Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale des Ponts & Chaussées (Paris) et en possession d’un MBA du Collège des Ingénieurs, Grégory Dourde œuvre chez Cartier dans la Stratégie Retail avant de passer dans le Swatch Group chez Clavin Klein Watches ou encore à la Direction de sociétés de Manufacturing sous Nicolas Hayek Senior. Par la suite, après avoir notamment fondé sa société de consulting, Eleven Entrepreneurial Services SA, il devient CEO d’HYT en mai 2016. Portrait.
Qu'est-ce qui vous a d'abord intéressé dans le secteur de l'horlogerie ?
La possibilité d’exprimer dans un projet des thématiques qui m’ont toujours nourries : l’art, la science, la philosophie, et de les matérialiser dans un objet hautement émotionnel.
Quelle qualité unique pensez-vous apporter à votre marque ?
La possibilité de décloisonner des disciplines qui habituellement ne sont pas, ou peu, en dialogue. Pouvoir réunir des cultures et des équipes multidisciplinaires pour créer, inventer et donner un sens à une démarche moderne à notre horlogerie. Nous marrions souvent les oppositions comme la tradition et l’innovation, les fluides à la mécanique, des liquides immiscibles. C’est de cette tension entre ces éléments que nous dépassons, que nait une liberté créative.
Parlez-nous d'une de vos expériences qui reflète votre définition du leadership.
« Il m’est odieux de suivre autant que de guider » (Nietzsche). Le leadership doit permettre d’aider à faire grandir un esprit fort, curieux et indépendant. La créativité en découle. La rigueur en est le garant. L’appartenance d’équipe en est le socle.
Quelle montre portez-vous le plus souvent et pourquoi ?
Le modèle Soonow, car il incarne notre philosophie du temps fluidique : une pure représentation du temps qui passe qui remet en question notre perception de celui-ci. Une réflexion sur le sens que l’on donne au temps et l’importance du présent. Notre responsabilité d’en faire quelque chose. Une pièce architecturale et artistique. Une montre qui engage les conversations et dialogues.
Quel est l’accomplissement dont vous êtes le plus fier en tant que CEO ?
Entendre des clients raconter leurs expériences renouvelées de certains moments de leur vie en lien avec une nouvelle perception du temps, de sa fragilité et de son importance. Une montre ne devrait pas que donner l’heure ou n’être qu’une pièce vectrice d’émotions. Elle doit aussi donner un sens à notre temps.
Quelle est la plus grande fausse idée que les gens se font de HYT ?
Se limiter à la surface, à l’immédiat : un affichage qui indique le temps avec des liquides. Nous avons inventé une nouvelle façon de représenter le temps, de le voir et surtout de le vivre, de jour comme de nuit. C’est un projet qui donne un nouveau sens au temps et qui nous transforme. L’exercice d’éducation est d’une extrême importance car, bien qu’ayant nos racines dans l’histoire de l’horlogerie, nous nous y échappons en partie par notre vocabulaire, notre technologie, notre philosophie. Nos montres sont des objets multidimensionnels qui se découvrent dans une relation intense et non-immédiate. Mais n’est-ce pas une garantie d’amour sur le long terme ?
D'un autre côté, quelle est la chose la plus importante à propos de HYT qui, à votre avis, n'est pas assez connue du public ?
L’important projet technologique et scientifique qui l’a rendu possible n’a de sens que parce qu’il donne un sens à une expérience renouvelée avec le temps que l’utilisateur peut vivre. Même si nous nous appuyons sur la Haute Horlogerie, nous ne sommes pas que sur une surenchère technologique, ni sur un pur travail artistique. HYT redonne une fonction à la montre : transformer notre regard et notre expérience du temps.
Donnez-nous, en un mot (ou en une phrase), un indice sur les futurs projets de la marque.
Continuer de dépasser nos connaissances et notre histoire. En faire des points de départ et non pas des destinations.
