La Chine en toile de fond

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China sets the scene - Emile Chouriet
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La marque Emile Chouriet est profondément implantée en Chine. Avec quelles conséquences aujourd’hui ? Les explications de Jean Depéry, CEO, et Stefan Kunz, Directeur commercial.

Vous venez de présenter votre premier mouvement maison, le Calibre EC5318. Pourquoi ce développement ?
Jean Depéry : Développer un mouvement maison en vaut vraiment la peine si vous apportez une plus-value par rapport à ceux existant déjà, sinon il est impossible d’être concurrentiel avec des mouvements qui sont sur le marché depuis des dizaines d’années, qui marchent extrêmement bien et ont un coût de revient très bas. Un mouvement maison disposant d’une technicité supérieure donne de la plus-value à notre marque et à nos montres. D’une manière générale, il est très intéressant de faire son propre mouvement. On peut le gérer, le modifier et le décorer comme on le souhaite. Nous avons commencé avec un petit mouvement, pour des montres dames, et nous continuerons avec un mouvement plus grand, pour des montres masculines. Nous allons intégrer ce nouveau mouvement maison, qui est un calibre automatique 3 aiguilles de base, dans toutes nos montres féminines, d’ici à trois ans. Il faut savoir que le cœur réglant de ce mouvement, le spiral, a été développé en interne, ce qui est rare pour une petite marque comme la nôtre.

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Pourquoi privilégiez-vous les mouvements automatiques ?
Jean Depéry : Parce que c’est notre marché. En Chine, la clientèle ne veut que des mouvements automatiques. Le quartz ne l’intéresse pas, sauf pour les montres connectées. Et les Chinois n’aiment pas devoir remonter une montre. Ils veulent un mouvement automatique avec une grande réserve de marche. Notre nouveau mouvement a une réserve de marche d’au moins 44 heures, et nous avons donc gagné un peu par rapport aux autres mouvements.

Emile Chouriet  appartient à un groupe chinois et la Chine est votre marché prioritaire. La conjoncture économique actuelle dans ce pays vous pousse-t-elle à développer d’autres marchés ?
Stefan Kunz : Nous sommes présents sur le marché suisse depuis déjà 5 ans et développons d’autres marchés internationaux depuis deux ans. Il est vrai qu’être mono-marché n’est pas confortable du tout. Mais ceux qui nous connaissent le mieux pour l’instant, ce sont les Chinois, et donc nous essayons de nous placer sur le chemin des touristes chinois, dans les capitales européennes, dans les tax free shops, et en Suisse, principalement à Lucerne et Interlaken. Cela est également un point de départ pour notre développement à l’étranger. Nous venons aussi d’ouvrir des points de vente à Barcelone, Vienne et Francfort et d’autres marchés avec des distributeurs, comme l’Australie, et prochainement la Russie.

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Pour une « petite » marque, vous disposez d’une collection impressionnante.
Jean Depéry : En effet, nous avons plus de 250 modèles, et quand on y réfléchit c’est beaucoup, et peut-être même trop. Mais le marché chinois demande un renouvellement. Nous éliminons des modèles de temps en temps. Mais nous ne pouvons pas éliminer les plus anciens, par exemple, car ils se vendent encore très bien et il faut pouvoir offrir ce que les gens demandent. D’un autre côté, le développement en Occident contribue à faire grandir encore la collection, car nous développons des designs différents pour ces marchés. Mais notre but est de ne pas dépasser ces 250 modèles.

"Nous sommes en train de mettre en place une plateforme de vente en ligne"

En termes économiques, comment se présente cette année 2016 ?
Stefan Kunz : La période est difficile, inutile de se voiler la face. Les chiffres sont en baisse en Chine, mais nos résultats sont encore tout à fait corrects. Petit à petit, tous les développements actuels dans d’autres marchés porteront leurs fruits, même si pour l‘instant cela reste marginal par rapport à la Chine, et nous réussirons à garder des chiffres identiques. De plus, rien ne dit que la Chine ne va pas redémarrer plus rapidement que prévu
Jean Depéry : La semaine dernière, j’étais à Shenzhen et les résultats pour mai 2016 sont à +4% par rapport à mai 2015. Donc tout le monde était content car il semble que l’on voie la fin du tunnel. A confirmer.
Stefan Kunz : De toute façon, il faut continuer de développer et travailler sur le long terme. Il faut être inventif aussi. Nous sommes par exemple en train de mettre en place une plateforme de vente en ligne, qui devrait être opérationnelle l’année prochaine. La vente en ligne se développe énormément en Chine; les Asiatiques sont en avance sur nous dans ce domaine.

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Après la Challenge Deep, vous avez présenté cette année la Ice Cliff. Les montres sportives sont-elles un nouveau créneau pour Emile Chouriet ?
Jean Depéry : Nous n’avions pas de montres sportives et nos clients nous en demandaient. Et moi, j’ai toujours eu envie d’en faire une. En Chine surtout, les vendeurs sont très à l’écoute des clients, et là-bas, les goûts changent très vite. Il y a une génération qui reste traditionnelle, mais la nouvelle génération veut du changement. Nous avons désormais ces deux modèles, et nous n’allons pas nous arrêter là. Il s’agit donc d’une évolution, aussi bien par rapport à la demande de nos clients chinois que par rapport à notre volonté de développer de nouveaux marchés où il faut avoir des pièces plus sportives, puisqu’on sait que les goûts occidentaux vont dans ce sens.

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