Interview de Philippe Leopold-Metzger, CEO

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Our SIHH 2015 chat with Philippe Léopold-Metzger - Piaget
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Piaget a vu le jury du GPHG sélectionner ses montres dans six catégories (Dame, Haute Mécanique pour Dame, Homme, Chronographe, Joaillerie et Métiers d’art).

Avec six montres sélectionnées au GPHG, Piaget obtient le meilleur résultat parmi toutes les marques candidates, comment avez-vous réagi en l’apprenant ?
Tout d’abord, j’étais heureux de participer à nouveau au GPHG, qui a su séduire la majorité des grandes marques et qui doit persévérer dans cette voie. L’industrie horlogère a tout intérêt à s’accorder sur un Grand Prix qui soit une référence incontestable, ce qu’il est devenu. Le décor du Grand Théâtre de Genève est spectaculaire et il faut saluer la vision de ses fondateurs à l’époque, les autorités fédérales et cantonales y assistent depuis, son aura est dorénavant internationale et surtout la composition de son jury lui confère une crédibilité incomparable. Le fait d’avoir élargi le nombre de catégories est également positif car cela permet de récompenser les marques actives dans les différentes facettes de l’horlogerie. Piaget a beaucoup soutenu le GPHG dans le passé et doit continuer dans ce sens. Pour répondre à votre question, nous étions très contents, c’est indéniable. D’autant que les montres sélectionnées sont très représentatives de notre ADN. Nous n’avons pas choisi les montres les plus serties mais les plus proches de l’univers de la marque aujourd’hui.

Quelle sélection vous apporte personnellement le plus de satisfaction ?
Piaget est reconnu pour son rôle moteur dans les montres plates et il n’est pas étonnant de voir les Altiplano recevoir un si bon accueil, mais nous étions peut-être moins attendus dans la catégorie Métiers d’arts, où notre Altiplano Scrimshaw a été retenue. Piaget en a beaucoup réalisées dans les années 1960-70, et sans vraiment communiquer dessus. C’est un créneau que nous occupons à nouveau depuis quelques années à travers la collection Art & Excellence. Nous les exposons en général lors d’occasions telles que la Biennale de Paris, en les mariant à des créations joaillières. Cette collection propose tout de même 38 montres en séries très limitées ou en pièces uniques. Si l’émail est travaillé chez nous depuis longtemps, nous avons développé depuis des techniques artisanales de gravure bolino, scrimshaw, mais aussi la micro-mosaïque, la broderie ou la laque, en intégrant de plus en plus les métiers.

Piaget Altiplano Scrimshaw

« Il faut se montrer plus agile que par le passé, mais le business est là. »

Que souhaiter de plus au Grand Prix d’Horlogerie de Genève ?
Aujourd’hui, le GPHG est bien structuré, son jury est très représentatif, il fonctionne très bien ainsi. Il faudrait naturellement que toutes les marques genevoises comprennent qu’elles y ont leur place. Aux Oscars par exemple, tous les studios de cinéma participent, même si seuls quelques-uns sont récompensés. Le GPHG envoie des messages positifs de notre industrie, crée du buzz, intéresse le public et les médias, ses effets sont bénéfiques pour l’ensemble de l’industrie.

Piaget participe par ailleurs pour la 6e fois à Only Watch, quelle importance revêt cette biennale à vos yeux ?
Piaget a toujours été très actif dans le monde caritatif, nous soutenons beaucoup de projets intéressants afin de les aider à obtenir des moyens. C’est pour Piaget un acte caritatif et non un axe de communication, comme c’est le cas pour beaucoup de marques. Il ne faudrait pas qu’Only Watch devienne un baromètre de la valeur des marques. Je ne sais pas encore comment se positionnera Piaget à l’issue de cette édition et si nous devrons adapter notre stratégie à cet égard.

Que pensez-vous de l’élargissement du SIHH à neuf petites marques indépendantes ?
Il s’inscrit dans la lignée de ce qui a toujours été fait : depuis son origine le SIHH a accueilli et servi de tremplin à des marques telles que Roger Dubuis ou Franck Muller, donc il y a une logique. En l’occurrence, ce sont des marques qui ont atteint un degré de maturité et d’excellence qui rendent leur concurrence qualitative. Par ailleurs, cela montre que la Fondation de la Haute Horlogerie jouit d’une certaine indépendance par rapport à Richemont, et que le groupe s’intéresse lui-même à la pérennité du métier.

Piaget Altiplano 1200s.

Malgré la conjoncture incertaine, voyez-vous des signes positifs pour l’industrie?
Absolument. C’est vrai que la lecture de la presse économique s’avère incroyablement déprimante, mais en même temps je constate que la plupart des groupes restent en progression, à l’image de Richemont qui a annoncé des ventes en hausse de 16% sur les cinq premiers mois en Euros, et de 4% à taux constant. Certes, les marques joaillières s’en sortent mieux car le bijou se développe beaucoup plus vite que la montre en ce moment, et l’on constate aussi un changement de comportement de la clientèle qui s’avère plus attentive aux prix. Ceci dit, on voit toujours des montres très compliquées et des pièces de haute joaillerie s’envoler à des prix très élevés. On assiste toujours à la création de nouvelles fortunes, notamment en Chine. Géographiquement il y a beaucoup de mutations, les clients ne consomment plus forcément aux mêmes endroits, et voyagent beaucoup plus. A nous de savoir capter leur attention. L’offre abondante de médias horlogers et de nouveaux médias digitaux nous y aide, tout comme les boutiques monomarques : aujourd’hui les clients sont surinformés, mais cela contribue à alimenter leur appétit. Surtout, le signe positif que je perçois, réside dans la force des marques, qui sont bien plus solides et créatives que par le passé. Notre esprit pionnier dans l’ultraplat ne nous met plus à l’abri de la concurrence, ni Vacheron Constantin sur le segment du métier d’art qui a longtemps été sa chasse gardée. Aujourd’hui les marques se développent sur de très nombreux créneaux, la compétition s’intensifie, il faut se montrer plus agile que par le passé, mais le business est là.
 

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