Le prodige discret

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The discreet prodigy  - Interview with Romain Gauthier
Romain Gauthier fête les 10 ans de sa marque éponyme avec un beau cadeau : sa pièce Logical One Secret trône dans la sélection du Grand Prix de l’Horlogerie, catégorie métiers d’art. Sa créativité appliquée - déjà récompensée par un prix en 2013 – s’appuie sur une expertise de la production qu’il met aussi au service des autres.

Comment votre projet de marque est-il né y a 10 ans ?
Ingénieur mécanicien chez un producteur de composants horloger, j’avais déjà envie de construire quelque chose. A l’armée, en 2000, je potassais mes bouquins de MBA en gestion d’entreprise. Un jour, mon patron m’a proposé de devenir son bras droit, j’ai refusé et lui ai montré les plans de mon futur mouvement. Fair-play, il a mis l’outil de production à ma disposition pendant les heures vides. J’avais appris à fabriquer des composants avant de concevoir un mouvement, j’étais lucide sur les problématiques de faisabilités et de coût de cette industrie : cela m’a permis de présenter un business plan complet à la BCV. J’ai été soutenu alors que beaucoup de projets horlogers peinaient à convaincre.

Quel rôle a joué P. Dufour dans cette aventure?
Quand j’ai commencé les calculs pour mon mouvement, j’avais beaucoup de questions. Pour moi, Philippe est une référence absolue. Aussi, il est l’un des rares horlogers à fabriquer ses composants. Nos échanges m’ont beaucoup aidé puis une distance s’est faite naturellement, malgré notre proximité à la Vallée de Joux ! Je devais voler de mes propres ailes. Lorsque la première pièce a fonctionné, avant même de la commercialiser, je lui ai présentée. Il m’a tiré son chapeau. Plus tard, il m’a aussi mis en relation avec The Hour Glass, en détaillant clé en Asie.

 

Un conseil pour le jeune entrepreneur que vous étiez ?
Fais autre chose mon garçon ! Je plaisante mais cette industrie c’est Star Wars, et je suis un petit Jedi. On essaye de faire de « vraies choses » sans avoir de voix pour en parler, d’autant plus face à des mastodontes. Il faut avoir les reins solides et être sacrément motivé par l’envie de créer. Je m’indigne aussi de certaines aberrations du métier. Par exemple les marques qui mettent en avant le grand nombre de composants d’une pièce. Cela ne veut rien dire, on joue avec la naïveté des gens : c’est juste un risque accru de perdre en précision ! C’est la recherche de la force constante qui a fait naitre le concept de chaine et came pour la Logical One. J’ai conscience que c’est un luxe de faire de l’horlogerie comme on le fait.

Qu’est-ce que cela vous apporterait de gagner le Grand Prix avec la Logical One Secret ?
Gagner le Grand Prix est une véritable opportunité pour la notoriété mais il faut savoir en profiter. En 2013, nous n’avons pas surfé sur la vague. Un Prix pour la Logical One Secret serait la reconnaissance d’un travail incroyable tant au niveau du décor qu’au niveau mécanique, alors que les premières versions étaient passées pour de simples pièces « joaillerie». L’Atelier d’Olivier Vaucher a réalisé une œuvre extrêmement périlleuse. Il y a eu autant de pierres cassées que marquetées sur le couvercle ! La reconnaissance du Grand Prix soulignerait la créativité de ma marque au-delà de la mécanique pure.

Le prodige discret

 

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