« Minerva est une véritable mine d’or »

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“Minerva is a real gold mine” - Montblanc
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Rencontré à la manufacture Minerva de Villeret, Davide Cerrato, Directeur Général de la Division Montres de Montblanc, nous parle de l’importance de Minerva pour Montblanc.

Fondée en 1858 dans le village de Villeret, dans la vallée de Saint-Imier, à une vingtaine de kilomètres de la métropole horlogère de La Chaux-de-Fonds, la manufacture Minerva est restée pendant des décennies en mains familiales. Au cours de ses 161 ans d’histoire, elle n’a jamais cessé de produire des montres et, dans la première moitié du XXe siècle, ses compteurs mécaniques utilisés pour le chronométrage d’épreuves sportives – notamment son chronomètre au 1/100e de seconde de 1916 – ont fait sa réputation. Elle appartient aujourd’hui au groupe Richemont.

Le groupe Richemont a racheté Minerva en 2006, mais ce n’est que depuis quelques années que Montblanc exploite l’héritage de Minerva. Etes-vous à l’origine de ce développement ?
Tout à fait. Quand je suis arrivé chez Montblanc, Jérôme Lambert en était le CEO et il avait déjà entamé la partie de refonte de la collection plutôt classique. Avec mon expérience chez Tudor, Rolex et Panerai, j’ai plutôt une sensibilité sport et il était évident pour moi que Montblanc se devait aussi d’avoir une belle offre sportive. L’histoire de Minerva est fortement ancrée dans la performance et le chronométrage, notamment sportif. Nous souhaitions réaliser une vraie intégration, exploiter Minerva pour inspirer un nouveau design et surtout communiquer sur ses 161 ans l’histoire. Ces dernières quatre années, nous avons donc avec Nicolas Baretzki mis en place la communication sur l’histoire de Minerva, en sortant des pièces spécifiques des archives, en utilisant la manufacture elle-même comme outils de communication et en exposant certaines pièces historiques dans les grandes boutiques, comme  celle de Genève. Parallèlement, nous avons réduit l’offre de la collection Montblanc afin de reconstruire son identité horlogère.

« Minerva est une véritable mine d’or »

En rachetant Minerva, Richemont avait-il le projet de l’associer à Montblanc ?
A cette époque, tout le monde essayait de récupérer des outils de production pour être indépendant, et Minerva était un outil de production. Il a été décidé d’attribuer Minerva à une marque en particulier pour qu’elle lui soit utile, et heureusement, le choix s’est porté sur Montblanc.

Minerva représente-t-elle une source d’inspiration infinie pour Montblanc ?
Oui, tout à fait. C’est une véritable mine d’or. Le patrimoine est tellement riche que nous n’avons pas encore eu le temps de nous y plonger en détail, nous n’avons fait que l’explorer. Il existait bien sûr un certain nombre d’éléments saillants que nous avons utilisés en priorité. Mais lorsque j’ai un peu de temps pour me rendre dans les archives, je tombe à chaque fois sur un cadran possédant des éléments intéressants, un mouvement avec une finition particulière, des couleurs ou des formes d’index singuliers, ou encore des documents exploitables.

« Minerva est une véritable mine d’or »

Envisagez-vous d’utiliser cette inspiration Minerva pour les montres féminines également ?
Je pense que oui. Lorsque nous avons lancé la collection 1858, nous avons découvert que l’association Montblanc, Minerva et vintage fonctionnait très bien. Nous avons pris comme base les montres militaires Minerva, qui ont toujours été liées à l’exploration, pour créer une ligne vintage. Mais nous n’avions jamais fait de montres de sport, ni de vintage. Comment le public allait-il accueillir cela était une inconnue. Au final, tout le monde a dit : « Mais bien sûr, ça c’est Montblanc, ça fonctionne super bien ». Appliquer une dimension plus vintage à l’offre féminine également pourrait tout à fait être notre prochaine étape. Actuellement, les modèles Bohème et Star Legacy sont plutôt contemporains dans leur expression mais je pense que nous pourrions leur ajouter un peu plus de texture vintage pour leur amener encore davantage de raffinement.

Les modèles 1858 de cette année allient le vintage, le bronze, la couleur verte, l’esprit montagne et nature. Une association gagnante pour cibler un public plus jeune ?
Absolument. Ouvrir la marque au sport signifiait déjà s’adresser à une clientèle plus jeune, avec davantage de dynamisme et d’émotions. La marque se nomme Montblanc, elle a la montagne comme symbole et l’étoile représentant les six glaciers du Mont Blanc. Tout cela est très émotionnel et, de surcroît, terriblement dans l’air du temps, avec l’écologie et le retour à la nature. Nous avions là les ingrédients pour quelque chose d’assez unique, avec Montblanc, la marque la plus légitime dans cet univers-là, et avec Minerva et son histoire d’instruments de mesures de la performance et ses montres militaires. Il a simplement fallu mettre tous ces ingrédients ensemble. Nous avons commencé avec une offre autour de cadrans noirs et de boîtiers en acier et bronze, et, au fur et à mesure, nous avons joué avec ces éléments et développé la couleur verte, le bronze, les cadrans dégradés, les bracelets en cuir vieilli ou manchette, et la montre de poche exploration. C’est notre manière de développer les produits : à partir d’un concept - l’exploration de la montagne – nous allons chercher les éléments que nous mettons ensemble afin que cela fasse du sens. 
« Minerva est une véritable mine d’or »

« Minerva est une véritable mine d’or »

Les deux manufactures de Villeret et du Locle travaillent-elles de concert ?
Tout à fait. Elles travaillent ensemble et sont très intégrées. A Villeret est focalisée toute la partie haut de gamme – montres et finitions faites mains – alors qu’au Locle est développé le reste de notre offre. La manufacture de Villeret accueille aussi désormais le « test 500 heures » de qualité et nous commençons aussi à l’utiliser pour fabriquer certains composants de mouvements, comme les quantièmes perpétuels ou la Géosphère. L’intégration se fait au niveau du personnel également puisque nos collaborateurs se déplacent fréquemment de l’une à l’autre pour se former sur les deux métiers – celui plus artisanal, plus rare et spécifique du haut de gamme, et celui du reste de notre offre, où la qualité, la fiabilité et l’attention aux détails doivent cependant être au même niveau.

Montblanc a signé un partenariat de 5 ans avec le festival de vitesse de Goodwood. Une autre influence de Minerva ?
Oui. Il s’agit de la même démarche que celle à l’origine du concept de l’exploration de la montagne, mais cette fois-ci avec TimeWalker, qui fut notre première expression sportive. Les compteurs historiques de Minerva étaient déjà à l’époque liés à l’univers automobile – regardez cette affiche du Grand Prix de Reims de 1954, avec Minerva comme chronométreur officiel. Nous avons décidé de reprendre la RallyTimer de Minerva et de nous en inspirer pour le design de toute la ligne de produits. Mais nous avions aussi besoin de quelque chose qui nous permette de raconter et donner vie à tout cela. Nous nous sommes tournés vers Goodwood, qui est l’un des trois ou quatre événements automobiles incontournables au niveau mondial. Il y a non seulement des courses, mais aussi des expositions de voitures et de motos, la présence de restaurateurs de voitures, de passionnés, de pilotes. Goodwood est une véritable célébration de la passion automobile.  La TimeWalker a été pensée comme un « Instrument of Glory » pour accompagner ce succès incroyable. Chaque année, nous réalisons une montre spéciale pour cette compétition, que nous présentons à Londres pendant l’événement. 

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