20 ans de GMT : l’horlogerie en l’an 2000*

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Watchmaking in the year 2000* - GMT Magazine
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L’aube du troisième millénaire est témoin de métamorphoses profondes, mais tout n’a pas changé.

Alors que GMT sort son tout premier numéro pour le salon de Bâle, la célèbre Messe ne s’appelle pas encore Baselworld mais son slogan s’en rapproche : « Date the world ». Près de 2000 exposants s’y retrouvent. Il est alors immédiatement suivi par le SIHH qui célèbre son 10e anniversaire, accueillant moins de 20 exposants, dont Breguet qui est la seule marque à exposer aux deux salons, venant à peine d’être rachetée par le Swatch Group. La même année (1999), TAG Heuer est acquis par LVMH et Van Cleef & Arpels par Richemont, tandis que sur un autre segment Roamer et Rodolphe annoncent leur rapprochement sous forme de holding, R&R Time Group. Dans leur sillage en l’an 2000, Bvlgari s’empare de Gérald Genta et Daniel Roth.

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Une autre époque

Dans les publicités de cette grande année, Graham annonce être l’inventeur du chronographe, et Bucherer vend des montres à son nom, notamment une Bucherer Archimedes Perpetual Calendar en acier à CHF 6950.-.  La petite marque genevoise MHR existe encore, et Franco Sbarro lance sa « roue vide » à Bâle, qui est distinguée à Genève par le jury du Salon International des Inventions. Jaeger-LeCoultre garantit son Atmos pendant 1000 ans. Sur le secteur des ventes aux enchères horlogères, Patek Philippe voit ses premières pièces passer le cap du million de CHF (avec un record à quatre) et le leadership revient alors à Antiquorum. Son fondateur Osvaldo Patrizzi offre d’ailleurs GMT à 5000 de ses meilleurs clients à chaque parution. A propos de sa vente thématique « 100 ans de montre bracelet », il met à l’honneur Cartier et Vacheron Constantin « qui ont fait évoluer les mentalités par la beauté de leurs montres », et attribue le quartet gagnant de l’innovation à « Jaeger-LeCoultre pour ses mouvements plats automatiques, Omega pour ses chronographes réputés des milieux sportifs, Patek Philippe pour ses complications prisées des collectionneurs, et Rolex pour sa fiabilité ».

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Premières mondiales et changements de style

Pour Audemars Piguet, l’an 2000 rime avec 125e anniversaire, et exposition de 125 créations depuis l’origine de la marque. La première aventure de la marque du Brassus avec l’Americas’ Cup est symbolisée par la Royal Oak City of Sails en acier et titane, en l’honneur du Défi suisse Be Happy dont elle est partenaire. Son illustre voisin du Sentier vient de présenter une première Reverso avec une complication au verso, en avance sur son temps par sa dimension philosophique : la Revero Memory. Jaeger-LeCoultre la décrit comme « la gardienne des instants personnels. Son chronographe avec compteur 60 minutes flyback qui tourne en permanence permet à chacun de captiver le temps à sa guise ». Son unique poussoir remet à zéro la danse des minutes. Toujours dans la Vallée de Joux, Breguet décline ses chronographes au féminin avec un petit modèle automatique Type XX Transatlantique  en acier avec roue à colonne, et au masculin enrichi d’un tourbillon dans la collection Classique. Le tourbillon apparait pour la première fois chez Frédérique Constant, qui choisit sa collection High-Life et habille d’or pour l’occasion son célèbre concept Cœur Ouvert.

20 ans de GMT : l’horlogerie en l’an 2000*

Afin de renforcer le caractère exclusif de ses montres compliquées, Patek Philippe y place dorénavant un diamant Top Wesselton entre les cornes à 6h, comme en témoigne sa nouvelle Référence 5056P en platine avec quantième annuel, phase de lune et réserve de marche en série limitée de 250 pièces. La course à la complication bat son plein chez Roger Dubuis, qui présente son QP bi-rétrograde simultanément dans deux collections : Hommage et Sympathie. Leur allure a depuis radicalement changé. En matière de style, Piaget surprend avec sa nouvelle Protocole XL, qui fait la Une de GMT à l’automne. Disponible en plusieurs couleurs d’or et de bracelet, elle comprend notamment une version avec bracelet intégré en or plutôt avant-gardiste.

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Dans le même groupe, Panerai adapte la taille de ses boîtiers au goût du jour en livrant sa Luminor Chrono 2000 dans un diamètre pour la première fois de 40mm (il était auparavant de 44mm minimum).

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Deux horlogers à la tête de leur propre marque rivalisent de créativité et révolutionnent le design horloger. François-Paul Journe dévoile ainsi son invention Chronomètre à Résonance en platine et or jaune, où tout va de paire pour la première fois dans une première montre bracelet : deux échappements, deux balanciers indépendants, deux indicateurs permettant de régler deux fuseaux horaires. Dans un style radicalement différent, Frank Muller annonce une première mondiale avec sa nouvelle ligne Long Island Rétro-Seconde, qui scinde la lecture en deux arcs de cercle, graduant les secondes de 0 à 30 sur la partie supérieure du cadran et de 30 à 60 sur la partie inférieure.

Le casse-tête internet

Alors qu’aucun numéro de GMT n’était encore paru et que ses fondateurs étaient inconnus dans l’horlogerie, Karl Friedrich Scheufele avait joyeusement accepté la casquette de premier dirigeant interviewé dans le magazine. A cette époque : « Chopard produit autant de montres que de bijoux, soit 100'000 pièces au total pour l’année 1999. Nous avons noté une évolution à la hausse des montres en valeur, puisque leur part dans le chiffre d’affaires a atteint 65% ». A propos du phénomène internet que l’industrie horlogère observait avec une certaine crainte (WorldTempus devait attendre 2001 pour voir le jour), le vice-président de Chopard déclarait alors : « Internet est d’abord une réalité avec laquelle il faut composer. On ne peut s’y opposer et je le vois plutôt comme un allié. Nous ne vendons pas de montres sur notre site, cela viendra peut-être un jour. Pour l’instant sa vocation est d’informer et d’inviter à la rencontre…. Si le contact physique est important, le conseil personnalité du vendeur l’est tout autant. C’est toute une expérience, une démarche réjouissante et gratifiante, et donc irremplaçable ».

Dans le numéro suivant, GMT avait donné la parole à une grande et discrète dame de l’industrie horlogère : Simone Bédat, fondatrice de la marque éponyme avec son fils Christian (et co-fondatrice de Raymond Weil) : « Internet sert avant tout à communiquer, sa maitrise pour une petite marque telle que la nôtre n’est pas aisée : contrôle des prix, clauses de retour, gestion des stocks etc… par ailleurs nous nous sommes donnés tellement de peine à mettre en place notre réseau de distribution que nous n’avons nullement envie de le court-circuiter ». Il reste quelques marques qui tiennent encore le même discours.

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La semaine prochaine : 2001, l’odyssée ?

*Pour son 20e anniversaire en 2020, GMT résume chaque semaine en exclusivité pour WorldTempus l’essentiel de son contenu paru année après année, en 20 chapitres chronologiques. L’information n’est de loin pas exhaustive et se rapporte à des extraits. Pour une vision plus approfondie de ces deux dernières décennies d’horlogerie, commandez le livre The Millennium Watch Book réalisé par GMT et WorldTempus appuyés par une vingtaine d’experts témoins de cette période incomparable.