La puissance du moteur de créativité chez Montblanc

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The horsepower in Montblanc’s creative engine - Montblanc
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Au Festival de vitesse de Goodwood cette année, nous nous sommes entretenus avec le directeur artistique de la marque, Zaim Kamal, au sujet de ses inspirations et du design horloger chez Montblanc.

Vous êtes Global Creative Director chez Montblanc. Qu’est-ce que ce rôle implique ?
Je suis directeur artistique depuis plus de quatre ans et je suis responsable de toutes les catégories de produits. Mon équipe de designers et moi créons tous les produits que vous voyez dans les boutiques, que ce soit des instruments d’écriture, de la maroquinerie, des montres ou des accessoires.

La puissance du moteur de créativité chez Montblanc

Comment travaillez-vous avec Davide Cerrato sur la conception des montres Montblanc ?
Nous collaborons très étroitement. Lorsque Davide est arrivé, c’était génial, parce que c’est quelqu’un qui possède une connaissance approfondie des montres sportives et professionnelles, un domaine que je connaissais mais j’étais plus attiré par les codes de l’horlogerie classique. Nous partagions aussi la conviction que les clients s’intéressaient davantage à la provenance d’une pièce. Donc plutôt que de leur dire ce qu’une montre peut faire, nous voulions leur expliquer ce qu’elle représente. Nous avions déjà commencé à travailler sur la collection 1858 avant son arrivée, donc quand il a débarqué nous avons pu exploiter son savoir et faire avancer les choses. Puis, nous avons commencé à travailler ensemble sur la collection Timewalker, ce qui était parfait étant donné sa connaissance des montres sportives et professionnelles.

La puissance du moteur de créativité chez Montblanc

Rares sont les marques disposant de quelqu’un comme vous qui prend la responsabilité globale du design pour des catégories de produits si différentes. Est-ce un défi ?
C’est quelque chose qui s’est fait simplement. Je suis un créateur de mode et de la mode je suis passé aux accessoires. Lorsque Montblanc m’a proposé le poste de directeur artistique global, j’ai sauté sur l’occasion. Lorsque j’ai commencé, nous avions un studio, trois usines différentes et des catégories différentes. J’ai essayé d’établir une feuille de route. J’ai fermé le studio de création de Paris et j’ai installé les designers au sein même des usines. Puis, j’ai commencé à disposer les designers en fonction des différentes catégories. Stratégiquement, cela avait du sens de construire cela. Avec le recul, si vous m’aviez demandé à l’époque comment je pourrais superviser quatre catégories de produits différentes, j’aurais probablement répondu que ce serait impossible. Mais nous avons tous évolué.

Venant de la mode et des accessoires, avez-vous dû adapter votre processus de création pour le design de montres ?
En fait, le monde de la mode m’a bien préparé à travailler avec Jérôme Lambert [ndlr: ancien CEO], parce qu’il travaille à une vitesse tellement phénoménale ! Le fait de passer de la mode aux accessoires m’a aussi habitué à travailler avec différents artisans et ma tête basculait sans arrêt des chaussures aux sacs, à la joaillerie, aux chapeaux… Maintenant je pourrais être à Florence en train de travailler avec l’équipe du cuir, mais en même temps l’équipe des instruments d’écriture à Hambourg pourrait m’envoyer des dessins pour la prochaine édition limitée et l’équipe horlogère pourrait m’appeler pour me demander mon avis sur de nouveaux index horaires.

Vous avez mentionné l’aspect de la vitesse, mais les délais en horlogerie sont plus longs. Comment organisez-vous la conception de montres avec celle d’autres catégories de produits ?
C’est une simple question de planification. Nous avons lancé une nouvelle ligne de bagages il y a quelques semaines à Florence. Donc lorsque je parle de la phase de design pour cette ligne, je dois remonter à presque deux ans en arrière. Je travaille déjà sur les collections 2021-2022 donc je suis très en avance. Je suis sans cesse en train de me projeter en arrière et en avant dans le temps, et pour cela je dois être structuré.

La puissance du moteur de créativité chez Montblanc

En ce qui concerne l’horlogerie, je me souviens avoir commencé chez Montblanc en mai et le premier SIHH était en janvier de l’année suivante. Nous avons présenté la Bohème et la Spirit et un journaliste m’a demandé à quoi nous avions renoncé pour lancer deux nouvelles montres en neuf mois alors que cela prend au moins deux ans. Je lui ai répondu qu’en fait nous n’avions renoncé à rien, bien au contraire ! Le fait de travailler dans un domaine comme l’horlogerie où l’équipe de designers collabore très étroitement avec les fabricants de mouvements et de boîtiers permet déjà de gagner beaucoup de temps.

Ces dernières années on a pu constater une augmentation continue de la valeur des montres Montblanc. Est-ce quelque chose que vous avez délibérément cherché ?
Oui, mais il faut penser plus large. Ce n’est pas que moi, ce n’est pas qu’un designer de mouvement, c’est un processus itératif qui pourrait impliquer de nombreuses personnes. Ce que j’adore dans mon travail chez Montblanc c’est que quelqu’un peut proposer une idée et ensuite tout le monde va y travailler de concert. Comme nous avons la recherche et le développement ainsi que la production à l’interne, nous pouvons travailler beaucoup plus vite et aller beaucoup plus au fond des choses. Cela nous a permis de « partager la passion pour l’horlogerie de luxe », le concept imaginé par Jérome Lambert.

Quelle est l’importance de l’héritage Minerva à vos yeux ?
Il est extrêmement important. Pour Minerva et pour les instruments d’écriture, nous avons un tel historique et tant de raisons d’être. On ne peut plus simplement lier le nom d’une marque à un produit. Les nouveaux clients, en particulier, cherchent le sens derrière un produit. Vous pouvez donner à cette génération le nom que vous voulez, mais j’aime les appeler « des alchimiste numériques » et ils ont un instinct primitif. Lors des dix dernières années, des artisanats comme la chapellerie, la vannerie, la porcelaine et même la cuisine ont connu un regain de popularité. C’est parce que les gens veulent comprendre les artisanats en danger de disparition. Nous avons des archives qui remontent à 110 ans pour les instruments d’écriture et à 160 ans pour Minerva, c’est une source infinie d’inspiration.

Est-ce que le Festival de vitesse de Goodwood est une source d’inspiration ?
J’assiste à ce festival depuis 12 ans. C’est une grande source d’inspiration parce que, comme Montblanc, il est né de la passion et il s’efforce d’atteindre l’excellence. Goodwood représente un état d’esprit. Il ne s’agit pas que de course de côte mais aussi de tout ce qui va avec. Bien sûr il y a un aspect compétitif, mais une fois de plus il y a du sens derrière l’événement et de la passion derrière les gens qui participent.

La puissance du moteur de créativité chez Montblanc

Pour vous, quels autres domaines sont comparables au Festival de Goodwood en matière d’inspiration ?
L’équitation. Je suis un cavalier passionné. De fait, mes écuries se trouvent très près de Goodwood. Je voyage presque toute la semaine, mais je passe une grande partie du week-end dans mes écuries avec ma fille. Pendant la semaine, je communique avec les gens et je leur transmets mes idées, et c’est pareil avec les chevaux, mais je dois aussi les écouter. Lorsque je monte à cheval, cela m’éclaircit l’esprit et de nouvelles idées émergent. L’inspiration ne vient pas d’une source unique et ne surgit pas de nulle part. C’est un gros travail et il faut mélanger différentes idées et essayer des choses différentes. Lorsque cela marche, on ne crie pas « Eureka ! », on pousse juste un soupir de soulagement.

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