Analyses et traitements de chocs

Alain Delizée est à la tête du Laboratoire de Blancpain au Sentier. Son travail est de tester, de chercher les limites, de casser, de remettre en cause les solutions retenues et d'inventer des machines de test pour les montres et les mouvements horlogers. Discret et mettant toujours en avant le travail d'équipe, cet horloger et ingénieur de formation a aussi une vie hors de Blancpain ; et elle est particulièrement active !

Lettres du Brassus  - No 09Michel Jeannot

Les mauvaises langues prétendent qu'on ne peut pas vivre à la vallée de Joux sans y être né. Plus encore lorsqu'on aime la mer et le soleil. « Réflexion de citadin », vous répondra Alain Delizée, ce Belge d'origine qui, par passion de la montre et de la nature, s'est installé aux Bioux, au coeur de ce sanctuaire de savoir-faire horloger qu'est, depuis plus de deux siècles, la Vallée de Joux. Il y vit aujourd'hui avec son épouse et son fils de 16 ans et sait parfaitement tirer le meilleur profit de ce lieu : entre kitesurf, VTT, ski de fond (la nuit, à la lampe frontale !), jardinage et bricolage, le temps libre de ce multi-passionné est un mouvement perpétuel. Pourtant rien à l'époque ne prédestinait ce jeune homme à s'établir dans ces contrées, hormis la visite d'une école d'horlogerie au hasard d'une rencontre et une double passion pour la nature et la miniature.


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Alain Delizée © Blancpain

 

« J'ai toujours aimé la miniaturisation, prévient Alain Delizée, toujours été admiratif de tous les mini-mécanismes. A l'opposé, je suis également fasciné par la mécanique d'extrêmement grande dimension, Caterpillar par exemple ! Mon coeur a balancé entre ces deux extrêmes. Mais j'avais besoin de me diriger vers un métier manuel, j'avais envie de toucher la matière, c'est important. Depuis tout petit, j'ai toujours bricolé. L'horlogerie est peut-être un mix des deux : la miniature et la possibilité d'être en contact avec la matière. »

 

Le Suisse parfait

Tout a commencé par une visite. Celle de l'Ecole Technique de la Vallée de Joux. « J'ai eu la chance de visiter cette école seul avec mon père, et guidé par le directeur d'alors, Charles-André Reymondin, se souvient Alain Delizée. Il m'a présenté l'école d'une manière époustouflante et incroyablement vivante. Bref, je me suis pris 9 G dans la figure ! J'étais estomaqué et me suis dit assez vite que c'était là que je devais venir étudier. »

Peu de temps après, Alain Delizée débarque dans une région qu'il ne connait pas, ce Belge d'origine – aujourd'hui Suisse - ayant vécu son enfance entre Nyon et Genève. Et inutile de préciser que personne dans sa famille n'avait touché de près ou de loin à l'horlogerie. Pour lui, c'était la fascination de la mécanique, du très petit et cette visite à l'Ecole Technique qui allait conditionner son parcours.

« En tant que Suisse, j'ai réalisé deux choses parfaitement dans la lignée, dit-il dans un large sourire. La Suisse m'ayant accueilli, j'ai fait mon service militaire – avec peine, n'étant pas toujours d'accord avec les ordres de la hiérarchie – et j'ai voué ma carrière à l'horlogerie. Bref, vous pouvez le constater, je suis un Suisse parfaitement intégré ! ». Son cursus a donc débuté à l'Ecole Technique de la Vallée de Joux par un apprentissage d'horloger complet en 3 ans accompagné d'une maturité professionnelle, laquelle allait lui permettre d'entrer sur titre dans une école supérieure. Dans la foulée, Alain Delizée entre donc à l'Ecole d'ingénieurs d'Yverdon-les-Bains et choisit d'y poursuivre une formation pas directement liée à l'horlogerie, à savoir la microtechnique. Rappelons qu'au milieu des années 80 l'horlogerie n'avait pas vraiment le vent en poupe et qu'il était prudent de ne pas mettre tous ses oeufs formatifs dans le même panier… Or si Alain Delizée aime l'horlogerie, il est aussi ouvert, curieux et aime à étudier diverses disciplines.

