Interview de Thierry Esslinger, CEO de Breguet

Image
Interview with Thierry Esslinger, CEO Breguet - Breguet
4 minutes read
« Nous avons su nous adresser aux Millennials, nous nous rendons compte que notre clientèle rajeunit ».

A Baselworld, Breguet a donné beaucoup d’importance à l’annonce du partenariat avec Race for Water…
Nous avons en effet tenu à donner un coup de projecteur à ce projet absolument fantastique. Breguet est animé d’une soif d’innovation depuis longtemps, et M. Hayek Senior était extrêmement soucieux des techniques destinées à la préservation de l’environnement, comme il l’avait exprimé en créant la fondation Belenos Clean Power. Race for Water répond à des questions sur cette quête de durabilité, et nous nous sommes rendus compte dès la première rencontre que nous partagions les mêmes convictions à ce niveau. Il est fantastique de voir des entrepreneurs tels que M. Simeoni nous donner le reflet de nos propres aspirations en la matière et de pouvoir travailler à long terme avec eux. Race For Water tend vers l’économie bleue et l’idéal de vie pour préserver notre planète de manière active. Nous croyons en cette vision. Le programme Race for Water est complètement défini avec 35 étapes dans le monde entier et des expérimentations spécifiques, ce qui n’empêche pas d’apprendre l’un de l’autre et d’échanger avec Belenos et pourquoi pas de se projeter au-delà de notre collaboration initiale prévue jusqu’en 2021. Ce serait irresponsable de ne pas défendre une cause aussi noble. 

Vous avez présenté à Baselworld une Marine en titane, utiliserez-vous ce matériau plus souvent ?
Notre département R&D s’avère très organisé et très actif, et a effectué énormément de recherches sur les matériaux ces dernières années. Or, nous nous sommes rendus compte que les matériaux classiques que nous utilisions traditionnellement correspondaient tout à fait à notre approche de l’horlogerie, sans devoir avoir recours à des procédés qui selon nous n’en valent pas la peine. La digression vers le titane consentie pour la Marine est liée au fait qu’il résiste à la corrosion de l’eau de mer, ce qui est tout indiqué pour une collection de ce nom. 

Interview de Thierry Esslinger, CEO de Breguet

 

« Du côté technique, les mouvements de la collection Marine figurent parmi les plus avancés »

Parmi les 27 références de la collection Marine, quel est pour vous le modèle phare ?
Si l’Equation Marchante sort incontestablement du lot, l’Alarme Musicale séduit un grand nombre de clients, de même que le Chronographe. L’un des atouts majeurs de cette gamme réside dans l’étendue exceptionnelle de son choix. Cela répond à une attente de nos clients du monde entier. Son design novateur ne se remarque pas forcément au premier regard car il concerne de très nombreux petits détails. Par exemple, la queue de l’aiguille arborant le B de Breguet est symbolisée en drapeau maritime réinterprété, la forme du 1 évoque un château de navire, la vis de barrette s’inspire des bouées de navigation indiquant de passer par l’ouest dans les chenaux de navigation, le mouvement guilloché à la main en double côtes de Genève rappelle le pont des bateaux et la masse oscillante en or est en forme de gouvernail. Du côté technique, les mouvements de la collection Marine figurent parmi les plus avancés car ils intègrent toutes les percées de ces dernières années en termes de fiabilité et de performance.  Comme toujours dans le luxe, on est dans la subtilité, mais admirez simplement le mouvement du chronographe : pour la première fois, le pont d’embrayage monté sur la bascule d’embrayage est réalisé en aluminium pour diminuer l’inertie et améliorer la résistance aux accélérations.

La majorité des marques développent leur offre féminine, cela ne semble pas être le cas de Breguet cette année ?
Nous avons été sidérés par le succès de la Reine de Naples et pour la première fois depuis son lancement au début des années 2000 nous avons présenté à Baselworld 2018 une pièce sur le modèle d’origine, avec sa phase de lune et sa réserve de marche. Mais nous préférons laisser du temps au développement de nouveaux modèles féminins prévus pour l’année prochaine. 

Interview de Thierry Esslinger, CEO de Breguet

Quels sont les challenges pour Breguet ces prochaines années ?
Pour une maison aussi innovante que Breguet, le plus grand challenge consiste certainement à rester classique, notamment dans l’art délicat de développer des collections spéciales. La décennie qui arrive verra Breguet remettre l’accent sur les hautes complications à une fréquence plus élevée.

Est-ce que Breguet aussi cherche à s’adresser aux Millennials ?
Nous nous rendons compte en effet que notre clientèle rajeunit et donc que nous avons su nous adresser aux Millennials. Comme l’âge moyen de nos clients diminue et que nous restons très proches de nos marchés, notamment asiatiques, nous comprenons de mieux en mieux leurs aspirations en termes de design mais également en termes de service et de communication.

D’après vous, à quoi doit prendre garde l’univers de la haute horlogerie ?
A mon avis, même s’il est plus facile de répondre à cette question chez Breguet, les marques de luxe doivent rester fidèles à leur héritage et à leurs principes. Respecter ses origines permet de rester serein face au futur. Il n’y a rien de pire pour une marque haut de gamme que de perdre son identité.

Marque