Les temples du luxe

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Les temples du luxe - Baselworld
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Baselworld - Lever de rideau sur le plus riche des salons horlogers dans son nouvel écrin. Certaines marques ont investi des millions



Les Chopard, Patek, Breguet et autres Jaquet-Droz, quelques-uns de ces horlogers célèbres qui ont oeuvré toute leur vie dans un modeste atelier, n’en croiraient pas leurs yeux s’ils étaient aujourd’hui en mesure de visiter la grande allée de la toute nouvelle halle 1 de la Foire de Bâle. Leurs noms s’affichent en lettres scintillantes sur des stands somptueux bâtis à coups de millions par les plus grandes marques.



«L’année 2013 est une étape décisive pour Baselworld», a rappelé hier Sylvie Ritter, directrice du salon peu avant l’inauguration en tambours de l’immense complexe signé des architectes Herzog de Meuron. Celui-ci s’étale sur quelque 141 000 mètres carrés de surface d’exposition, dont la moitié pour la seule Halle 1. Il a coûté pas moins de 430 millions de francs.





Plus de 10 millions



La plupart des exposants en ont profité pour donner encore plus de lustre à leur présence puisqu’on dénombre quelque 1000 nouveaux stands cette année. Ces dernières semaines quelque 20 000 personnes se sont dès lors activées sur le site, selon la directrice. Parmi les nouveaux temples du luxe, celui de Hublot n’est pas le moins tape-à-l’oeil: «j’y ai mis 3,3 millions de francs, a dit tout de go Jean-Claude Biver son président, aux anges. C’est un gros investissement, mais c’est pour dix ans.» Et d’expliquer que Baselworld, c’est la moitié de son chiffre d’affaires annuel pour sept jours de présence: «Ça me permet de générer entre 180 et 200 millions par an.» 3,3 millions, une paille pour une société en pleine euphorie qui investit quelque 35 millions de francs annuellement dans le sport, en particulier dans quatre clubs de foot qui sont tous en train de décrocher le jackpot (Bayern, Juventus, Manchester United, Ajax)!



Jean-Claude Biver pense même que certaines marques n’hésitent pas à mettre plus de 10 millions pour leur stand. Un montant record que nous n’avons pas pu vérifier, car ses confrères sont beaucoup plus discrets. A l’image de Rolex, ou des marques phare du groupe Swatch – Omega, Breguet ou Blancpain – où les chiffres sont tabous. Même pudeur chez Raymond Weil où cette année on a pourtant mis les bouchées doubles pour concevoir un impressionnant décor qui reproduit tout en hauteur la partie avant d’un violon.





Sur trois étages



Le stand fait 960m2 sur trois étages. «C’est une vitrine, on se positionne, on montre qui est Raymond Weil, avec ce goût pour la musique et la culture», relève le PDG Olivier Bernheim. Pourtant, la marque genevoise, fondée en 1976, se profile essentiellement dans une gamme de montres entre 1000 et 3500 francs. Elle n’a pas la vocation d’un horloger de tradition ancestrale qui vend des pièces d’exception réservées aux plus riches. Sa clientèle est plutôt chic et sportive. Mais elle veut montrer que le statut qu’elle a acquis ces dernières années n’est pas usurpé. «Dans les Champs-Elysées de la foire, qui a pris une dimension totalement nouvelle, il y a beaucoup moins de marques qu’autrefois, observe Olivier Bernheim. Nous sommes des privilégiés de faire partie des fleurons.»



Parmi les temples des grandes marques, le blanc leur donne une allure antique, même si, chez Omega, les lettres rouges de l’enseigne barrent le haut des façades. Quelques stands semblent toutefois avoir les faveurs des médias internationaux, représentés par 3500 journalistes dont 500 Chinois, invités à les découvrir un jour avant l’ouverture officielle: celui d’Hermès, en forme de nid d’oiseau en bois qui n’est pas sans rappeler quelque chose ou celui de Citizen dont l’univers galactique semble hors du temps.

Tribune de Genève - 25 avril 2013