Pleins feux sur Reuge 2.0

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Putting the spotlight on Reuge 2.0 - Reuge
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Nous nous sommes entretenus avec le CEO de Reuge à propos du rôle de la marque de boîtes à musique traditionnelles dans l’industrie horlogère.

La présence de Reuge dans une boutique située à quelques mètres de l’entrée de Baselworld est une belle analogie avec la position particulière que cette entreprise occupe dans l’industrie, sans parler de la façon astucieuse dont son CEO aborde les affaires. Tandis que les principales marques horlogères terminent leur journée de travail à 18h00, lorsque l’exposition ferme officiellement ses portes, Kurt Kupper est libre d’inviter des clients jusque tard dans la soirée. « Puisque je ne suis pas soumis à la contrainte des heures d’ouverture de Baselworld, je peux recevoir des clients jusqu’à 21h, lorsqu’ils ont du temps après la fermeture de Baselworld. C’est mon plus gros avantage. Un jour, nous étions sur le point de fermer à 21h lorsqu’une personne importante est entrée, donc nous sommes restés jusqu’à 23h. Nos produits requièrent un environnement calme, ce qui ne serait pas le cas si nous étions dans l’une des halles. »

Se trouver à Bâle permet à Reuge d’être en contact avec ses deux principales catégories de clients : les détaillants et les marques horlogères de luxe. « Nous travaillons beaucoup avec les marques horlogères », explique M. Kupper. « Elles s’adressent à nous car elles réalisent qu’une simple boîte à montre ne suffit parfois pas. » Cependant les revendeurs s’intéressent également de plus en plus à certains des produits les plus haut de gamme de Reuge. « Nous travaillons aussi avec les détaillants. Ils viennent nous voir parce que nous pouvons les aider à vendre leurs pièces les plus luxueuses. Avec des montres coûtant plusieurs centaines de milliers de francs, un article comme notre boîte à musique en forme de bateau à moteur peut faire une grosse différence. Plutôt que de vendre avec rabais, le détaillant peut investir dans la boîte à musique et offrir à son client quelque chose de vraiment unique qui n’est disponible que dans son magasin. »

Pleins feux sur Reuge 2.0

Reuge excelle également dans les collaborations avec les entreprises les plus en vue ou les plus traditionnelles de l’industrie, comme par exemple les boîtes à musique développées avec MB&F et les automates musicaux produits en collaboration avec les Frères Rochat. Ces pièces coûtent entre 750'000 et 1,5 million de francs suisses. Et elles se vendent. « Nous avons vendu l’exemplaire à 1,5 million, donc c’est sympa de pouvoir dire aux clients que nous l’avons vendu et que nous n’en fabriquerons pas d’autre pareil », sourit M. Kupper.

Les ventes et le marketing demeurent néanmoins un défi pour cette marque de niche. « Nous cherchons de nouveaux ambassadeurs », explique le CEO. « Pas de la même façon que les marques horlogères, ni dans le sens d’avoir davantage d’employés. Nous avons besoin de gens qui évoluent dans les cercles de la haute société et qui ont un réseau. Nous ne sommes pas suffisamment connus, c’est une de nos plus grandes faiblesses. Un joaillier allemand qui a vendu des produits Reuge jusqu’en 2000 environ nous a rendu visite pendant Baselworld. Je lui ai fait une présentation d’une dizaine de minutes et il était impressionné parce qu’il croyait que nous ne produisions toujours que de simples boîtes à musique avec ballerine. Nous en avons encore, mais il y a aussi Reuge 2.0 qui est quelque chose de complètement différent. »

Reuge a aussi eu du succès dans des « concept stores » beaucoup plus éloignés du seul monde horloger. Pour les revendeurs de montres, ils s’inscrivent dans la même logique de réussite : tout simplement offrir davantage au client. « Prenez le Curiosity Store à Lausanne par exemple, explique M. Kupper, il vend de tout, des nains de jardin à du cristal de Baccarat. Tout est très beau et bien pensé, et ça marche. J’ai vu d’autres exemples dans d’autres pays qui fonctionnent tout aussi bien. »

Reuge a aussi surpris le monde des affaires à Genève en reprenant l’ancienne boutique De Bethune au cœur du centre ville. « Les gens me demandent pourquoi nous avons un magasin à Genève », raconte M. Kupper. « D’un côté, c’est bien d’avoir une petite vitrine, mais plus important encore cela signifie que j’ai une salle de réunion à Genève. Si j’ai des clients à Genève et qu’il est tard un samedi soir, je peux leur offrir un café et ouvrir le magasin. Et mieux encore : comme le magasin ne fait que 30 mètres carrés et que nous n’avons que trois chaises, les 20 personnes qui les accompagnent doivent attendre dehors, donc j’ai toute l’attention des VIP (rires). Essayez de faire cela avec Louis Vuitton, Cartier ou Hermès. Vous auriez immédiatement des problèmes avec la sécurité et l’assurance. C’est une approche différente. »

Pleins feux sur Reuge 2.0

C’était rafraîchissant de discuter avec Kurt Kupper pendant Baselworld du fait de son attitude vis-à-vis du business. Il reconnaît les problèmes que son industrie affronte mais également les opportunités qui s’offrent à lui. Il s’efforce aussi résolument de s’entourer de « gens qui ont une vision et une stratégie » (ce qui explique la présence annuelle de Reuge au World Economic Forum de Davos). De plus sa devise colle parfaitement à l’environnement économique actuel sans mentionner une seule fois le commerce électronique : « Nous devons être ouverts aux affaires lorsque les affaires viennent. »

 

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