Une école unique, trop unique

Image
A unique school – too unique - Van Cleef & Arpels
L’Ecole Van Cleef & Arpels reste un modèle unique. Ses ambitions, légitimes, pourraient toutefois l’amener à devoir élargir son modèle pédagogique.

Qu'il serait bon de pouvoir comparer l'Ecole Van Cleef & Arpels aux autres écoles du même type. D'évoquer leurs succès, leurs infortunes, leurs trajectoires. Hélas, et tant mieux pour elle, l'Ecole Van Cleef & Arpels reste unique, désespérément unique.

"Nous avons accueilli 2600 élèves depuis notre création il y a trois ans", pose Marie Vallanet, qui dirige l'Ecole depuis son ouverture. Parmi ces réalisations, on compte pas moins de 16 cours, assurés par 23 professeurs, en français comme en anglais, de jour comme en soirée, en France comme au Japon.

Mais au-delà de l'énumération, c'est le silence de la profession qui devient troublant. Les autres maisons concernées par ces mêmes sujets restent sourdes à l’appel du public d’accéder à la culture des métiers d'arts, leur environnement, leur science.

Pourtant, les preuves de cette demande sont là, évidentes. Les salles de l'Ecole Van Cleef & Arpels sont combles. Il y aurait de quoi doubler leur audience. Et la demande ne faiblit pas, aussi bien pour les cours déjà en place que pour les pays qui aimeraient, à leur tour, bénéficier de cette excellence pédagogique dispensée principalement en France.

 

Etude des pierres

 

Du eLearning aux entreprises
A ces demandes, l’Ecole répond progressivement. "Rome ne s'est pas construite en un jour", sourit Marie Vallanet. Depuis son déménagement de l'autre côté de la place Vendôme, l'Ecole s'est mise au eLearning et s'est ouverte aux entreprises. Le premier sujet était déjà évoqué en 2013 et est devenu réalité il y a quelques jours. Six vidéos sont désormais accessibles, gratuitement, sur le site de l'Ecole.

Le second sujet est plus ambitieux. Il s'agit de proposer aux entreprises la même base de cours qu'au grand public, mais dont la substance, orientée par un facilitateur, permettra d'aborder les préoccupations des entreprises : appréhension d'une nouvelle technologie, résistance au changement, motivation des équipes, etc.

"C'est une démarche que nous avons initiée en février et qui rencontre déjà son public", indique Marie Vallanet. "Il s'agit de montrer que même les sujets techniques ou inconnus, en suivant la bonne méthode, peuvent être assimilés. Notre démarche répond aux attentes des entreprises qui sont à la recherche de quelque chose de nouveau, de très qualitatif et sur-mesure pour aborder leurs problématiques internes".

Autre effet positif de cette formidable croissance : la réduction des droits d'entrée. Les premiers niveaux de cours ont vu leurs tarifs fondre de moitié, les plus élevés de 15%. Les cours restent naturellement les mêmes, avec toujours trois grands axes pédagogiques : Histoire de l'Art, Savoir-faire et Gemmologie.

 

Ecole Van Cleef & Arpels

 

Possibilités et...nécessités ?
En trois ans, le chemin parcouru est remarquable mais celui qui se déroule devant l'Ecole l'est plus encore.

Certes, l'Ecole n'a pas vocation à devenir diplômante. Au diplôme d'Etat, elle préfère sa liberté de cours et d'enseignants. Pour autant, de nombreuses autres disciplines pourraient être abordées. Car, pour le moment, seules sont enseignées les matières qui ont un lien direct avec l'activité commerciale de la maison Van Cleef & Arpels : étude des pierres et de l’horlogerie, de leur histoire, de leurs techniques.

Or, dans un cursus nommé « Histoire de l'Art », on devrait pouvoir trouver la peinture, la sculpture ou encore la musique. L’Ecole n’y est en rien obligée, mais cette approche plus exhaustive ne ferait que renforcer sa légitimité.

De même, à l'heure où le groupe Richemont manifeste son souhait d'enrichir sa politique RSE (Responsabilité Environnementale et Sociale), pourtant déjà fort volontariste, ce thème pourrait lui aussi trouver écho à l'Ecole. Par exemple, en abordant les sujets intimement liés aux pierres, comme leur extraction, leur certification, ainsi que l'impact écologique de l'activité minière. A nouveau, rien d'obligatoire, mais une transparence qui servirait au mieux la crédibilité de l'Ecole. 

Marque