Intéressants enseignements à tirer des panels de discussion du Horology Forum

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Top Takeaways from the 2020 Horology Forum Panel Discussions - Horology Forum
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Découvrez-en plus sur le Horology Forum de cette année et les principaux sujets de discussion.

Cette année, COVID 19 oblige, de nombreux événements ont eu lieu de façon virtuelle. Tel a été le cas pour la Dubai Watch Week et le Horology Forum de Christie’s. Lors des années précédentes, les organisateurs ont mis en lumière des thèmes intéressants tout au long des quelques jours et des multiples groupes de discussion de ce forum. Cette année, comme le forum ne pouvait pas être organisé en présentiel où que ce soit dans le monde de manière sûre, la Dubai Watch Week a décidé de ne pas sacrifier la pédagogie et l’interaction et a choisi de réunir quelques fins esprits de l’industrie des quatre coins du monde grâce à la technologie digitale.

Top Takeaways from the 2020 Horology Forum Panel Discussions

Au cours de plusieurs semaines en octobre et novembre, quatre groupes de discussion se sont tenus : Servants of Serpents (Serviteurs de Serpents), Means to the End of the World (Moyens pour la Fin du Monde), Pump & Dumping 24K (Gonflage et Largage 24K) et Rochambeau. Voici les leçons principales que l’on peut en tirer.

Means to the End of the World

Cette table ronde d’une durée d’une heure a tourné autour d’un des thèmes actuels les plus importants partout dans le monde : l’environnement. Comme l’industrie du luxe est l’une des plus polluantes du monde à cause de la production industrielle, c’était peut-être une des discussions les plus intéressantes. Les sujets comprenaient notamment la façon dont nous polluons tous la planète personnellement et professionnellement et comment certaines marques essaient de prendre des initiatives pour réduire l’impact sur l’environnement.

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En fait, dès que nous nous levons le matin la plupart d’entre nous contribuons au problème et épuisons les ressources de la planète simplement en conduisant notre voiture pour aller au travail, en utilisant nos ordinateurs et nos serveurs et en voyageant partout en avion (en période hors COVID) pour les affaires et le plaisir.

Cependant l’industrie horlogère et joaillière essaie de faire sa part de multiples manières. De nombreuses usines horlogères suisses se tournent vers l’énergie renouvelable. De fait, Stephen Forsey, de Greubel Forsey, a fait remarquer que lorsque ses ateliers ont été construits il y a 11 ans, la marque a été la première à utiliser un toit végétalisé technologiquement avancé qui garantit une meilleure isolation interne et diminue donc le besoin de chauffage.

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De plus, tous les participants sont d’accord sur le fait que le sujet va au-delà de la durabilité et requiert un sourçage et un traçage éthiques. Il y a des choses à prendre en considération comme les droits humains, le travail des enfants, les diamants éthiques et bien d’autres, donc il ne s’agit pas que d’un problème environnemental mais également d’un souci humanitaire. Edouard Meylan, CEO de H. Moser, affirme que le travail effectué au sein de l’industrie a fait des progrès considérables. « Nous œuvrons tous à éradiquer les diamants de la guerre et à utiliser de l’or éthique. Nous devons nous attaquer au problème de la traçabilité et cela aura un immense impact sur les questions environnementales et géopolitiques. »

Conclusion : chacun doit être responsable et chacun doit prendre sa part. Pour les marques, cela signifie aller au-delà des problèmes immédiats de durabilité et aller plus loin dans la transparence du sourçage de tous les matériaux.

Servants of Serpents

Avec une approche genre « avocat du diable », ce groupe de discussion s’est penché sur l’authenticité, sur les préférences d’achats et sur le fait d’être un chef de file ou au second plan dans le monde horloger. Les sujets abordés allaient de l’influence de l’opinion de quelqu’un d’autre sur une décision d’achat à déterminer si les détaillants devraient juger un client à son allure. Comme Marie-Cécile Cisamolo, spécialiste joaillerie chez Christie’s à Genève, faisait partie des débatteurs, il y a eu un intéressant dialogue sur les montres et les bijoux contemporains comparés aux pièces anciennes.

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Selon Mme Cisamolo, la plupart du temps les consommateurs achètent des marques de grand renom parce qu’ils ont le sentiment qu’ils peuvent compter sur l’authenticité ou parce qu’ils « font confiance à ce que portent leurs amis et achètent la même chose. » Mais elle dit que si elle peut montrer à ces clients ce qu’il y a en coulisses et les informer sur une marque moins connue, ils sont souvent agréablement surpris. Donc la pédagogie est essentielle.

L’un des enseignements importants de cette discussion est destiné aux revendeurs et se rapporte au fameux dicton « l’habit ne fait pas le moine ». Parfois quelqu’un entre dans une boutique avec l’apparence d’un sans-abri et en sort après avoir acheté une montre à 50'000 $. Autre élément-clé : la pédagogie vaut son pesant d’or en matière de décisions d’achat.

Pump & Dumping 24K

Ce groupe de discussion s’est concentré sur la façon dont les marques et les détaillants vendent du luxe officieusement sur le marché gris afin de récupérer leurs pertes. Plusieurs débatteurs ont souligné que les détaillants agréés affirment n’avoir pas d’autre choix parce que de nombreuses marques exigent qu’ils remplissent leurs magasins de plus de stocks que nécessaire, et également avec quelques-uns des « mauvais » modèles en plus des bestsellers. En général, les participants semblaient en vouloir davantage aux marques qui recourent au marché gris parce qu’elles ont assez souvent été à l’origine de la création de ce marché.

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L’enseignement principal de cette conversation d’une heure : le marché gris ne disparaîtra pas. Les consommateurs le considèrent comme une façon d’obtenir 50% de rabais sur une montre en particulier, ou d’éviter une liste d’attente pour décrocher le modèle qu’ils convoitent. Alors, comme dit Adam Craniotes, fondateur de Red Bar : « C’est un monstre que vous [les marques] avez créé, alors essayez de le contrôler un peu et [souvenez-vous] que les détaillants ont besoin de bouger les pièces. » Quelquefois c’est juste un fait, le marché gris peut être la solution pour certaines entreprises lorsqu’elles doivent choisir entre ça ou mettre la clé sous la porte.

Rochambeau

Dans le dernier panel intitulé Rochambeau, conçu comme une façon ludique de traiter certaines questions brûlantes, les quatre participants ont joué à pierre, papier, ciseaux pour déterminer lequel d’entre eux répondrait à une question supposément difficile et parfois embarrassante. Les sujets abordés allaient des revendeurs agréés conspirant avec le marché gris ou des marques lésinant sur les boîtes et les emballages aux questions inutiles comme seriez-vous prêt à vivre comme un moine le reste de votre vie si cela vous donnait la possibilité de sauver le monde. Certaines questions jouaient même avec les thèmes des autres panels de discussion, comme est-ce pire d’être un serviteur ou un serpent. Difficile de tirer des leçons de ce panel, mais certains enseignements étaient amusants. Par exemple : le journaliste Ian Skellern préfère être un serpent qu’un serviteur parce qu’il peut penser de façon indépendante plutôt que recevoir des ordres et il pourrait « mordre » quelqu’un pour mettre un terme à ses souffrances. Bonne idée.