Ricardo Guadalupe, CEO d’Hublot

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Ricardo Guadalupe, CEO of Hublot - Hublot
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Période particulière, 2020 a tout de même été une année importante pour la marque, dont l'avenir s'annonce intéressant.

2020 marquait les 40 ans d’Hublot, comment aurait dû se passer cette année ?
Hublot est une marque très active, dont la spécificité consiste à activer beaucoup d’événements liés aux partenariats en particulier, qu’il s’agisse de football, de Ferrari, d’art ou d’une multitude de domaines différents avec chacun nos ambassadeurs, comme le golfeur Dustin Johnson qui vient de remporter le Masters d’Augusta. Nous avions prévu de les inviter ici à la manufacture pour une grande fête d’anniversaire réunissant plusieurs centaines de personnes sur la pelouse devant notre 2e bâtiment. Pour marquer le coup symboliquement, nous avons opté pour un événement digital basé sur une exposition, scénographiée par notre nouvel ambassadeur Samuel Ross, à la manufacture retraçant les temps forts de ces 40 ans. Tous nos abonnés sur Instagram, les clients du réseau Hublotista et une partie des médias y ont été conviés, afin d’assister à sa retransmission en direct.

Ricardo Guadalupe, CEO d’Hublot

Gardez-vous certaines pièces prévues à l’occasion du 40e pour votre traditionnelle présentation de janvier ?
En ce qui concerne les produits nous avons cependant respecté le planning des lancements, en présentant une nouvelle montre toutes les 6 semaines environ. La semaine passée encore nous avons dévoilé une nouvelle montre liée à notre collaboration avec l’emblématique maison de mode masculine Berluti. Pour le 40e anniversaire nous avons revisité l’originale de 1980 avec une série limitée de 500 pièces qui s’en inspirent, déclinée en titane, or jaune et céramique noire, devenue un matériau de référence chez Hublot. Fin janvier, nous tiendrons en effet notre LVMH Watch Week mais cette fois très digitalisée, au cours de laquelle nous dévoilerons une partie des nouveautés 2021.

Ricardo Guadalupe, CEO d’Hublot

Quelles ont été les bonnes surprises et les faits marquant positifs de 2020 pour Hublot ?
Avant tout, je me réjouis nous ayons pu protéger nos collaborateurs, car nous sommes plus de 400 ici, et que nous n’ayons pas eu à procéder à des licenciements. Nous avons fait appel un minimum aux RHT quand nous étions complétement fermés, mais depuis septembre l’activité a repris à 100%, en bénéficiant de la reprise de marchés tels que le Japon, ou encore la Chine où Hublot n’était pas très présent jusqu’à maintenant. La croissance y est donc très soutenue. Dans les pays à forte vocation touristique comme par exemple la Suisse, l’Angleterre, la France, coupés des voyageurs, nous avons besoin de mieux nous occuper de la clientèle locale. Il faut effectuer un travail plus important localement pour renforcer notre proximité avec les habitants de Londres et Paris par exemple. Nous avons pu constater à l’occasion de cette crise mondiale qu’Hublot était devenue une marque suffisamment puissante pour faire preuve de résilience, ce qui est rassurant. Nous avons bien sûr souffert et 2020 s’affiche en recul, mais Hublot se porte relativement bien compte tenu des circonstances.

Ricardo Guadalupe, CEO d’Hublot

Est-ce qu’un best-seller se dessine sur l’ensemble de cette année particulière ?
Il n’y a pas vraiment de changement dans la façon dont les clients achètent Hublot cette année, notre best-seller reste la Big Bang originale en acier céramique. Mais nous observons une montée en puissance de la Big Bang Unico, équipée de notre propre mouvement, ce qui correspond à notre objectif puisque nous avions construit cette manufacture dans ce sens, afin de pouvoir verticaliser notre production. Nous souhaitons qu’à termes cette collection abritant notre calibre de manufacture devienne leader.

La Big Bang Intégral lancée en janvier à Dubaï était un très gros challenge, c’était complétement inédit pour Hublot de renoncer à son bracelet souple et d’offrir une montre sur un bracelet métallique, et l’accueil s’avère très positif même si on en est qu’au début. Nous sentons un très gros potentiel de développement. En parallèle, la crise nous a incités à accélérer la mise en place de notre site de e-commerce, ouvert en juin. Or nous constatons que les clients sont prêts à vivre une expérience digitale et à acheter une montre à plus de CHF 20'000 en ligne. Il nous faut offrir un service qui l’accompagne, mais les résultats vont au-delà de nos espérances.

