Interview de Davide Cerrato

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Interview with Davide Cerrato - Montblanc
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Le directeur de la Division Montres de Montblanc nous parle du 160ème anniversaire de Minerva, de la collection 1858 et des montres connectées.

La première collection sur laquelle vous avez travaillé pour Montblanc est la TimeWalker. Nous avons vu quelques nouveaux modèles cette année. Comment la collection a-t-elle évolué durant ces deux dernières années ?
Effectivement, 2017 a été une année fondatrice pour le lancement de montres sportives et nous avons examiné en détail l’histoire de Minerva pour trouver des liens avec le sport automobile et la performance. Une exploration incroyable du chronométrage a eu lieu chez Minerva pendant la première moitié du 20ème siècle avec des compteurs qui étaient soit des outils pour mesurer la performance, en particulier des périodes de temps brèves (d’un cinquième de seconde à un centième de seconde en 1936), ou qui étaient spécifiques à des sports en particulier, comme le rallye, le football, l’aviron et l’équitation. En exploitant cet héritage exceptionnel, nous avons créé le concept « spirit of racing » pour soutenir et inspirer le nouveau lancement et la refonte de la collection TimeWalker.

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Cette plate-forme de communication a aussi été enrichie par un partenariat de cinq ans avec le Goodwood Festival of Speed, qui est l’un des trois événements les plus importants au monde pour les amateurs de voitures et nous permet d’entrer en contact avec les vrais passionnés d’automobile. D’ailleurs, cette année, nous allons présenter quelques nouveaux modèles dans la ligne de produits TimeWalker au Festival of Speed pour fêter ce partenariat. Puis, en septembre, le chronographe « panda » avec le nouveau mouvement maison MB 29.25 arrivera dans les boutiques. Et nous aurons aussi la version panda inversée du chronomètre de rallye avec un bracelet en cuir de vachette couleur cognac pour un look plus vintage.

Vous avez également présenté la collection 1858 cette année en même temps que la célébration du 160ème anniversaire de Minerva. Cela était-il prévu dès le départ ?
Lorsque nous avons étudié l’histoire de Minerva, nous avons décidé que nous ne souhaitions pas la célébrer de façon banale avec de vieilles photos de l’usine et des horlogers, mais plutôt nous intéresser aux produits de l’époque. Finalement, nous nous sommes penchés sur trois périodes clés de l’histoire de la compagnie : tout d’abord, de 1858 aux débuts des années 1920, il y avait de nombreuses montres classiques tandis que la tendance passait des montres de poche aux montres bracelets (c’est l’esprit derrière les nouveaux modèles Star Legacy que nous avons présentés cette année) ; deuxièmement, il y a la période des années 1920 jusqu’à la fin des années 1950, lorsque nous avons vu tous les compteurs qui ont inspiré la TimeWalker et la Rally Timer en particulier ; et finalement des années 1930 aux années 1940 il y a la période des montres militaires où se trouvent quelques-unes des montres Minerva les plus recherchées par les collectionneurs. Nous avons décidé d’inclure ce troisième chapitre pour nous pencher sur les célèbres explorateurs du passé qui, assez naturellement, choisissaient des montres militaires à cause de leur robustesse, de leur résistance et de leur lisibilité. Cela a conduit à la collection 1858 avec une large variété de modèles de 2'500 à 50'000 francs suisses et un grand choix de matériaux comme l’acier, le bronze et la combinaison des deux avec des bracelets NATO faits à la main.

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Dans une précédente interview à WorldTempus, vous avez mentionné la possibilité d’un musée Minerva. Cela est-il envisageable dans un futur proche ?
Cela nous a pris plusieurs années de cataloguer toutes les pièces historiques chez Minerva et nous avons une immense collection. Malheureusement, nous manquons pour l’instant de place pour exposer ces pièces. Nous les emportons sur des événements et les montrons lors de visites de l’usine Minerva, mais nous n’avons pas encore un espace vide qui nous permettrait de les exposer de façon permanente. Mais c’est assurément l’un de nos projets.

