Qui a vu le ‘revenge shopping’ ?

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‘Revenge shopping’ to the rescue  - Business Post-Covid
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Le big bang du commerce horloger « post Covid » aura-t-il lieu ? Il est encore tôt pour le confirmer, mais les mois de mai et juin ont été excellents et laissent augurer un prompt retour à la normale

« Les milliers de milliards de dollars qui ont été déversés dans l’économie mondiale en quelques mois sont toujours là. Ils ne se sont pas volatilisés. Reste à aller les chercher ». Tels sont les mots d’un commissaire-priseur qui attend avec impatience le retour aux affaires. Si ses pièces vintage devront attendre le retour des grands rassemblements en salles des ventes, les boutiques, elles, se frottent déjà les mains.

« Le ‘revenge shopping’ est une réalité »

« L’activité reprend depuis le mois de mars », confirme Laurent Michaud, propriétaire des boutiques éponymes à Neuchâtel et Verbier. « Le tourisme européen aussi. Nous qui sommes très attachés à une clientèle locale, suisse, nous voyons que certains de nos clients n’envisagent pas encore de partir à l’étranger dans les prochaines semaines. Ils ont envie de se faire plaisir autrement et tout de suite. Le ‘revenge shopping’ est une réalité ».

Qui a vu le ‘revenge shopping’ ?

‘Revenge shopping’ ? La notion a alimenté de nombreuses conjonctures plus ou moins solides sur le retour à une activité commerciale d’après la crise sanitaire. En résumé, il s’agirait de dépenser rapidement et massivement une épargne qui fut « forcée » durant les 18 derniers mois, faute de restaurants, de voyages, de spectacles ou de boutiques ouvertes. L’enjeu n’est pas nul : en Europe, le Crédit Suisse estime que l’excès d’épargne représente 5% du PIB, soit 810 milliards de dollars (741 milliards CHF).

Qui a vu le ‘revenge shopping’ ?

Rolex, une « marque en feu »

« Sans tomber dans l’excès, les gens se font plaisir », poursuit Laurent Michaud, « et ce sont pour nombre d’entre eux des clients nouveaux ». Parmi les marques qui tirent le mieux leur épingle du jeu : Rolex. « La marque est en feu, c’en est presque déraisonnable. Mais nous avons aussi pu accélérer la vente en ligne de modèles plus modestes, en deçà des 3000 CHF, pour lesquels la livraison à domicile a été une forte valeur ajoutée ». Même au-delà de ce seuil, le e-shop est devenu une valeur sûre. « Le nôtre a explosé », indique la M.AD. Gallery de Genève. « Nous l’avons ouvert à nos montres et tout a été vendu. Cela concerne une minorité de pièces mais c’est une réalité et nous allons maintenir ce canal ouvert ».

Liste d’attente

Les indépendants ne disent pas mieux. Laurent Picciotto, fondateur et président de Chronopassion, confirme que « le mois de mai était excellent et, pour le moment, juin est déjà au-delà de son niveau habituel ». Proposant nombre de marques de niche et de modèles en séries très limitées, le trend-setter parisien en a d’ailleurs vu l’effet avec l’Octo Finissimo Tatto Aria, qu’il a co-conçue avec Bulgari.

Qui a vu le ‘revenge shopping’ ?

La pièce était limitée à 10 exemplaires. « Je l’ai postée sur Insta le matin, il y en a déjà 3 ou 4 qui sont parties dans la foulée. Au déjeuner, nous avons une visio avec Fabrizio (Buonamassa Stigliani, directeur exécutif de la création produit au sein de la maison Bulgari, ndlr), il y en a autant qui ont trouvé preneurs à ce moment. Les 2 ou 3 pièces qui nous restaient étaient parties avant 18h. Et bien qu’il n’y en ait plus une seule, nous recevons encore des messages tous les jours... ».

Qui a vu le ‘revenge shopping’ ?

Différents modèles commerciaux

Ailleurs, chaque enseigne affiche sa différence. Face à l’élitisme de Chronopassion, Bucherer déploie un colossal éventail de boutiques à travers l’Europe : 36 sites de choix avec 17 points de vente en Suisse, 10 filiales en Allemagne, une boutique phare à Vienne, une boutique à Copenhague et 6 boutiques à Londres.

L’enseigne de Paris n’est rien d’autre que la plus grande boutique de montres et bijoux au monde ! A ses côtés, non loin dans Paris, Arije se distingue par son éclectisme : horlogerie, joaillerie, mais aussi artisanat, créateurs indépendants d’art contemporain, voire quelques plaisirs culinaires et parfumés.

Qui a vu le ‘revenge shopping’ ?

« En 2020, les gens étaient un peu abasourdis par la pandémie, par les premiers confinements, mais en 2021, ce shopping plaisir est une réalité, et tous les moyens digitaux que nous avions mis en place pour reste en contact avec nos clients, à distance, vont bien évidemment perdurer », poursuit Laurent Michaud. La M.A.D Gallery de Genève confirme ce besoin de maintenir le lien digital, tout en soulignant la difficulté de l’exercice : « Entre les emails sur notre site, les WhatsApp, Facebook, Instagram, Pinterest, YouTube, sans oublier les appels en direct et les clients qui nous demandent une visio avant de passer, il faut une excellente coordination pour ne rien manquer, répondre à tout le monde, en temps et en heure, par le canal que le client a choisi ». Un exercice de haute voltige mais qui ouvre de beaux horizons estivaux.

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