 

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En short et en tongs

Avec ce double bagage d'horloger et d'ingénieur en microtechnique en poche, Alain Delizée sait qu'il aura des opportunités professionnelles et choisit d'abord de profiter de la vie. Voyages, montagne en dispensant des cours de snowboard en hiver, lac et professeur de planche à voile en été, Alain Delizée enchaîne les activités et les petits boulots, le tout ponctué de quelques mois de pur plaisir et de planche à voile aux Canaries. Bref, le jeune homme vit à fond sa seconde passion : le sport, le mouvement – déjà ! – et l'activité de plein air. Ce seront deux années de vie mordue à pleines dents, histoire d'être parfaitement prêts à entamer une véritable carrière. C'est notamment en tongs et en short qu'Alain Delizée rencontre, sur les rives du lac de Joux, Jacques Piguet qui vient de recevoir une offre de services du plagiste… horloger ingénieur ! C'est le début d'une grande aventure professionnelle…

Ainsi, en 1992, Alain Delizée débute chez Frédéric Piguet au Brassus, à côté de la ferme actuelle de Blancpain. Et travaille à « l'assistance technique à la clientèle ». « Bref comprenez que j'étais au front ! » sourit-il. Après deux années, il reprend en outre la mise en place, puis la responsabilité du service aprèsvente. La responsabilité du laboratoire arrivera deux ans plus tard. C'était l'époque du passage à la vitesse supérieure pour cette société familiale passée dans le giron de Swatch Group. Avec l'impulsion donnée par ce dernier, les structures se sont renforcées et/ou ont été créées. « On nous a donné les moyens d'avancer, » relève Alain Delizée. Pour le Laboratoire, cela s'est traduit par la mise en place d'une structure mieux adaptée, par la conception, la fabrication et la mise au point de machines de tests maison – il n'en existait pas sur le marché – et d'outillages, par l'élaboration d'une multitude de protocoles d'homologation. De fait, si de nombreuses choses étaient évidemment déjà en place, elles n'étaient naturellement pas aussi abouties qu'elles le sont aujourd'hui. Il a également fallu gérer un volume de projets supérieur et les problèmes d'organisation inhérents. De fait, la croissance a été gigantesque en quelques années et cette adaptation structurelle et organisationnelle a été absolument nécessaire à l'accompagner.

Hier comme aujourd'hui, la relation avec ses collègues a toujours été essentielle aux yeux d'Alain Delizée. Pour lui, l'esprit d'équipe et le travail de groupe ne sont pas de vains concepts. A la seule idée que nous réalisions ce portrait, le Responsable du Laboratoire n'était pas très favorable à cette mise en avant. « Pour moi, nous dit-il d'emblée, le travail d'équipe est fondamental. Ce n'est pas moi qu'il faut présenter, mais l'équipe et les collègues avec qui je travaille depuis des années. Chacun amène sa pierre à l'édifice. Ici nous savons réellement travailler en équipe et c'est important ; cela se reflète naturellement sur les résultats de notre travail. »

 

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Une rencontre déterminante

Cet esprit d'équipe est aussi une histoire de rencontres. De ces rencontres essentielles qui comptent au point de vous influencer durant une vie professionnelle entière. Pour Alain Delizée comme pour quelques-uns de ses collègues, une rencontre a été déterminante. Celle d'Edmond Capt, une personnalité de l'horlogerie dont les compétences et l'intelligence ont marqué durablement toute une génération d'horlogers et d'ingénieurs, dont Alain Delizée. A entendre ce dernier, on sent que la rencontre a été aussi déterminante qu'est grand le respect qu'elle a inspiré. « C'est un bonhomme incroyable, un monument, et d'une humilité impressionnante. C'était le patron, il dirigeait tout le développement. Au-delà de son savoir et de sa capacité à faire avancer des idées nouvelles, j'ai toujours apprécié chez lui sa franchise et son côté direct. Il n'y avait jamais de non-dit avec lui. Mon métier, je l'ai incontestablement appris à son contact ; et nous sommes plusieurs dans ce cas. En ayant à faire à Edmond Capt, vous écoutiez, vous appreniez et vous progressiez. A ses côtés, nous nous sommes fait un invraisemblable bagage. »

Lorsqu'Alain Delizée prend la responsabilité du Laboratoire en 1996, ce dernier comptait trois ou quatre personnes. « Et pour avoir accès à l'informatique, j'ai dû voler un ordinateur à mes collègues du bureau technique ! », se souvient-il. « Mais ne l'écrivez pas ! ». Nous avons passé outre cette injonction, il y a prescription ! Depuis lors, le Laboratoire a changé du tout au tout. « En 20 ans, j'ai eu la chance de travailler trois sociétés différentes sans changer d'entreprise ! Au début, Frédéric Piguet était une petite entreprise familiale, laquelle a ensuite connu un puissant coup d'accélérateur avec l'acquisition par Swatch Group. Et enfin, plus récemment, avec l'intégration de Frédéric Piguet dans Blancpain, nous avons passé d'une entreprise qui fabrique des « moteurs » à une marque.

