Depuis quand une boutique est-elle dédiée à la seule vente des montres neuves ? Vacheron Constantin s’est posé la question... et a tranché : dans les boutiques de la maison, on trouvera du neuf et du vintage.
Cette réflexion, engagée en 2006, est remarquable à deux égards. Le premier est qu’elle éclaire d’un nouveau jour la notion de retail de marque, jusqu’à présent exclusivement dédié aux articles neufs. C’était là une évidence partagée mais que personne ne pouvait véritablement justifier. Auparavant, on allait donc en boutique pour du neuf, et en maisons de ventes aux enchères ou de détaillants très spécialisés pour du vintage. Une sorte d’ordre séculaire qui offrait le mérite de fonctionner sans que personne ne le remette en question.
La seconde particularité est que ce modèle de vente n’a que très peu été copié. L’idée de Vacheron Constantin n’est pourtant ni déposée ni compliquée à mettre en œuvre. Dominique Bernaz, Directeur du Retail, donne les clés de cette particularité maison.
Au-delà de la vente, le service
« L’idée de proposer des pièces vintage au sein de nos boutiques vient de nos clients », explique Dominique Bernaz. « Beaucoup souhaitaient retrouver une pièce de leur histoire familiale, mais sans avoir le temps de fréquenter les salles de vente, ni la garantie de mettre la main sur une pièce d’origine ou en état de marche. Notre Directeur Général, Juan-Carlos Torres, a donc voulu que nous proposions ce service nous-mêmes. Car au-delà d’une démarche commerciale, c’est davantage un service que nous offrons ».
Cette notion de service est essentielle à Vacheron Constantin. La manufacture en avait d’ailleurs ouvert la voie avec la personnalisation des pièces (soit uniques, soit de collection). Ce sont les fameux Cabinotiers, dirigés par le même Dominique Bernaz. Ce service vintage présente toutefois quelques limites.
"Nous nous fournissons essentiellement auprès des maisons de vente aux enchères"
Un exercice bien encadré
Offrir à ses clients des pièces vintage n’est en effet que la partie apparente de la mécanique. En amont, se posent les questions de l'approvisionnement et de la source des pièces, de leur qualification, de leur restauration et de leur revente. « Nous nous fournissons essentiellement auprès des maisons de vente aux enchères », précise Dominique Bernaz, avant de poursuivre que la maison « ne peut évidemment pas tout acheter. Nous nous sommes donc fixé une limite, allant de pièces de poche de 1890 environ, jusqu’à celles de 1965 – 1970. Naturellement, nous ne reprenons que celles offrant une boîte, un cadran et un mouvement 100% d’origine, que nous faisons certifier par nos archives ».
Le processus de restauration est également une variable de poids pour la maison. « C’est vrai qu’à l’issue d’une vente, nous pouvons revenir avec une dizaine de pièce confiées au département restauration, à qui l’on demande de bien vouloir les remettre en état dans les meilleurs délais », sourit Dominique Bernaz. La demande vient donc passablement alourdir une charge de travail déjà significative pour ce département. Sans compter que la revente n’est pas toujours garantie. Très clairement, la rentabilité de ce service vintage n’est donc pas sa première valeur. Elle contribue toutefois à rapprocher la manufacture de ses clients, en même temps qu’elle se distingue avec une offre que l’on ne trouve que difficilement ailleurs.
Aujourd’hui, le service est proposé à Genève, Paris, Londres et New York, complétés de Singapour avant la fin de l’année. Très apprécié, il commence même à fonctionner dans les deux sens : au-delà de l’offre de vintage, ce sont maintenant certains clients qui viennent eux-mêmes voir la maison pour lui demander de mettre la main, en leur nom, sur une pièce qui leur est chère. La boucle est bouclée.
