La confession de Maximilian Büsser

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Maximilian Büsser makes a confession - Reuge
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Büsser n’a pas créé que le collectif horloger de ses ‘friends’. Avec Reuge, il a aussi inventé la philanthropie horlogère. Ou plutôt, l’a popularisée.
Nous sommes à Edimbourg, en 2011. Maximilian Büsser assiste à un gala. A côté de lui, un financier de renom, dirigeant d’une grande banque. Tous deux amateurs de beaux objets finissent inévitablement par évoquer l’horlogerie. Maximilian Büsser est déjà un acteur incontournable du milieu. Pourtant, ce jour-là, son voisin le pique à vif.
Lorsque le fondateur de MB&F lui demande son dernier coup de cœur horloger, l’homme, stoïque, ne lui octroie qu’un mot, un seul : « Reuge », répond-il. Reuge, le fabricant de boîtes à musique? Un investissement surprenant pour un financier si avisé! Lequel, dans le même souffle, rétorque sans attendre: « Avec Reuge, je ne recherche aucun retour sur investissement. Cette maison est si exceptionnelle qu’elle doit vivre et se développer ». Maximilian Büsser resta songeur. Quelques jours. Quelques mois. Et finit par se saisir de son carnet de croquis.


Une machine d’un nouveau genre

« J’ai créé MB&F pour développer des projets uniques, beaux, jamais vus. J’avais les créations Reuge sous les yeux, si proches de notre esprit, et pourtant, je n’avais jamais songé à une collaboration », confesse aujourd’hui Maximilian Büsser.

Qu’est ce que je pouvais bien faire pour rendre hommage à Reuge ?
La maison Reuge est en effet depuis 150 ans synonyme de mouvements musicaux. Ses premières montres de poche musicales datent de 1865, à une époque où nombre des manufactures que l’on connaît aujourd’hui n’étaient même pas encore nées. D’origine familiale et restées aux mains des Reuge pendant plus d’un siècle, la maison a constamment évolué avec son temps, des automates musicaux jusqu’aux diffusions sonores les plus modernes, tel le mp3.
Avec ce patrimoine inestimable à l’esprit, une seule question assaille Maximilian Büsser: « Qu’est ce que moi, à mon tour, je pouvais bien faire pour rendre hommage à Reuge ? ». La réponse s’impose d’elle-même. Elle est inscrite dans l’histoire de MB&F : une nouvelle ‘Machine’. Celle-ci ne sera pas ‘Horological’, mais tout simplement ‘Music’, offrant le meilleur des univers des deux marques.

Reuge-MusicMachine-MB&F
Coup de poker

La créer était pourtant un exercice audacieux : MB&F évolue dans l’univers des années 60 et 70, des super héros, des dessins animés, quand Reuge travaille le bois et joue sonates et concertos.
Maximilian Büsser veut pourtant mener l’exercice à terme et le faire sans compromis. Il n’y aura pas de mi-chemin entre l’univers de Reuge et celui de MB&F : a-t-on déjà vu un vaisseau spatial jouer un prélude de Bach lorsqu’on lui ouvre le cockpit ? Le résultat, au lieu de satisfaire à moitié les amateurs des deux marques, en aurait déçu la totalité.

Le génie des artisans Reuge est sans limite.
Le créateur de  MB&F tente alors le tout pour le tout et accouche d’un plan...fini ! « J’y suis allé sans détour : je suis allé chez Reuge avec le concept exact tel que je le voulais. Je leur ai donné en leur disant : « Vous pouvez me faire ça ? ». Ils ne m’ont rien garanti, mais m’ont demandé une seule chose : 12 mois. Et au bout de ces 12 mois, j’avais ma MusicMachine sur mon bureau, strict copié-collé de ce que je leur avais donné en plan. Le génie des artisans Reuge est sans limite ».

Cette maîtrise technique, Reuge l’a patiemment façonnée au cours du dernier siècle et demi.   C’est aujourd’hui la seule maison capable de retranscrire n’importe quel morceau de musique jusqu’à 6 ou 7 octaves, en un piano mécanique de 36, 72 ou 144 lames. L’exercice proposé par Maximilian Büsser étaient donc dans le droit chemin créatif de la maison.

Reuge-MusicMachine-MB&F
Coup de maître

La MusicMachine est présentée à Baselworld 2013. Elle n’a qu’un seul défaut : c’est une série limitée de 66 exemplaires ! « J’en avais commandé 33 noires et 33 blanches. Je m’étais dit que si j’en vendais la moitié, ce serait déjà bien », confesse Maximilian Büsser aujourd’hui. Résultat : MB&F a reçu précisément 85 commandes fermes. Certains magasins ayant commandé jusqu’à 20 pièces ont donc dû revoir leurs prétentions à la baisse... Et lorsque l’on parle de véritable philanthropie, de préservation du patrimoine des métiers d’arts, il faut préciser que MB&F n’a dégagé aucune marge de l’opération : les commandes étaient prises directement par Reuge, exécutées par Reuge et livrées par elle.

Fidèle à sa devise, MB&F ne refera jamais cette MusicMachine. Les dernières sont en cours de production et devraient être livrées cette année. La fin d’une histoire? Son commencement, plutôt, car Maximilian Büsser ne cache pas que, face à ce succès inespéré, il travaille à d’autres projets avec Reuge. Baselworld 2014 dansera probablement au rythme du nouveau ‘Friend’ de MB&F. On sait par exemple que la maison Reuge est capable de concevoir et fabriquer un assortiment complet d’oiseaux chanteurs et de montres musicales avec ou sans automate. De quoi alimenter l’imagination de MB&F !

 

Écoutez les mélodies

 

Star Wars - 1977 (J. Williams)
Imperial March - 1980 (J. Williams)
Star Trek - 1979 (J. Goldsmith)


The Wall - 1979 (Pink Floyd)
Smoke On The Water - 1973 (Deep Purple)
Imagine - 1971 (John Lennon)