermeture de l’usine pendant deux mois en 2020 due à la crise sanitaire internationale ne l’a pas permis. Cette année cela semble envisageable. Bien sûr nous ne pouvons plus continuer notre croissance de 15% par an. En outre nous avons effectué un travail substantiel sur ces 5000 pièces en apportant plus de cohérence au sein de la collection, en resserrant le nombre de références dans le but de toujours contenter notre clientèle.

Interview d'Alexandre Mille

Comment définiriez-vous aujourd’hui le client type de Richard Mille?
Il n’y a pas vraiment de « client type », il y a une grande diversité au sein de notre clientèle. En Asie, nous avons des clients de l’âge de 15 ans qui choisissent leurs montres, que ce soit ou non avec le budget de leurs parents. Nous avons bien évidemment aussi, des clients plus âgés. Beaucoup sont devenus des amis, et ont en commun d’apprécier l’aspect familial et très humain de la marque. Ils aiment échanger avec nos équipes, avec toute la famille Richard Mille, et nous-mêmes essayons d’apprendre d’eux. Six enfants des fondateurs travaillent dans l’entreprise ! Cela impressionne de découvrir notre côté « tribu », et le fait que nous gardions les pieds sur terre. Et puis nous ne faisons que des montres après-tout (rire). Parfois, les clients viennent au bureau, simplement pour une visite amicale et discuter. Nous cultivons la proximité et l’accessibilité. Tout le monde s’adore, c’est très difficile pour nous en ce moment de ne pas se voir, nous formons une vraie famille.

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