Ceux qui ont osé - Max Büsser

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En complément à l'article sur la souscription comme mode de financement pour donner vie à une marque horlogère, plusieurs entrepreneurs ont fait le récit de leur expérience.
WORLDTEMPUS – 2 février 2012
René Giroud
En 2005, lorsque Maximilian Büsser quitte la direction de la division montres de Harry Winston, il a un projet concret en tête, créer sa propre marque, MB & F. Bien qu'il ait mis de l'argent de côté pendant plusieurs années, il sait qu'il aura besoin de lever des fonds plus conséquents. Il décide alors de passer par une méthode alternative. 
René Giroud: Que pensez-vous de la méthode qui consiste à proposer des montres à souscription?
Maximilian Büsser: MB & F a été crée sur un principe analogue pour les 30 premières pièces livrées. Elles ont été partiellement prépayées par six détaillants à travers le monde qui nous ont fait assez confiance pour nous verser l'argent deux ans avant la livraison. Grâce à ces 700'000.- francs additionnés à tous mes fonds propres, le développement de la première pièce a pu être mené à bien. Sans cet apport, il n'y aurait pas eu de MB & F.
Ceci dit, je doute que depuis la crise de 2009, un entrepreneur réussisse à lever une telle souscription auprès de détaillants horlogers. Par contre, il peut le faire auprès de clients finaux. La clé de cette méthode tient sur le niveau de confiance que vous avez auprès de vos interlocuteurs, car ils prennent un risque très substantiel. 
Avec cette méthode, vous connaissez de facto le nombre exact de garde-temps achetés. N'est-ce pas là une bonne manière de contrôler les quantités à produire et de connaître la clientèle potentielle pour les produits?
Il s'agit évidemment d'une excellente méthode pour s'assurer une visibilité budgétaire et un financement longtemps à l'avance. Par contre, il y a un effet pervers dans ce genre de paiement d'avance, qui est celui de la gestion de la trésorerie par la suite. Dans notre cas, l'année 2007 (année de livraison de la HM1) fut très difficile car l'intégralité des avances reçues deux ans auparavant avait été dépensée pour le développement. Du coup, vu que nous n'avions encaissé en 2007 que 65% de la valeur des pièces livrées cette année-là, notre trésorerie était pour ainsi dire vide pour continuer le développement sans redemander des paiements d'avance. La transition de souscription à un système traditionnel a été difficile mais s'est faite en 2008.
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Utiliseriez-vous à nouveau un système de souscription pour concrétiser un projet?
Non, si je peux l'éviter. Un système de souscription peut facilement se transformer en une course en avant. Une société, dans la mesure du possible, doit avoir une trésorerie saine et le moins de crédit possible. C'est la seule façon de passer à travers une crise ou une baisse de revenus. Depuis 2007, nous n'avons donc plus demandé de souscription sur aucune pièce et avons autofinancé l'intégralité de nos projets avec des paiements de nos détaillants dans des termes «traditionnels».

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