C’est l’E-Paper Watch de Pebble, une des premières montres connectées abordables sorties sur le marché, qui a fait connaître au grand public les sites internet de financement participatif. La campagne de cette marque, qui a permis de lever plus de 10 millions de dollars de fonds en exactement 37 jours, est une des plus belles réussites de la courte histoire du financement participatif. La dernière version de la Pebble – le modèle en couleur – continue la belle aventure de la marque sur le territoire du financement participatif, puisque les fans de montres connectées ont « donné » plus de 20 millions de dollars.
Pas étonnant dès lors qu’une kyrielle de nouvelles marques horlogères aient eu recours à des sites de financement participatif comme Kickstarter et Indiegogo, pour mettre leur projet sur pied. Malgré ce foisonnement, l’engouement ne semble pourtant pas diminuer pour les projets horlogers qui offrent quelque chose de différent et d’innovant. Preuve en est le succès tout récent de la marque swiss made Klokers qui souhaitait lever 50'000 euros et en a au final obtenu plus de dix fois plus. Votre rédacteur en chef a dernièrement reçu en l’espace de deux jours les communiqués de presse de trois nouvelles marques annonçant le lancement de leur campagne de financement participatif.
Le 23 novembre, une recherche effectuée sur Kickstarter avec le mot clé « montre » a donné 1'815 résultats. Le nombre est impressionnant, même si tous ne concernent pas véritablement des projets dédiés à des montres (les résultats de la recherche incluent des bracelets, des stations de charge et des applications pour montres connectées, et des modules de montres existantes) et n’atteindront sûrement pas leur but de financement. Une recherche similaire sur la plateforme concurrente Indiegogo révèle que les candidats à la fondation de marques horlogères ne manquent pas. Mais ici, les résultats de la recherche se présentent de façon plus chaotique : il faut afficher l’une après l’autre les pages des résultats et le nombre total des projets n’est pas donné.
La concurrence semble aider les acteurs de campagnes de financement. Quand on ne trouve qu’une seule montre sur un des sites, on nous demande simplement de répondre par oui ou non. Mais quand on se retrouve devant plusieurs choix, on a tendance à surfer. En tous cas, la plupart des projets recherchant un financement concernent des montres à quelques centaines de dollars, et pas aux milliers de francs d’un garde-temps de luxe suisse. C’est pour cette raison que l’arrivée de nouveaux candidats sur le marché ne tarit pas. Le plus attrayant pour les entrepreneurs en herbe restant sûrement le coût proche de zéro de ce capital, puisque le client paie d’avance pour une montre qui ne verra peut-être jamais le jour.
Financement participatif « à capital »
La plupart des projets de financement participatif consistent à s’engager à verser un montant déterminé en échange d’une quantité de montres correspondante – une fois les pièces produites – à un prix réduit par rapport au prix public. Pourtant, les dirigeants de Czapek & Cie ont opté pour une approche totalement différente lorsqu’ils ont fait renaître ce nom historique au début du mois passé. Cette marque qui se targue d’être « par des collectionneurs, pour des collectionneurs » veut inciter ses futurs clients à acquérir des parts de la société. Les paquets d’actions vont de 2'500 à 50'000 francs suisses (pour les investisseurs les plus impliqués) et chacun d’eux donne droit à une réduction sur le prix d’achat d’une des montres de luxe de la marque, équivalant au niveau d’investissement. La différence avec le financement participatif standard est qu’ici l’investisseur reçoit sa montre, mais maintient aussi son investissement dans la société (lire aussi notre interview de Harry Guhl, de Czapek).
Apprendre la patience...
Pour l’apprenti entrepreneur, le financement participatif est une solution simple et relativement sûre de se constituer le capital nécessaires pour se lancer dans la production de montres. De fait, c’est l’investisseur qui prend le plus de risques, comme ma propre expérience me l’a démontré. J’ai fourni des fonds, non pas pour des montres mais pour un « objet intelligent » et pour une nouvelle technologie de site internet. J’ai précommandé le premier en décembre de l’année dernière, avec une date de livraison prévue pour le début de cette année, et "signé" pour le deuxième en août dernier. J’attends toujours de voir le fruit de mes investissements !
