La marque horlogère hyperconnectée

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Le label vient d'être lancé à Bienne sur un modèle innovant qui servira aussi de relais dans le medtech.

L'Agefi - 9 décembre 2011


Stéphane Gachet



Le projet n'a pas encore été dévoilé, mais il commence déjà à faire parler. Effet naturel et logique dans un domaine aussi exposé et discuté que l'horlogerie. Le test de visibilité initial est donc réussi pour HYT, un programme horloger à large spectre d'un nouveau genre. Derrière la montre, très innovante, très technique, très nouvelle horlogerie, il y a un véritable modèle hybride. Une sorte de métissage entre l'horlogerie et la technologie médicale, spécialisation fluide et injection. Tout le modèle est pensé de manière hybride. L'actionnariat, qui regroupe l'ensemble du management, est composé des deux mondes. Dans la partie medtech, Patrick Berdoz (frère de l'opticien, entrepreneur et ancien propriétaire de Precimed), président et représentant du groupe d'actionnaires majoritaires (parmi lesquels des industriels connus en Suisse romande), et Lucien Vouillamoz, ingénieur en physique nucléaire, spécialiste des micro-fluides.

Dans la partie horlogère, le président exécutif Vincent Perriard (ex-Concord, ex-Technomarine), Bruno Moutarlier, ex-directeur industriel d'Audemars Piguet et Jean-François Mojon, constructeur horloger indépendant. Le modèle d'affaire est aussi hybride, puisqu'il emprunte au positionnement luxe typiquement nouvelle horlogerie et au financement en mode startup, un domaine représenté par Emmanuel Savioz, spécialiste des levées de fonds et actionnaire. Le conseil consultatif compte aussi des personnalités industrielles de premier plan, dont Ernst Thomke, coinventeur de la Swatch, Michel Orsinger, CEO de Synthes et candidat à la présidence de Nobel Biocare, ou encore Christophe Bonny, chef de recherche au CHUV.

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Très connecté donc, également très concerté. HYT représente la division horlogère d'une structure à large spectre, Preciflex, qui détient la propriété intellectuelle et fournira les modules fluidiques. L'entité est également basée à Bienne et dirigée par Lucien Vouillamoz et Patrick Berdoz. Preciflex est au coeur du projet et il est prévu, à terme, d'ouvrir à plusieurs champs d'application, dont le medtech. L'horlogerie a en réalité été choisie comme rampe de lancement, histoire de maximiser la visibilité de la technologie.

HYT n'en est pour l'instant qu'à l'étape du teasing. Le premier prototype fonctionnel ne sera montré confidentiellement aux partenaires commerciaux en janvier prochain. La montre complète ne sera dévoilée publiquement qu'à Bâle, au printemps. Ce qui laisse passablement de temps aux blogs spécialisés pour poursuivre les arguties déjà entamées. On peut le comprendre, il y a de quoi intriguer.

Le nom d'abord: HYT, pour Hydro Mechanical Horologists. Autrement dit, la rencontre du fluidique et du mécanique. Les premières images (de synthèse) laissent imaginer un nouvel ovni horloger, dans le style « Quantum Gravity «, mis au point chez Concord (groupe Movado), sous la direction de Vincent Perriard. Il y a des raisons de le penser, puisque derrière HYT, on retrouve justement Vincent Perriard, qui revient une année et un mois après son départ de Technomarine (où il codirigeait au côté de Christian Viros). Dégonflons tout de suite le phantasme, la future montre HYT (la H1) sera «très typée, très stylée et puissante, certes, mais ronde». Presque classique en quelque sorte.

Vincent Perriard s'est-il assagi? Pas vraiment, mais le projet est clairement pensé dans les nouveaux paramètres du marché, marqué par un retour au codes d'une horlogerie plus traditionnelle. Y compris en termes de positionnement, avec un prix situé dans les 40.000 francs («luxe crisisproof »), très en-dessous des prix couramment pratiqués dans la catégorie montres ultra-innovantes. Car c'est précisément l'innovation qui est au coeur du programme, dont HYT n'est qu'un des chapitres. Sur la montre, la prouesse technique consistera en un affichage (dont les détails sont encore inconnus) modulé par un micro-fluide circulant dans des micro-tubes et actionné par des micro-pistons.

Tout commence avec les recherches de Lucien Vouillamoz, ingénieur en physique nucléaire, diplômé en thermodynamique. Ses travaux sur la micro-fluidique débouche sur un procédé d'injection ultra-précis. Il connaît Patrick Berdoz, le lien est naturellement établi avec l'univers du médical. Le potentiel est évident dans le domaine de l'injection. Six brevets sont déposés et verrouillés sous la raison sociale Preciflex. Patrick Berdoz pense alors à l'horlogerie comme une vitrine parfaite pour démontrer la maîtrise technologique. Vincent Perriard, grand marieur du fluidique et du mécanique, entre comme chef de projet, et Bruno Moutarlier comme directeur technique. Citons encore la présence de Sébastien Perret, designer, qui livre les premières esquisses fin 2010. Le positionnement haut de gamme est immédiatement adopté, très adéquat à ce niveau d'innovation.

Côté projection, les premières livraisons sont prévues pour la fin de l'été 2012. Entre 150 et 200 pièces seront fabriquées la première année. Le rythme s'accélèrera dès 2013, avec un objectif de 1500 à 2000 pièces d'ici 5 ans. Côté financement, le premier tour de table, bouclé, devrait assurer la production et la diffusion sur 2012. La suite du financement dépendra du développement commercial. La distribution est presque entièrement verrouillée sur 2012, en Chine, Hong Kong, Macao et en Amérique latine. La marque sera déployée en direct.

 

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