Il y a quelques semaines, WorldTempus a eu l’occasion de se rendre à la boutique Michaud de Neuchâtel pour s’entretenir avec son horloger Romain Vesaphong au sujet des services que celle-ci offre. Outre le service après-vente, Michaud propose également une initiation à l’horlogerie. Ces services, à travers lesquels la passion et les connaissances de l’horlogerie sont transmises, permettent de développer un lien fort avec la clientèle locale, lien d’autant plus important en cette période pandémique où les contacts sont restreints.
Service après-vente
Entreprise familiale, Michaud met un point d’honneur à servir la clientèle comme il se doit, en lui permettant de se sentir comme à la maison. Mesures de sécurité mises en place dans une ambiance toutefois décontractée, la boutique mise sur la proximité avec le client en l’intégrant dans la face cachée de son univers, à savoir le SAV. Au sein même de la boutique, juste à côté de son espace Rolex, Michaud a placé un petit atelier sur lequel le démontage des mouvements et la réparation des pannes sont effectués. Ceci offre au client la possibilité d’observer le travail de réparations pouvant être fait sur une montre, comme me l’a expliqué Romain Vesaphong. Horloger possédant les accréditations Rolex (pour pratiquement tous les modèles), Cartier et IWC Schaffhausen, son travail touche presqu’exclusivement la marque à la couronne. « Rolex occupe pratiquement 99% de mon temps », affirme-t-il. « Cette année le volume de Rolex a explosé en SAV, que ce soit à cause d’une chute, d’un verre cassé ou alors d’une révision. Les Rolex venant pour une révision ont entre dix et quinze ans, donc ce sont des garde-temps robustes qui reflètent la recherche et le développement investis par la marque. »
Même si Rolex occupe une place prépondérante, la boutique propose évidemment d’autres noms, tels que Tudor et Hublot, ou encore des marques « de niche » comme H. Moser & Cie. A ce sujet, je me suis demandé comment Michaud effectuait la transition pour convertir une personne qui vient à eux pour le prestige d’une marque (notamment Rolex) en une personne qui apprécie l’horlogerie pour ses valeurs, sa tradition, etc. (pour le produit en lui-même). « En effet, il y a des personnes qui s'intéressent à Rolex car la marque représente à leurs yeux l'image d'une réussite sociale et/ou professionnelle, et elles viennent à la boutique avec l'objectif final de ressortir avec une Rolex au poignet », affirme Romain. « Nous n'avons pas de raison d'aller à l'encontre de leur objectif et nous nous faisons un plaisir de les accompagner dans leur projet. Néanmoins, et c'est là tout l'intérêt de notre métier, nous nous efforçons de sensibiliser ces personnes, aux valeurs horlogères de la marque et aux nombreuses qualités techniques de leurs montres, de telle sorte que leur prochain achat puisse être motivé par l'aspect horloger, voir technique, qu'il soit dirigé vers la même marque, ou une autre. C'est un des avantages d'avoir un horloger en boutique : faire germer la graine de la curiosité et de l'intérêt pour la mécanique horlogère. Dès lors, on pourra discuter de marques plus confidentielles telles que H. Moser & Cie., qui propose des montres aux complications aussi techniques que poétiques. » Il est vrai qu’un individu pouvant s’offrir une Rolex Sky-Dweller pourra également se permettre une Streamliner Centre Seconds ou même une Streamliner Flyback Chronograph, par exemple. « Ce qui est intéressant pour nous, c’est lorsqu’un client sort de la boutique avec une chose qu’il a découverte chez nous », conclut l’horloger.
Initiation à l’horlogerie
Avec sa vue splendide sur la Place Pury et son côté cosy, l’atelier de la boutique Michaud nous met tout de suite à l’aise. Avant de me lancer dans le vif du sujet avec la fameuse initiation, j’ai voulu satisfaire ma curiosité en questionnant Romain sur l’« état de santé » de ma TAG Heuer Carrera, que je possède depuis cinq ans : lorsque vous recevez une montre, au premier abord (sans la démonter), comment voyez-vous si elle se porte bien ou non ? « Elle est à l’heure », commence-t-il. « Le centrage du cadran (qui peut être altéré par un choc) est bon. L’état esthétique est positif également, avec un verre en bon état. La masse oscillante tourne bien. Il n’y a pas de bruit spécial. Le déclenchement du chronographe [car c’est un chrono] et la remise à zéro sont fluides ; la trotteuse aussi. Le balancier spiral a l’air d’avoir une bonne amplitude, mais il faudrait vérifier cela en profondeur. A première vue, rien ne me fait dire que votre montre va mal. » Ma TAG Heuer Carrera se porte donc bien et réussit le test haut la main !
Après ce soulagement, nous nous sommes lancés dans la partie théorique de l’initiation avec l’histoire de la maison Michaud, les grandes dates de l’horlogerie et les principes de fonctionnement d’une montre mécanique. Reprise de la boutique de Neuchâtel en 2006 par Jean-Nicolas et Marie-Maude Michaud (rejoints en 2010 par leur frère, Laurent), ouverture de la boutique de Verbier en 2011, apparition des premières montres mécaniques fin du XVème siècle, explication de ce qu’est l’organe moteur d’une montre, etc. : tout y est expliqué dans une atmosphère familiale et décontractée.
Après la théorie, la pratique ! Une blouse blanche sur le dos et les outils en main, je me suis donc immergé dans la peau d’un horloger. Avec le calibre 6498 sous ma loupe, je me suis adonné aux joies du démontage et du remontage d’un mouvement, sous la supervision et les explications (appuyées d’un PowerPoint) de Romain. Patience et minutie obligent, ce travail requière calme et précision afin de jongler entre vis et roues dentées.
A travers ces prestations, la boutique Michaud maintient le lien qui l’unit à sa clientèle et va même jusqu’à répandre la passion pour l’horlogerie au-delà du cercle des connaisseurs, ce qui lui est non seulement profitable à elle mais également à l’ensemble de l’industrie.
