Interview de Fabrizio Buonamassa

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Interview with Fabrizio Buonamassa - Bulgari
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Le designer des montres Bulgari évoque le processus créatif et les plus belles réussites de la marque en matière de design.

2018 rime pour vous avec quelle priorité ?
La même qui nous fait avancer tous les ans : développer la marque Bulgari de manière différente à chaque fois et faire évoluer ses trois piliers, Lvcea, Octo et Serpenti, en respectant le style Bulgari. La marque ne change pas de direction.

Les montres Bulgari ont reçu beaucoup de récompenses en 2017 et 2018, laquelle vous a apporté le plus de satisfaction ?
Avant tout, il s’agit de prix très importants dans différents domaines. Dans l’horlogerie, celui du Grand Prix d’Horlogerie de Genève est primordial. En ce qui me concerne, je suis un designer. J’ai dessiné des voitures, des bijoux, des montres, et donc avoir un prix tel que l’iF Design Award ou le Red Dot Design Award reçu en Allemagne en juillet, représente quelque chose de vraiment différent, car nos montres sont en compétition avec toutes les autres familles d’objets. Cela signifie que l’Octo n’est pas seulement considérée comme une montre mais comme une icône de design. Elle est reconnue comme une pièce de design différente des autres. Pour un designer, c’est très valorisant de recevoir cette distinction.

Cette dernière décennie, quel accomplissement vous paraît le plus méritoire ?
Sans doute la réussite de l’Octo. Son histoire est vraiment incroyable. Elle a démarré en interne en 2005 avec Gérald Genta et, au fil des années, nous avons véritablement créé une nouvelle typologie de produit dans l’univers de la montre masculine de soirée, basée sur un design très contemporain, complètement intégré à l’ADN de Bulgari. Nous sommes capables de développer ce produit de manière considérable. La ligne Octo s’est développée en parallèle dans trois directions complètement différentes avec la famille originale sportive, la classique Roma (qui touche le plus grand nombre), et la famille Finissimo, la montre élégante ultime. Nous avons imposé un style italien avec une façon de jouer avec les matériaux vraiment innovante : acier, carbone, titane, or, platine. Or, c’est ce qui est le plus difficile au niveau du design, car c’est facile de réinventer la roue mais moins de jouer avec des contraintes très rigides.

Interview de Fabrizio Buonamassa

Quand ce n’est pas dans le patrimoine de la marque, où puisez-vous votre inspiration ?
Partout ! Mais je suis inspiré par les choses très simples et très sobres, car c’est aussi ce qui est le plus dur à faire. La capacité qu’a un designer de jouer de manière fantastique seulement avec une matière, d’expliquer seul ce qu’il doit faire, en innovant sur les typologies, m’inspire beaucoup. Ce sont les raisons pour lesquelles j’ai énormément de plaisir à travailler pour Bulgari. A chaque fois, nous revisitons Serpenti, ou l’Octo, mais elles restent Serpenti et Octo, c’est ça le vrai design. Donc l’inspiration est omniprésente. Le seul moment où je débranche le cerveau, c’est sur la moto !

Croyez-vous qu’un jour la montre Bulgari sera l’idée de départ d’une pièce joaillière ?
C’est déjà le cas : aujourd’hui la Serpenti avec les petites boules a inspiré un collier, et l’évolution de la Monete avec Octo Roma a inspiré des bijoux. C’est la marque qui veut ça. Il s’avère donc très important d’avoir un mix entre les deux départements pour comprendre le vrai potentiel entre les montres et les bijoux. 

Tu es designer, comment se fait la collaboration avec les horlogers purs ?
Chez nous, cela fonctionne très bien. Tout le monde sait que la marque a un ADN de design, avec des surfaces et des formes à respecter. Ce ne sont pas uniquement les responsables des mouvements qui décident : nous dessinons ensemble la forme des ponts, les terminaisons, la masse oscillante ou tous les composants, car la partie esthétique pour un designer italien a le même poids que la partie fonctionnelle. Il n’y aurait aucun sens pour Bulgari de réaliser un beau mouvement caché dans une boîte. La première impulsion vient soit des horlogers, soit des designers, mais chacun apporte le potentiel qu’il voit pour la marque. Par exemple, sur l’Octo Finissimo, je leur ai expliqué que j’avais besoin d’un mouvement avec le petit compteur des secondes à 8h, parce que j’avais à l’esprit une Octo présentée de manière différente, mais toujours avec le 12 et le 6 sur le cadran qui font partie de l’ADN, et on a travaillé ensemble. Ainsi est née la dernière génération de l’Octo Finissimo.

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