Votre montre pourrait bien vous faire arrêter

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Your watch could soon get you arrested - Editorial
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… pour autant que vous ayez commis une infraction bien sûr !

Les premières forces de police au monde ont vu le jour avant Urban Jürgensen, mais après Jaquet Droz. Les “Bow Street Runners” (coureurs de Bow Street) ont été fondés en 1749 à Londres par John Fielding et financés par les caisses publiques. Il y a presque 250 ans, Fielding savait déjà que les données seraient indispensables pour l’administration de la justice. Il conserva les procès-verbaux des suspects et des expropriations, y compris un « watch book » (livre de montres) répertoriant tous les noms des fabricants et les numéros de série des montres volées. Ces informations pourraient être transmises aux prêteurs sur gages de Londres et des alentours pour éviter que les voleurs ne puissent revendre ces objets volés. 

Deux siècles et demi plus tard, la montre, désormais portée au poignet, est bien plus omniprésente et il est beaucoup plus difficile de retrouver sa trace. Certains fabricants offrent la possibilité de demander des extraits des archives, mais ces derniers indiquent uniquement à qui la montre a été vendue à l’origine. Une version du livre de montres existe toujours aujourd’hui et est gérée à Londres, mais elle porte désormais le nom de « watch register » (registre de montres) ». Bien que gratuite pour les forces de l’ordre, chaque recherche individuelle coûte la somme exorbitante de £10 pour les personnes curieuses. De nos jours, cependant, plutôt que de se résumer à une simple statistique de délits, la montre-bracelet pourrait également aider à résoudre l’enquête.

La technologie et la surveillance dans certains endroits du monde ont aujourd’hui tant évolué qu’il devient de plus en plus difficile pour ceux qui transgressent la loi de se fondre dans leur environnement. Les émissions télévision, telles que “Hunted” diffusée sur Channel 4 au Royaume-Uni, montrent à quel point il est difficile d’effacer ses empreintes digitales et à quel point la technologie mise à disposition des forces de l’ordre pour surveiller les citoyens est puissante. La quantité de caméras de vidéosurveillance étant plus élevée au sein de la petite communauté des Îles Shetland (l’une des plus petites communautés locales du Royaume-Uni) qu’au département de police de San Francisco, les chances du criminel de passer entre les gouttes semblent fortement compromises au Royaume-Uni.

Même si un malfrat astucieux parvient à échapper aux caméras, la reconnaissance d’image a désormais atteint un stade qui va bien au-delà de la reconnaissance faciale basée simplement sur la distance séparant les yeux et la largeur du nez. La technologie développée permet d’aller plus loin que le visage et de reconnaître la démarche, les gestes ou la corpulence d’une personne. Ainsi, lorsqu’un système de reconnaissance d’image explore des données enregistrées par des centaines de caméras détecte un individu avec une démarche similaire montant dans une voiture ou identifie la même Patek Philippe Nautilus à calendrier perpétuel à son poignet, les mailles du filet commencent à se resserrer. Là où les montres étaient autrefois un des piliers des premiers travaux d’investigation basés sur les données, elles pourraient à l’avenir permettre aux détectives de retrouver rapidement l’aiguille horlogère dans la grande botte de foin des données.

Si tout cela vous semble tiré par les cheveux, je vous encourage à consulter le site internet d’Amazon Rekognition pour vous rendre compte de la puissance de cette technologie. Si vous possédez un compte Amazon AWS, connectez-vous et téléchargez une photo de votre montre favorite. Vous allez être surpris ! La vignette de cet édito vous donne un bon exemple de détection d’objets et la photo de Djibril Cissé ci-dessous d’analyse du visage.

Votre montre pourrait bien vous faire arrêter