Quand bien même Blancpain a été de longue date un client particulier et privilégié pour nous, ces changements sont évidemment importants. Et si toutes les situations et époques ont évidemment leurs avantages et leurs inconvénients, il a été très intéressant et stimulant pour moi de suivre l'évolution de cette entité en constante mutation, employant plus de 700 collaborateurs aujourd'hui. »

 

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Vivre avec son temps

Cela veut aussi dire pour ces équipes des qualités d'adaptation importantes. Nécessité de se remettre en question et d'apprendre des erreurs passées, pour progresser sans cesse. Une philosophie très présente lorsque l'on visite aujourd'hui les ateliers Blancpain. Et ce n'est pas le fruit du hasard. « Je n'aurais pas aimé être dans une entreprise « poussiéreuse », à l'instar de l'image que l'on se fait parfois de l'horlogerie, souligne Alain Delizée. On peut en effet parfaitement respecter le passé et les réalisations de nos prédécesseurs tout en vivant dans son époque. On vit au 21ème siècle, les techniques ont changé, les matériaux sont différents, les attentes des clients sont beaucoup plus grandes envers leur montre. Pour toutes ces raisons, vous devez vivre avec votre temps, savoir vous remettre en question et surtout avancer. Dans le cas contraire, vous ne répondez d'une part pas aux attentes et, d'autre part, vous devez vous ennuyer terriblement dans votre travail. »

Installée au Sentier, la structure R&D de Blancpain comprend trois entités, dirigées à l'époque par Edmond Capt. Première entité, le bureau technique, dirigé par Marco Rochat, regroupe des ingénieurs occupés au développement et à la construction de tous les mouvements. « Ce sont de super constructeurs, précise Alain Delizée, mais ils n'ont quasiment jamais de brucelles en main. Ce n'est pas une question de cloisonner, mais d'efficacité et de réalité. Car vous pouvez avoir les meilleurs constructeurs, ils ne seront pas nécessairement les meilleurs metteurs au point. Chez Blancpain nous avons la chance de pouvoir compter sur de super constructeurs et sur de super metteurs au point. C'est un atout considérable ». L'autre entité de R&D est la logistique développement, dirigée par Emmanuel Couvreux. Ce département est en charge de faire fabriquer les composants, de passer les commandes, de faire le suivi au niveau planification, de trouver des solutions techniques à certaines demandes particulières, « par exemple lorsqu'on aborde de nouveaux matériaux ou que l'on parle de choses un peu exotiques », précise Alain Delizée. La troisième entité R&D est le Laboratoire.

 

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Mauvais traitements admis

Avec à sa tête le « testeur en chef » Alain Delizée, le Laboratoire est une véritable salle de «stress» pour montres et mouvements. Tous les projets – comprenez tous les mouvements – sont passés au crible et subissent les pires traitements, sous l'oeil impassible d'Alain Delizée et de sa dizaine de collaborateurs. Rien ou presque n'est épargné à ces mouvements en gestation. Tout est validé, contrôlé, testé, vieilli, mesuré afin qu'aucune mauvaise surprise ne vienne perturber les mécanismes une fois l'homologation obtenue. « C'est dans les moteurs que je m'éclate !, lance Alain Delizée. Je suis un peu un motoriste de la montre, et mon job est d'aller chercher la petite bête, d'aller voir ce qu'elles ont dans le ventre ». Et il ne faut pas le lui répéter deux fois : chaque composant ou presque et chaque fonction sont analysés et testés. Barillet, rouage, organe réglant, échappement, tige de remontoir ainsi que tout autre pièce sensible sont vérifiés sous toutes les coutures et dans les situations les plus délicates. Il en va de même des fonctions, inlassablement testées et soumises aux pires supplices pour juger de leur résistance : quantième, grande date instantanée, réserve de marche, système de remontage automatique, carrousel et même tourbillon passent entre les mains expertes et exigeantes des collaborateurs du Laboratoire. Et personne ici ne craint de faire du dégât : ils sont payés pour ça. Pas surprenant dès lors de voir des séries de tourbillons – qui peuvent valoir plus de 250›000 francs suisses chacun – subirent des tests sans aucun ménagement. La fiabilité d'un produit terminé est aussi à ce prix. Et c'est bien dans cet esprit qu'oeuvre toute l'équipe d'Alain Delizée. Au final, la mission globale peut être résumée en un triple objectif : valider la construction du mouvement, réaliser des tests de fatigue pour cerner la résistance au vieillissement et, enfin, faire subir à l'ensemble des mouvements et des montres de violents chocs mécaniques et thermiques. S'il ressort sans dommage de ces harassantes épreuves, tout mouvement sera assurément bien né.

