Interview de Guy Bove, directeur artistique

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Interview with Guy Bove, Creative Director - Ferdinand Berthoud
Notre rédacteur en chef a rencontré Guy Bove, directeur artistique de Ferdinand Berthoud, pour qu’il lui raconte en détail l’histoire du nouveau chronomètre FB1.

Comment avez-vous fait de l’histoire et de l’héritage d’un homme ceux d’une marque ?
L’idée générale n’était pas nécessairement de recréer ce que Ferdinand Berthoud faisait, mais d’imaginer ce qu’il ferait aujourd’hui s’il produisait encore des montres mécaniques. Il a fabriqué beaucoup d’instruments scientifiques ainsi que des chronomètres de marine, et c’est ce qui nous intéresse. Nous nous sommes focalisés sur les chronomètres de marine parce que c’était l’œuvre de sa vie et M. Scheufele tient énormément à la précision. C’est le domaine dans lequel Berthoud se distingue réellement. Donc l’intérêt n’était pas vraiment de passer d’un homme à une marque mais de comprendre ce qu’il y avait exactement derrière l’homme lui-même. Qu’est-ce qui le faisait vibrer ?

Heureusement il a laissé 5'000 pages de notes, donc nous avons une assez bonne idée de ce qui lui plaisait. Le défi consistait à transformer cet état d’esprit en un produit d’aujourd’hui, tout en gardant en tête que Ferdinand Berthoud n’a jamais réalisé de montre bracelet. C’est pourquoi la montre a une forme particulière, car nous nous sommes référés aux chronomètres de marine qui étaient montés sur un cardan et suspendus dans un conteneur en bois. Le design est essentiellement un cylindre dans une boîte en bois, ce qui était pratique pour transporter le chronomètre de marine sur un navire. Quant au mouvement, nous nous sommes aussi largement inspirés des chronomètres de marine, ce qui est immédiatement visible dans la construction de base. La finition est très bien faite mais relativement simple. Exactement comme pour un chronomètre de marine, la qualité devait être très élevée mais l’allure rester très technique.

De quelle manière avez-vous utilisé les 5'000 pages de notes ?
Je n’ai pas lu les 5'000 pages dans leur totalité. J’ai consulté la plupart des documents imprimés que nous avons au musée à Fleurier. J’ai mis en place un système d’éclairage et j’ai pris des photos de tous les dessins techniques, puis j’ai essayé de ressentir l’inspiration de Ferdinand Berthoud.

Le boîtier et le mouvement ont-ils été conçus en parallèle ?
J’ai commencé à travailler sur quelques concepts généraux pour la montre juste pour voir à quoi elle pourrait ressembler. Une fois que nous étions d’accord sur un design, j’ai travaillé étroitement avec l’ingénieur du mouvement. Nous avons pu placer certains composants à certains endroits clés, un luxe que Ferdinand Berthoud n’aurait pas eu. Nous voulions montrer les principaux éléments du mouvement, donc j’avais une idée de l’allure générale.

Interview with Guy Bove, Creative Director

Comment la forme octogonale s’est-elle imposée ?
Je n’ai pas cherché à faire une forme octogonale. J’avais envisagé la forme carrée de la boîte du chronomètre de marine, mais je ne pensais pas que ce serait portable sur le poignet. Mais je ne voulais pas non plus un boîtier rond, parce qu’il existe déjà beaucoup d’autres montres avec un boîtier rond et un mouvement compliqué à l’intérieur. L’une des raisons de la forme angulaire est que je cherchais quelque chose qui pourrait être fabriqué à l’interne par des artisans et cela a joué un rôle important dans le look final de la montre. La forme octogonale a surgi lorsque les barrettes ont été ajoutées aux pièces latérales verrouillées sur le boîtier.

La montre présente quelques matériaux que Ferdinand Berthoud n’aurait pas pu se procurer. Comment avez-vous décidé s’il les aurait utilisés aujourd’hui ?
Nous avons un mélange intéressant de matériaux, comme l’or blanc et le titane, qui permet un agréable jeu de couleurs qui se marient bien avec le cadran gris pour donner à la montre une allure sobre. La version en or rose avec céramique noire est plus sportive mais je suis parti du principe que Berthoud aurait très certainement recours à la céramique et au titane. La palette de couleurs sur la variante à cadran gris n’est pas très éloignée de celle que Ferdinand Berthoud avait sur ses chronomètres de marine.

Interview de Guy Bove, directeur artistique

Qu’avez-vous ressenti lorsque le  FB1 a remporté l’Aiguille d’Or au GPHG ?
C’était un sentiment vraiment très plaisant parce que lorsque nous avons lancé le produit, les gens ne l’attendaient pas. En fait je ne pense pas qu’ils savaient à quoi s’attendre. Si vous vous attendiez à une montre ronde avec des finitions traditionnelles de qualité supérieure, vous aviez tout faux. Nous estimions qu’un nom comme Ferdinand Berthoud avait besoin d’une pièce forte et c’était agréable de constater que, malgré les doutes de certains journalistes et membres du jury, nous avions réussi. C’était formidable de voir que les gens avaient voté en faveur de ce que nous essayions de réaliser.

Quelles pourraient être les prochaines étapes pour la marque Ferdinand Berthoud ?
Vous verrez des choses similaires à l’avenir parce qu’il n’était pas question d’avoir un design uniquement pour le FB1. Mais vous serez surpris par le nombre de choses qui vont changer au niveau du cadran. Vous verrez des fonctions et des affichages différents. Recevoir l’Aiguille d’Or a sans aucun doute contribué au processus de création parce que la famille Scheufele est plus rassurée sur le fait qu’elle est sur la bonne voie. Parfois vous avez juste besoin que quelqu’un d’autre vous dise que vous êtes sur la bonne voie.

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