Une région du Golfe s’inscrit sur la carte horlogère

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Putting the Gulf region on the horological map - Dubai Watch Week
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La Dubai Watch Week s’est terminée en beauté le vendredi 22 octobre par un dîner dans un élégant restaurant au cours duquel organisateurs, participants et partenaires ont savouré des spécialités locales, mais aussi la satisfaction du travail accompli.

L’événement avait rassemblé un large éventail d’acteurs de l’industrie horlogère, allant des collectionneurs aux représentants de maisons d’enchères, en passant par des horlogers et des journalistes. Exposition de montres, débats, discussions avec des CEO de marques, ateliers horlogers et cocktails étaient au programme, le tout organisé par dirigé par Ahmed Seddiqi & Sons, en partenariat avec Christie’s,  le Ministère des Arts et de la Culture de Dubaï et le Grand Prix d’Horlogerie de Genève.

Le détaillant Ahmed Seddiqi & Sons - dont le portefeuille inclut aussi bien des marques horlogères prestigieuses que des petites maisons indépendantes - a financé cet événement ambitieux et non commercial avec le but avoué d’inscrire Dubaï sur la carte horlogère des marques et des amateurs de montres. « Notre idée était de montrer qu’il existe un réel intérêt pour l’horlogerie dans cette partie du monde et de créer un réseau pour tous les acteurs », commente Melika Yazdjerdi, directrice de la communication chez Ahmed Seddiqi & Sons.

John Reardon, directeur du département horlogerie chez Christie’s, a présidé une vente aux enchères en milieu de semaine, profitant de la présence sur place de nombreux gros clients.

L’exposition itinérante des 72 montres présélectionnées du Grand Prix d’Horlogerie de Genève a fait halte à l’Opera Gallery du Financial Center de Dubaï, Carlo Lamprecht et Carine Maillard, respectivement président et directrice de la Fondation du GPHG, ayant fait le déplacement pour rencontrer la presse locale.

Une autre exposition, « Les Rebelles de l’Horlogerie » présentait des garde-temps De Bethune, Christophe Claret, Laurent Ferrier, H.Moser & Cie, Hautlence, Urwerk, MB&F et Greubel Forsey, des marques indépendantes représentées par Seddiqi et dont les CEO avaient fait le voyage à Dubaï.

« Nous représentons 65 marques », explique Melika Yazdjerdi. « Inviter des marques indépendantes était un choix fortuit. Mais, parce qu’elles sont accessibles, il nous a paru naturel de les inviter et de leur donner l’occasion de parler au public ».

Plus de 30 intervenants ont pris part au Forum Art of Horology, parmi lesquels Aurel Bacs, de Bacs & Russo, qui a modéré un débat sur l’achat de montres, le collectionneur Claude Sfeir, Jean-Claude Biver, Président de la division horlogerie de LVMH, et Michel Arnoux,  chef du département contrefaçon à la Fédération de l’industrie horlogère suisse.  De nombreuses discussions ont fait le plein de spectateurs, en particulier celle qui a rassemblé Vincent Perriard, de HYT, Felix Baumgartner, d’Urwerk, Maximillian Büsser, de MB&F, et Edouard Meylan, de H.Moser&Cie. Chacun d’eux a pu s’exprimer librement sur les difficultés d’innover, les risques financiers liés à l’entreprenariat horloger, et leur position à l’ombre des géants de l’horlogerie.

« Il était essentiel pour nous, en tant qu’organisateurs, que les modérateurs et les intervenants viennent partager leurs connaissances et leur expertise », explique Melika Yazdjerdi.

L’atelier d’horlogerie de Peter Speake-Marin a dépassé les capacités d’accueil, et l’horloger a même offert un cours particulier à Sa Majesté Sheikha Latifa bint Mohammed bin Rashid Al Maktoum. « J’ai été très surpris par le réel intérêt manifesté par la princesse et les questions pointues qu’elle a posées », a avoué Peter Speake-Marin.

J’ai pour ma part dirigé un débat sur les montres et la mode, avec Hind Seddiqi, directrice marketing du détaillant, et deux personnalités de l’univers de la mode, l’entrepreneur russe Miroslava Duma et le célèbre designer italien Roberto Marano. Devant une large audience de bloggeurs locaux et de fashion victims des réseaux sociaux, les débats ont été très animés, surtout lorsqu’il a été question de la stratégie d’Apple pour entrer dans le monde de l’horlogerie via la mode.

Trois géants de l’horlogerie – Philippe Dufour, Giulio Papi et Jean-Marc Wiederrecht – ont discuté du « Futur de l’Horlogerie », en abordant les sujets des montres connectées, des nouveaux matériaux et de la transmission du savoir. « L’ambiance était si positive ici que tout le monde a parlé en toute franchise et sans aucune retenue des vraies questions liées à notre industrie »,  a commenté Jean-Marc Wiederrecht à l’issue du Forum. »

Au final, les visiteurs se sont dit ravis d’avoir eu l’opportunité de s’immerger dans la culture horlogère, de toucher des montrer rares, d’assembler des mouvements bien réels, de côtoyer des horlogers qu’ils admirent, et de partager leur passion avec quelques-uns des plus éminents représentants de l’industrie.

Ahmed Seddiqi & Sons a bien compris que si l’on donne l’occasion aux collectionneurs locaux et aux amateurs de montres de parfaire leurs connaissances de l’horlogerie, le résultat ne peut qu’être bénéfique pour le marché local qui absorbe 4.6 pourcent, ou 1.1 milliard de dollars sur les 24.3 milliards de dollars de montres exportées annuellement par la Suisse, un chiffre en hausse de 8.9 % depuis 2013.

« Cet événement contribue grandement à la création ici  d’un gros marché de base », dit Jeff Harris, un négociant américain qui a passé 2 jours à Dubaï. « Je reviendrai l’année prochaine ».

Mais rien n’est encore décidé quant à une édition l’année prochaine. Tombant entre les salons Watches&Wonders de Hong Kong et QP de Londres, la Dubai Watch Week pourrait devenir une date annuelle – ou bisannuelle – du calendrier des foires horlogères. Alors que les organisateurs y réfléchissent, ceux qui étaient présents cette année ne peuvent que confirmer le grand potentiel de la région.