Back in Time : les libertés choisies de Ferdinand Berthoud

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Back in Time: the carefully chosen liberties of Ferdinand Berthoud - Ferdinand Berthoud
Après un premier épisode sur Blancpain, Back in Time se plonge dans l’histoire comparée de Ferdinand Berthoud, de son temps et d’aujourd’hui. Continuité ou rupture ?

En 2006, Karl-Friedrich Scheufele, co-président de Chopard, rachète en toute discrétion le nom « Ferdinand Berthoud ». Il faudra attendre 9 ans, en 2015, pour que l’homme prenne la parole et pose les jalons de ce qui est devenue, entre temps, « La Chronométrie Ferdinand Berthoud ». Le postulat se veut très ouvert : créer des garde-temps comme si Ferdinand Berthoud vivait encore. Voilà qui laissait des possibilités créatives quasi illimitées. 

Aujourd’hui, la marque commence à se doter d’une identité. Deux modèles, un calibre, un positionnement et un parti pris, celui de travailler selon les bases posées par le célèbre horloger (1727-1807). Des bases fidèles ou novatrices ? 

Un ancrage géographique assumé

Avant de répondre par la technique ou l’esthétique, il y a d’abord la géographie. Ferdinand Berthoud est né à Plancemont (canton de Neuchâtel, Suisse), minuscule bourg de quelques dizaines d’âmes. La manufacture qui reprend son nom est situé à Fleurier (NE). Distance entre les deux points : 5 km. La filiation géographique est donc clairement revendiquée.

Un héritage choisi

La somme littéraire laissée par Ferdinand Berthoud est conséquente (12 ouvrages). Elle illustre l’ancrage de l’horloger dans le siècle progressiste des Lumières. Sa démarche est dans la prolongation de celle d’Harrison (1693-1776), de Breguet (1747-1823), parallèle à celle de Moinet (1768-1853), parmi d’autres.

Tous étaient ingénieurs, scientifiques, astronomes, horlogers, voire le tout à la fois. La Chronométrie Ferdinand Berthoud, deux siècles plus tard, se concentre sur la seule horlogerie. Il n’a pas été rééditée d’ouvrage d’autorité sur Ferdinand Berthoud – il n’en existe que deux, datés de plusieurs années voire dizaines d’années. Une tâche à planifier pour la jeune Chronométrie ? 

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Un même soin chronométrique

La manufacture actuelle reprend le sillon chronométrique tracé par Ferdinand Berthoud. L’horloger a contribué par ses chronomètres de marine à affiner le calcul de la longitude. Aujourd’hui, la Chronométrie qui porte son nom porte aussi son héritage. Toutes les pièces actuelles sont certifiées COSC. Un bon début mais l’on pourrait imaginer une certification Qualité Fleurier. Elle rencontrerait l’origine géographique à la fois de l’horloger et de la Chronométrie, et permettrait d’adopter une certification que d’aucuns considèrent comme supérieure au COSC. 

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Technique et esthétique : inspiration directe

Reste le développement mouvement et l’esthétique générale de la montre. C’est ici que la Chronométrie a placé l’essentiel de ses efforts. Il y a d’abord le cadran horaire décentré à midi, que Ferdinand Berthoud avait adopté dès 1806. Il y a ensuite les fenêtres latérales sur le boîtier des créations de la Chronométrie. On trouvait exactement les mêmes dès 1777 sur les chronomètres de marine de Ferdinand Berthoud.

Côté boîtier, la Chronométrie a pris une liberté créative avec une forme à huit pans, une singularité bienvenue car elle permet de se différencier sur le marché de la Haute Horlogerie, sans trahir aucun héritage de Berthoud puisque la montre poignet n’existait tout simplement pas à son époque. 

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Il y a enfin la construction du mouvement, en cylindre, avec chaîne-fusée, que les montres actuelles reprennent fidèlement, avec une indéniable puissance technique et esthétique. Le choix d’un tourbillon n’est pas la copie d’une pièce originale de Ferdinand Berthoud mais la volonté de la Chronométrie d’avoir une aiguille centrale qui y soit liée, de manière à prolonger l’exigence chronométrique de l’horloger. La finition de l’ensemble (composants, habillage) est de très haut niveau, sanctionnée par un examen à la loupe x6,7. 

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Bilan : de l’art de prendre ses libertés 

La Chronométrie Ferdinand Berthoud évolue sur un fil. D’un côté, l’héritage, dont il faut savoir s’émanciper sans le trahir. De l’autre, le présent, avec ses possibilités techniques quasi infinies mais dont on ne doit abuser. 

La progression sur ce fil est délicate mais les premiers pas de la Chronométrie ont une qualité essentielle : la cohérence. La manufacture respecte un patrimoine : l’affichage, l’exigence chronométrique, la construction du mouvement. A l’inverse, elle s’arroge des libertés qui témoignent de sa créativité : des finitions de haut niveau qui n’existaient pas à l’époque, une boîte octogonale nouvelle, des matériaux innovants (titane céramisé, par exemple). 

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L’histoire, elle, reste à construire. On espère que les prochaines pièces pourront s’adosser à une narration mieux valorisée (ouvrage de référence), à une certification plus ambitieuse (Qualité Fleurier). On note l’engagement de la Chronométrie auprès de la fondation Time Aeon, poursuivant ainsi le soin qu’avait Ferdinand Berthoud lui-même de transmettre son savoir. Enfin, il se murmure que la maison originelle de Ferdinand Berthoud a été identifiée et qu’un projet de bâtisse similaire est en cours de réhabilitation... 

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