L’utilisation de bracelets NATO et de bronze est-elle destinée à attirer des clients plus jeunes ?
Absolument. Il y a une notion de « recrutement » pendant le développement des montres Montblanc, car il y a encore un certain nombre d’amateurs de montres qui ignorent que Montblanc fabrique des garde-temps. En ce qui concerne les designs et les matériaux, nous voulons une nouvelle approche, plus ludique, car ce segment est très concurrentiel et les clients sont très exigeants. Le bronze que nous utilisons, par exemple, est un peu différent parce que nous recourons à un alliage de bronze et d’aluminium qui va acquérir une patine très belle et homogène. Nous avons également introduit une montre bicolore en acier et bronze, ce qui est assez unique sur le marché. Nous avons été une des premières marques horlogères, par exemple, à proposer une montre verte, et maintenant cette année tout le monde le fait.

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Le modèle Geosphere arrive en ce moment dans les boutiques. Est-il le pont parfait entre les modèles d’entrée de gamme de Montblanc au prix très agressif et ceux équipés de mouvements Minerva qui sont beaucoup plus chers ?
Minerva et Montblanc sont un phénomène assez inhabituel dans l’industrie, car nous avons deux usines séparées, dont une est historiquement spécialisée dans les mouvements haut de gamme finis à la main. L’un des défis auquel nous avons dû faire face est la façon de les faire fonctionner en parallèle et faire en sorte que l’histoire et l’héritage de Minerva soient intégrés dans la collection Montblanc. Nous y sommes parvenus en les incorporant tous les deux lorsque nous dessinons autour d’un thème comme l’exploration pour la collection 1858.

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La Geosphere incarne en effet parfaitement la nouvelle offre horlogère de Montblanc. Elle a un design sportif vintage unique avec une allure intemporelle qui semble avoir été là depuis toujours et résistera à l’épreuve du temps. De plus son mouvement technique exceptionnel a été développé à l’interne pour fournir une indication de fuseaux horaires multiples facile à manipuler.

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Il est très intéressant de voir à quel point les différents modèles s’adaptent bien à la ligne de produits 1858 dans son ensemble. Le thème de l’exploration en haute montagne et une évidente touche vintage de montre-outil d’extérieur s’imposent dès les modèles d’entrée de gamme, qui ont déjà un design et des matériaux uniques, jusqu’aux chronographes automatiques en acier ou bronze, la Geosphere à mouvement maison et l’étonnant chronographe mono-poussoir équipé d’un mouvement Minerva en coloris vert anglais. La collection est couronnée par les deux montres de poche d’exploration en éditions limitées en titane ou en bronze avec des cadrans en pierre, mouvements Minerva et un fond avec fermoir contenant une véritable boussole. Elles racontent une histoire avec un langage très riche qui parle à n’importe quel connaisseur et à tous les budgets.

Montblanc a été parmi les premières marques de luxe à lancer une montre connectée qui est meilleur marché que ses concurrentes. Comment voyez-vous le développement de ce segment ? Est-il encore prometteur ?
C’est un segment intéressant parce qu’en pleine évolution. Mais, en même temps, il est aussi très concurrentiel et les barrières d’entrée sont très importantes, elles dépendent des partenariats avec les fournisseurs de technologie qui ont très habilement limité le nombre de marques avec lesquelles ils travaillent. Montblanc a aussi eu l’intelligence de tenter l’aventure relativement tôt pour éviter de rater le train, voire d’être exclu de ce business. Il était idiot de penser au début que cela pourrait tuer l’offre mécanique. Il s’agit simplement d’une nouvelle catégorie de produits qui existent parallèlement à ceux qui existent déjà. Vous les portez à votre poignet comme une montre et vous avez l’esthétique d’une montre, mais ce sont des appareils électroniques grand public.

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