Ricardo Guadalupe, CEO d’Hublot

Vous dirigez la marque depuis 2012, quels temps forts principaux retenez-vous ?
En premier lieu, je retiendrais la Coupe du Monde de football au Brésil en 2014. Hublot était déjà sponsor de la précédente en Afrique du Sud, mais en 2014 nous avons obtenu que les juges de ligne utilisent ce fameux panneau en forme de montre Big Bang, permettant de faire immédiatement le lien avec la marque et le produit. Hublot a bénéficié d’une visibilité incroyable, à laquelle nous avons ajouté la présence de Pelé pour encore plus d’émotion. En tant que fan de foot, cette expérience restera à jamais gravée en moi. Ensuite, je mentionnerais la construction de notre 2e bâtiment en 2015, seulement six ans après le premier. Ce pas important a souligné non seulement le succès d’Hublot, mais également son évolution vers le statut de manufacture à part entière, tournée vers le futur, avec beaucoup de technologies et de savoir-faire différents, notamment dans les matériaux. A ce propos justement, je dirais que la création de notre céramique rouge, présentée lors de Baselworld en 2018 fut une étape mémorable, car nous avons démontré que notre département R&D était capable de concevoir des matériaux uniques, que personne jusqu’ici n’était parvenu à réaliser.

Ricardo Guadalupe, CEO d’Hublot

Est-ce que le client Hublot a évolué durant cette période ?
La clientèle Hublot reste jeune (88% ont moins de 50 ans), constituée de personnes qui ont réussi dans la vie. Ce sont souvent des entrepreneurs, qui doivent leurs succès à eux-mêmes, mais cela peut être des architectes ou des médecins. Ces clients n’ont pas forcément une expérience horlogère traditionnelle très poussée, mais sont sensibles au design et à notre message. Comme Hublot ne peut pas se reposer sur une histoire séculaire nous misons sur d’autres atouts, en déclenchant une émotion. Nos clients s’identifient à l’un des univers Hublot qui lui correspond le plus, ils trouvent normal de rejoindre cette famille dont ils apprécient l’approche esthétique. Ces jeunes vont nous suivre. La force de la marque Hublot nous permet aussi de toucher des clients adeptes de marques plus classiques, et qui souhaitent compléter leur collection par un choix avec plus de personnalité.

Quels sont les grands projets d’Hublot en 2021 ?
Théoriquement l’Euro devrait se jouer, même si c’est à huis clos, donc Hublot bénéficiera de cette visibilité sur les terrains de foot avec nos panneaux, continuant à augmenter énormément la notoriété de la marque. Dans le sillage de nos 40 ans, nous développerons l’art de la fusion et expliquerons mieux tous les aspects liés au savoir-faire de la manufacture, démontrant qu’Hublot est une marque à la pointe de la technologie. Imaginée par Jean-Claude Biver, cette communication sur l’art de la fusion est aussi simple que géniale et sera accentuée, exposant tout ce que nous concevons dans les calibres, le design et les matières.

Ricardo Guadalupe, CEO d’Hublot

Verra-t-on bientôt un musée Hublot ?
Nous y songeons en effet, mais qui sera tourné vers l’expérience et l’innovation. Nous envisageons de construire un troisième bâtiment d’ici quelques années, pour lequel nous avons déjà une option sur un terrain tout proche d’ici, dans lequel le Musée Hublot aurait une place importante.

Pensez-vous que l’horlogerie ait besoin d’un grand rendez-vous annuel réunissant toutes les marques ?
Je pense que c’est important pour l’horlogerie de parler d’une seule voix à un moment dans l’année, et qu’il faut un grand rendez-vous pour notre industrie. C’est essentiel de se rencontrer du monde entier, que les Sud Américains discutent avec les Japonais, l’Europe ou le Moyen Orient, qu’il s’agisse des détaillants et des journalistes, mais aussi des clients finaux. Ce fut un choc d’assister à la disparition de Baselworld, qui paraissait incontournable et pour toujours là. Mais Bâle n’est pas la capitale de l’horlogerie, logiquement ce grand raout horloger devrait se tenir à Genève. Si toutes les marques parvenaient à se parler et à se coordonner, ce qui semble se dessiner, ce serait une bonne chose pour l’horlogerie Suisse.

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