Pour réaliser de la manière la plus efficace ces indispensables supplices, le Laboratoire s'appuie sur toute une série d'instruments ou de machines de test », selon les termes d'Alain Delizée, pour l'essentiel mis au point à l'interne. Outre le très fameux mouton-pendule qui expédie avec fracas les montres testées et leur faisant subir une accélération de près de 5'000 G, d'autres machines testent la résistance des mouvements à des décélérations violentes dans 6 directions! Les chronographes, eux, devront passer sans encombre plus de 10'000 fonctions start-stop-retour à zéro pour avoir une chance de poursuivre leur « carrière » au sein du Laboratoire. Si les puissantes accélérations impressionnent par la violence des déplacements, c'est peut-être dans la répétition que les montres et les mouvements sont davantage mis à l'épreuve. Ainsi, ce sont près de 400'000 micro-chocs qui sont assénés aux pièces testés pour véritablement prendre la mesure de leur résistance à l'effort ! Quant au « balisomètre » et au « varioforce », ils s'appliquent à mesurer scrupuleusement les performances intrinsèques des mouvements et les moindres déplacements de leurs composants. Soufflant volontiers le chaud et le froid, les collaborateurs du Laboratoire adorent infliger d'épouvantables chocs thermiques aux mouvements en phase d'homologation. Et croyez bien que le passage abrupt de -20°C à +70°C n'est pas une sinécure pour les pièces soumises à ces conditions extrêmes. Autre objet de fierté du Laboratoire, le « Geriator », développé à l'interne et qui a pour objectif de faire vieillir artificiellement les rouages. S'ils ne prennent pas une ride, c'est qu'ils sont du bon côté ! Après avoir fait voyager les composants dans le temps, les experts du Laboratoire aiment traiter plus raisonnablement les mouvements de base en les laissant tourner et en les épiant pendant plusieurs années, histoire de vérifier qu'ils répondent à la perfection au statu de quasi invulnérabilité qui leur est demandé.

 

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Deux mondes séparent la montre d'hier et d'aujourd'hui

Révélées ici en quelques lignes, ces étapes de contrôle et de validation sont en réalité très nombreuses et prennent naturellement beaucoup de temps. Ainsi, un mouvement à complications subira près de 50 « étapes » de tests qui exigeront plus de 4000 heures de mise à l'épreuve au seul Laboratoire. Sans même compter les années durant lesquelles les mouvements sont placés sous surveillance une fois la batterie de tests passés avec succès.

A noter que les pièces prototypes testées dans le Laboratoire de Blancpain sont pratiquement des montres de séries. Cela découle de la philosophie de la Maison qui veut que les pièces en phases de tests correspondent en tous points aux montres qui seront commercialisées par la suite. Il en est ainsi de tous les composants et de toutes les finitions puisque même les décorations sont réalisées à l'identique.

Les batteries de tests effectués en laboratoire notamment ainsi que les avancées dans de nombreux domaines – métallurgie, lubrification, etc. – permettent aux montres actuelles d'être beaucoup plus fiables et performantes que les garde-temps proposés il y a seulement 15 ou 20 ans. Alain Delizée le confirme à sa façon : « Il faudrait être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas comprendre que l'objet montre a connu une évolution plus que significative». La qualité des aciers est meilleure, les matériaux sont plus adaptés à l'usage demandé, les lubrifiants ont été grandement améliorés, le silicium et les recherches en ce domaine ouvrent de nouveaux horizons très porteurs, les spiraux présentent des qualités thermo-compensatrices remarquables, les effets du magnétisme peuvent être contournés, la résistance aux chocs a été grandement améliorée, bref tout ou presque a changé. « Et heureusement, renchérit Alain Delizée, car dans le même temps les exigences du porteur se sont démultipliées. Or la montre d'aujourd'hui a clairement gagné en fiabilité dans le sens que sa chronométrie est meilleure et qu'elle garde cette qualité plus longtemps. Un double gain qui en offre un supplémentaire au propriétaire : des maintenances plus espacées ».

 

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Kitesurf et tourbillon

Et quel type de montres attire ce spécialiste de la fiabilité ? « J'aime les montres dont on voit tout ou partie du mouvement. Dans le même temps, une montre vivante est une montre qui bouge. La synthèse de cela m'amène volontiers vers le tourbillon. C'est beau un tourbillon, on voit l'essentiel et ça tourbillonne ! » Ce qui n'empêche nullement Alain Delizée de réserver aux tourbillons Blancpain des traitements de chocs, et pas seulement au Laboratoire : « L 'un de mes meilleurs souvenirs est d'avoir fait du kitesurf avec un prototype Fifty Fathoms Tourbillon. J'étais le seul parmi mes amis de kite à connaître la valeur et la beauté de l'objet auquel je réservais des traitements assez rudes. Et ces instants magiques par lesquels je liais kitesurf et horlogerie, mes deux passions, étaient égoïstement des moments particulièrement intenses. » A ce seul souvenir, Alain Delizée se réjouit déjà de quitter quelques jours ses instruments de test de son Laboratoire du Sentier pour éprouver à nouveau les émotions grisantes du kitesurf sur la mer et les vagues de Camargue.

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