Phase une terminée !

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Phase one complete! - GPHG 2016
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Le jury du GPHG 2016 a effectué sa présélection, ne gardant que six montres dans chaque catégorie, et ce faisant, il a aussi démontré une nette préférence pour certaines marques.

Depuis le début du mois de septembre, une centaine de montres ont perdu toutes chances d’être primées aux Oscars de l’horlogerie 2016 que représente le Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Les membres du jury ont présélectionné six montres dans chacune des 12 catégories. Celles-ci vont bientôt partir en tournée mondiale avant de revenir à Genève pour la cérémonie de remise des prix, le 10 novembre. Un des points les plus frappants de cette présélection est une certaine prédilection du jury pour quelques marques, même si c’est par vote secret que les jurés effectuent le classement de leur six montres préférées. Toutes les montres présentées par Chopard, Hermès, Tudor et Ulysse Nardin, par exemple, ont été retenues, alors qu’aucune de celles inscrites par Armin Strom, Carl F. Bucherer, HYT ou Raymond Weil n’a passé le cap des présélections.

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Dans certains cas, les choix sont compréhensibles. J’avais clairement mis le doigt sur quelque chose quand je soulignais la prédominance des « petites seconde »  dans la catégorie des montres pour hommes. Une seule des montres présélectionnées, la Tudor Black Heritage Bay, n'a pas d’indication de petite seconde (et c’est aussi la seule qui n’est pas en métal précieux). Un modèle audacieux comme la HYT Skull Bad Boy, candidate dans la même catégorie, tranche si radicalement avec cette tendance que l’on s’étonne moins qu'il n'ait pas été retenu. Comme je le disais dans ce même article, les garde-temps de HYT seraient plus à leur place dans la catégorie des exceptions mécaniques, mais là non plus la marque n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu.

Dans l'une des catégories les plus disputées, les montres pour dames, seules trois marques se distinguent pour avoir évité le cliché des diamants, et deux seulement, Carl F. Bucherer et Watche, celui de la nacre, l’autre stéréotype des montres féminines. Malheureusement, aucune d’elles n’a été choisie et les six finalistes parmi les 24 candidates sont plus des montres bijoux que de simples montres pour dames et elle se situent dans la partie supérieure du segment de prix. Le choix était beaucoup plus facile dans la catégorie Haute mécanique pour dames qui ne comportait que sept concurrentes. C’est la Stella Polare Tourbillon d’Antoine Preziuso qui a joué de malchance.

Les catégories Chronographe, Fuseaux horaires et Tourbillon donneront du fil à retordre aux jurés pour le vote final, puisque des marques « poids lourds » de ces complications restent en lice. Dans la catégorie Exception mécanique, la compétition s’annonce féroce aussi, avec des répétitions minutes aussi variées que l'imposante Royal Oak Concept Supersonnerie d’Audemars Piguet (44 mm de diamètre et 561’000 francs suisses) et la fine Bulgari Octo Finissimo Minute Repeater (diamètre de 40 mm, 6,85 mm d'épaisseur et 160’000 francs suisses), en compétition face à l’exceptionnelle Recital 18 Shooting Star tourbillon de Bovet et au premier garde-temps produit par la marque Ferdinand Berthoud depuis sa renaissance.

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Comme il est d'usage au GPHG, on a semble-t-il fait peu de cas du prix des montres. Dans la catégorie Calendrier, l'élimination de la Légende 88 de Claude Meylan et de la Manufacture Perpetual Calendar  de Frédérique Constant (la moins chère sur le marché) fait grimper le prix moyen des finalistes au-dessus de 100’000 francs suisses. Même scénario dans la catégorie Sport où on aurait pu s’attendre à trouver des montres à des prix concurrentiels et une profusion de montres de plongée. Au lieu de cela, la seule plongeuse rescapée de la présélection est la Scafograf 300 d’Eberhard & Co, en concurrence avec des montres sportives similaires, comme la Monza de TAG Heuer et la Black Bay de Tudor, mais aussi avec des tourbillons peu sportifs de Montblanc et d’Ulysse Nardin. Si l’on fait abstraction des 280’000 francs suisses de ce dernier, le prix moyen dans cette catégorie aurait été d’un peu plus de 10’000 francs ; mais avec lui, il grimpe à plus de 55’000 francs. Les prix étourdissants sont la norme dans les catégories Métiers d'art et Joaillerie, mais désormais, des prix stratosphériques se retrouvent aussi dans les catégories relativement banales et on peut légitimement questionner la pertinence de telles finalistes non seulement pour le client moyen mais aussi pour les amateurs de montres plus sérieux.

Bien sûr, les acheteurs plus modestes se consoleront avec la catégorie Petite Aiguille - la seule à avoir le prix comme unique critère, avec un plafond imposé à 8’000 francs. Ici, les montres plus abordables de grandes marques, comme Seiko, Tudor et Zenith, côtoient des concurrentes de maisons de luxe comme Hermès et Tiffany & Co. Enfin, ayons une pensée aussi pour les 14 jeunes marques, moins connues, qui n'ont pas trouvé grâce aux yeux du jury, et à qui le GPHG aurait pu donner un coup de pouce promotionnel bienvenu: Drakkar, van't Hoff, Watche, Greco Genève, Hedera, Ollivier Savéo, Pagès, Alf Lie, Luxius Suisse, Blancarré, Mauron Musy, Montres duManège, Gvchiani et ZRC.

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