La jeunesse de Ferdinand Berthoud

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The youth of Ferdinand Berthoud - Ferdinand Berthoud
Au cours du XVIIIe siècle, Couvet, village natal de Ferdinand Berthoud, devient peu à peu un centre important de la fabrication de pendules et de l’outillage horloger.

Au cours du XVIIIe siècle, Couvet, village natal de Ferdinand Berthoud,  devient peu à peu un centre important de la fabrication de pendules et de l’outillage horloger. Au moment où bourgeonnent ces premières activités industrielles, le jeune homme trouvera au Val-de-Travers les conditions favorables à l’épanouissement de ses talents exceptionnels.

Le Val-de-Travers, une société paysanne en mutation

Le précepteur de Ferdinand Berthoud, probablement son frère Jean-Jacques, pouvait-il deviner, face à cet enfant concentré sur ses premiers devoirs d’arithmétique ou de grammaire, qu’il deviendrait l’un des savants les plus brillants de son époque,  admis dans les cercles scientifiques les plus élevés et proche du roi Louis XV? Qui plus est, lorsque cet enfant, septième d’une fratrie de huit, voit le jour dans une ferme d’un hameau reculé, dans une société de classe, où lorsque l’on naît paysan, comme la plupart, on a toutes les chances de le rester. Couvet, où Ferdinand Berthoud voit le jour le 18 mars 1727, se situe dans la principauté de Neuchâtel et Valangin appartenant au Roi de Prusse. Elle est régie par un gouverneur représentant de l’autorité du souverain et un Conseil d’Etat issu de l’oligarchie locale. La religion protestante, adoptée dès les années 1530, y a profondément forgé les mentalités.

La jeunesse de Ferdinand Berthoud

Vers la fin du XVIIe siècle, les Montagnes neuchâteloises entament une lente mutation socio-économique. De plus en plus de paysans cherchent à se procurer des gains accessoires, lorsque leurs travaux agricoles leur en laissent le temps. Ils s’adonnent entre autres au travail de l’horlogerie. Au Val-de-Travers, dentellières, cloutiers, horlogers et faiseurs d’outils pour l’horlogerie fournissent les marchands et les comptoirs citadins en travaillant à domicile. Une nouvelle classe de paysans-horlogers, d’ouvriers et de négociants se constitue. En bons protestants, certains s’enrichiront, sans pour autant abandonner leurs terres et l’élevage du bétail.  

Jean Berthoud, maçon et architecte  

Le père de Ferdinand Berthoud, Jean, est maçon. Il aurait commencé sa carrière au temple de Gimel en 1702. Il est ensuite mentionné en tant qu’architecte et entrepreneur dès 1712, dans le Val-de-Travers, dans la région des lacs, ainsi qu’à Neuchâtel où il a de nombreux mandats. Maçons et charpentiers venus du Val-de-Travers sont fréquemment engagés sur les chantiers du Plateau suisse, tels que cures, temples et châteaux, de nouvelles constructions issues d’un monde en plein essor social et démographique. Les anciennes bâtisses ne répondent souvent plus au désir de confort auquel aspire la société bourgeoise. De fait, la plupart des belles demeures de Couvet, Fleurier ou Môtiers datent du XVIIIe ou de la toute fin du XVIIe  siècle et ont été construites à la place de maisons jugées vétustes. La spécialisation des hommes du Val-de-Travers dans les métiers du bâtiment transparaît clairement dans le premier recensement officiel de la Souveraineté de Neuchâtel et Valangin, intitulé Dénombrement des Peuples, des Pauvres et Autres, établi en 1750. La châtellenie du Vautravers compte 3097 habitants, dont 255 maçons, 91 charpentiers et bon nombre de serruriers et menuisiers. Il y a 259 maçons dans la mairie des Verrières, autre juridiction proche. 

La famille Berthoud de Plancemont

Jean Berthoud, fils d’Abraham, de Couvet, est baptisé à Môtiers en 1676 et meurt peu après 1753. Il épouse Judith, Berthoud, fille de Balthazar, née en 1682. Le couple habite le hameau ensoleillé de Plancemont, situé à 800 m. d’altitude, sur le versant nord de la vallée. Ils auront huit enfants :

Abraham (1708-mort jeune) ;  Jean-Henri (1710-1790), horloger-pendulier ; Jean-Jacques (1711-1784), dessinateur ; Abram (1712-1789), architecte ; Pierre (1717- ?), horloger-pendulier ; Jeanne-Marie (1721-1804), Ferdinand (1727-1807), horloger-pendulier ; enfin une seconde fille, Suzanne-Marie, née en 1729. 

La jeunesse de Ferdinand Berthoud

Grâce à son travail, le père de Ferdinand Berthoud gagne assez d’argent pour réinvestir dans l’achat de terres. Selon un acte notarié de 1741, année où Ferdinand commence son apprentissage, les époux Berthoud lèguent tous leurs biens, meubles, maison, bétail à leurs enfants. Une liste assez longue de leurs valeurs respectives est alors dressée. Les parents se réservent le droit d’habiter leur maison et de jouir du jardin jusqu’à leur mort tout en autorisant l’un ou l’autre enfant à utiliser, au besoin, divers espaces du rural et de l’habitation. La maison sera ensuite attribuée à leur fils Abram : « en considération de ce qu’iceluy a employé son travail et sa jeunesse à l’avantage de la maison ». On découvre dans cet acte que Jean-Jacques, de 16 ans plus âgé que Ferdinand, s’est formé à Paris comme dessinateur et a bénéficié pour cela de l’aide de ses parents : « La somme de mille huitante sept Livres délivrée en différentes fois à leur fils Jean Jacques à Paris, où n’est compris ce qui a été utilisé pour son éducation ». Ferdinand ne partira donc pas en terre totalement inconnue lorsqu’il  quittera la maison familiale en 1745.  En 1750, la maison Berthoud apparaît ainsi dans le recensement: « Plancemont, propriétaire : Jean Berthoud, un : architecte ; deux jeunes gens : 1 dessinateur et 1 orlogeur. 2 laboureurs, 1 enfant mâle, 2 filles et une femme ». Si le dessinateur est à coup sûr Jean-Jacques Berthoud, on ne précise pas qui est l’«orlogeur», il peut s’agir aussi bien de Jean-Henri que de Pierre. 

La jeunesse de Ferdinand Berthoud

La version originale de cet article a été publié sur le site de Ferdinand Berthoud. WorldTempus reprend son contenu avec l'autorisation de la marque. 

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