Le Swatch Group quitte Baselworld

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The future of Baselworld - What's next?
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Le Swatch Group et ses 18 marques horlogères et fournisseurs ne seront pas à Baselworld 2019.

La nouvelle a été annoncée par le journal suisse NZZ am Sonntag. Le CEO du Swatch Group, Nick Hayek, a confirmé que le groupe ne serait pas à Baselworld 2019. Une décision qui n’est pas une surprise pour certains, après le désistement de plusieurs grandes marques cette année. Pourtant, Baselworld avait organisé exprès une conférence de presse à la clôture de la foire cette année pour affirmer que tous les exposants seraient présents en 2019 au moins. Alors, que s'est-il passé?

Dans la NZZ am Sonntag, Nick Hayek se plaint du manque de concertation avec les exposants, rejoignant les préoccupations exprimées plus tôt cette année par Jean-Claude Biver, responsable du pôle horloger de LVMH (Hublot, TAG Heuer, Zenith), qui suggérait que l'exposition devait changer.

Malheureusement, aucune de ces remarques ne semble avoir été prise en compte. Courant juillet, l'invitation à l'édition 2019 de Baselworld est parvenue sur le bureau de M. Hayek sans aucune consultation préalable. Les idées ont été présentées aux exposants suisses le 3 mai, mais la soumission d’un nouveau plan d'exposition à M. Hayek sans autre consultation fut considéré comme un fait accompli par le patron du Swatch Group. Ce fut aussi la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

Un effet domino est-il possible?

Le départ du Swatch Group pourrait déclencher des réactions d'autres marques qui soutenaient jusqu'ici l'exposition. Tous les regards se tourneront vers Rolex et Patek Philippe pour voir s'ils jugeront encore nécessaire leur présence à la foire horlogère, d'autant plus qu'il risque d’y avoir un énorme vide dans le hall d'exposition derrière leurs stands, à moins que les choses ne changent radicalement. Les plans définitifs de la foire devraient être arrêtés à la fin du mois d'août.

Quel avenir pour Baselworld?

La citation la plus inquiétante de M. Hayek est que «les expositions horlogères traditionnelles n’ont plus de sens pour nous.» D'autres marques ont déjà démontré que le budget de ces expositions pouvait être investi plus efficacement ailleurs. Mais avec le Swatch Group, les choses prennent une toute autre dimension, puisque le budget annuel estimé du groupe à Baselworld, qui est de 50 millions de francs suisses, pourrait être utilisé pour mettre sur pied une très grande exposition.

Les organisateurs de Baselworld semblent avoir oublié que Bâle a davantage besoin de l'industrie horlogère que l'industrie horlogère a besoin de Bâle (le canton de Bâle-Ville détient 33,5% du capital de l'organisateur de Baselworld, MCH Group). Des histoires de négociations musclées et les prix surfaits ont abondé au fil des ans. Aujourd’hui, Nick Hayek dit stop, soulignant que le Swatch Group "n'est pas là pour amortir la halle coûteuse de Herzog & de Meuron", se référant à la nouvelle Halle 1 dont la rénovation a coûté  430 millions de francs suisses. Avec la chute du prix des actions de MCH au cours de l’année dernière, l'évaluation boursière de la société vaut moins que son patrimoine immobilier. La perte de la précieuse obole du Swatch Group ne va pas arranger sa situation.

Par quoi le Swatch Group et d’autres marques vont-ils remplacer Baselworld ?

La vente de montres est un domaine en pleine mutation et des opérations comme la récente vente "Speedy Tuesday" prouvent qu'une entreprise comme Omega peut générer des millions de chiffre d'affaires en quelques minutes. Mais il ne s’agit que d’une petite part de la production annuelle de la marque, le reste doit encore trouver sa place chez les détaillants, qui voudront voir les produits avant de passer commande. Le Swatch Group le fera-t-il par le biais d'un événement distinct, en invitant ses détaillants en Suisse? Et si oui, où? La ville de Bienne, où le groupe est implanté, est mal équipée pour les accueillir et un déménagement à Genève semble improbable. Reste alors Zürich ou ... Bâle?