DB28 : dix ans déjà

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DB28: ten years and counting - De Bethune
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2020 marque le dixième anniversaire de la DB28. A cette occasion, WorldTempus a eu le privilège de s’entretenir avec Denis Flageollet, co-fondateur de De Bethune et maître-horloger.

Arrière-petit-fils, petit-fils et fils d’horlogers français, Denis Flageollet se rend en Suisse pour entreprendre une formation d’horloger et de micro-mécanicien, avant de devenir technicien horloger au Musée du Locle. En 1989, il co-fonde la société THA (Techniques Horlogères Appliquées) avant de co-fonder une nouvelle entreprise en 2002 : De Bethune. A l’occasion des dix ans de la DB28, dont les derniers modèles sont sortis ce printemps, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Denis Flageollet (post confinement).

DB28 : dix ans déjà

Lorsque la DB28 a été lancée il y a 10 ans, quelle était la vision initiale pour cette montre ?
Créer un garde-temps identitaire et porteur d’une vision résolument futuriste de l’Art Horloger. Une horlogerie contemporaine, innovante, tant techniquement qu’esthétiquement, qui respecte la grande tradition inspirée des Maitres horlogers du Siècle des lumières.

Comment espériez-vous que cette pièce évoluerait au fil des années ? 
Certainement pas qu’elle devienne si iconique au point d’être un pilier de nos collections, et le socle de nombre de différentes versions qui ont vu le jour par la suite. Nous avons célébré le 10ème anniversaire cette année avec trois nouveaux modèles dont une DB28 XP pour « Extra-plate » qui ouvre encore un nouveau chapitre et un nouveau champ d’exploration pour la DB28.

DB28 : dix ans déjà

L'une des nombreuses caractéristiques révolutionnaires de la DB28 sont les cornes qui s'adaptent à la courbure du poignet. Pourquoi était-ce une caractéristique importante à conserver dans tous les futurs modèles de la DB28 ?
Au départ, une question simple : est-il encore possible d’améliorer le confort et l’ergonomie d’une montre-bracelet ? En remplaçant les cornes classiques par un principe breveté de berceaux mobiles qui pivotent depuis l’axe du centre de la montre, nous avons inventé une solution simple et efficace qui libère des cornes fixes. La montre se place naturellement sur le poignet, le bracelet s’articule mieux, la couronne placée à 12h évite le pli du poignet, le plat du fond de la montre n’est plus un problème, le confort est inégalable.

DB28 : dix ans déjà

De tous les modèles DB28, lequel a été le mieux accueilli par le public ? Quel modèle a été le plus stressant à lancer ? Quel modèle avez-vous été le plus excité à lancer ?
L’Aiguille d’Or du Grand Prix d’Horlogerie de Genève en 2011 pour la première DB28 est un souvenir très marquant, car cela récompensait nos efforts et notre vision. Ensuite, pour chaque modèle, nous nous remettons continuellement en question, en améliorant les choses qui doivent l’être, même si ce ne sont que des améliorations infimes que personne ne peut voir. 

Certaines personnes considèrent que l'horlogerie ultra-plate est aussi difficile (sinon plus) que certaines complications horlogères traditionnelles. A-t-il été difficile d'appliquer les principes de l'horlogerie ultra-plate à la DB28 ? Avez-vous dû apporter des changements fondamentaux au mouvement ?
Oui, il a en vérité fallu repenser totalement l’approche ; un défi technique total. L’extra-plat est un idéal de beauté. On n’amplifie pas. Au contraire, on essaie d’en synthétiser toute l’essence, d’où la difficulté. Avec la DB28XP, le rêve est devenu réalité et je vois d’une certaine façon toutes ces années de recherche aboutir à une osmose parfaite entre la boîte, les composants, le mouvement et l’habillage qui se répondent, dans un esprit de grande simplicité. Dans cette montre, tout permet de comprendre ma vision de l’horlogerie de demain.

DB28 : dix ans déjà

Nous avons vu de grandes innovations dans la collection DB28, en particulier avec le balancier. Y a-t-il d'autres domaines que vous aimeriez explorer ou est-ce que l’innovation en lien avec ce composant extrêmement sensible reste votre passion ?
Les qualités chronométriques d’une montre restent un champ d’explorations qui me passionne. Le balancier en fait partie bien sûr et il est dans la DB28 le résultat d’une approche physique et mathématique constante que je mène depuis des années. Celui-ci bénéficie des dernières avancées : diamètre pas trop grand, titane, petites masselottes en or gris (placées à l’extérieur pour une meilleure qualité d’inertie, une fiabilité et une qualité réglante remarquable).

Il y a aussi le spiral De Bethune que nous avons pensé pour qu’il maintienne son centre de gravité exactement au centre, en utilisant une courbe plate fixée à l’extérieur du spiral. Des différences d’épaisseur de la lame ajoutent une précision quasi parfaite à son développement concentrique. Parmi les nombreux avantages : une hauteur moindre, un meilleur ajustement de la qualité de concentricité, un réglage plus fin de la raquette, plus besoin de ses goupilles, la forme de la courbe agit même comme un amortisseur en cas de choc. Enfin la structure interne de la matière reste intacte, puisqu’elle n’a été « ni stressée, ni pliée ». 

J’évoquerai également la recherche sur la matière : la comprendre, la travailler, la transcender, la marier pour lui donner tout son sens à travers nos montres, techniquement ou esthétiquement parlant. Ceci fait également partie de mes principales préoccupations.

DB28 : dix ans déjà

Les innovations esthétiques sont également importantes pour De Bethune, comme nous l'avons vu l'année dernière avec les DB28 Yellow Tones. Travaillez-vous consciemment sur de telles innovations esthétiques ou est-ce plutôt un heureux hasard lorsque vous découvrez un grand traitement/effet esthétique ?
L’oxydation des métaux (titane et acier en particulier) faite à la main nous offre un champ infini de nuances. On ne cesse de tester, essayer, parfois avec une idée précise, et on obtient quelque chose de magnifique sans même l’avoir imaginé. Donc il y a toujours un peu de hasard.

Vous parlez constamment avec les collectionneurs de montres et les communautés horlogères. Pour vous, quel est le trait distinctif d'un véritable connaisseur en horlogerie ? Et celui de quelqu'un qui comprend vraiment les valeurs de De Bethune ?
Il est certainement impossible de définir le véritable connaisseur en horlogerie. J’aime transmettre et expliquer le sens de nos recherches. J’aime particulièrement chercher et développer, mais ce n’est en aucun cas la compréhension de notre travail par nos clients qui guide mes recherches et mon programme de travail. 

Les valeurs De Bethune sont simples à comprendre. Sans cette recherche quotidienne sur tous les aspects de l’horlogerie, qu’ils soient techniques ou esthétiques, il n’y aurait pas d’esprit De Bethune ; la marque serait une coquille vide et il n’y aurait pas lieu d’avoir une manufacture au niveau de compétences qui est la nôtre.

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